Vendredi 14 avril, six nouvelles photos de Cheikh Ahmadou Bamba, fondateur de la confrérie mouride, ont été dévoilées à l'ambassade du Sénégal à Paris devant des membres de sa communauté et des officiels sénégalais. Il y a encore quelques mois, il n'existait qu'une seule image connue du leader religieux. Ces photos sont apparues en vente sur internet en 2020. Des disciples mourides s'y intéressent, un collectif est même formé pour mener l'enquête, les authentifier puis finalement racheter ces photos début mars. L'ambassadeur du Sénégal à Paris les a donc remis ce vendredi au représentant du khalife général des mourides. Reportage de Pauline Le Troquier.
Des khassaïdes, ces poèmes mourides, sont entamés quelques minutes après la restitution des photos originales de Cheikh Ahmadou Bamba. Pour Serigne Amidou Mbacké, l'un des petits-fils du chef religieux, l'émotion est grande : « Ça m'a fait des frissons, c'était un immense plaisir de découvrir les photos de façon physique. Maintenant, il nous reste à bien les conserver ».
Le lot de six photos, qui semblent représenter le père du mouridisme en train de poser la première pierre de la mosquée de Diourbel en 1918, a été acquis au début du mois de mars pour 55 000 euros par le collectif mouride. Elles appartenaient à un collectionneur français qui les avait lui-même acheté à un brocanteur il y a des années.
Serigne Khadim Ngom, qui a participé à l'achat, relève surtout leur valeur symbolique. « Nous avons un profit inattendu de tomber sur ces photos. Des générations et des générations de mourides se sont succédé. Ils n'ont pas eu cette chance inouïe de pouvoir apprécier ce sourire, de pouvoir apprécier ce visage ».
Un autre défi a dû être relevé par le collectif : la restauration de ces clichés vieux d'un siècle. Une tâche confiée à Christophe Goeury, expert en photographie de collection. « Il ne faut pas oublier que ce sont des photos qui ont été faites sûrement par un amateur, en petit format, à une époque où les techniques n'étaient pas très élaborées, donc ça a été conservé, préservé, et maintenant ces images ont un avenir durable dans le temps. »
Les photos atterriront ce samedi 15 avril au Sénégal. Elles doivent être remises aux mains du khalife général de la confrérie, qui décidera où elles doivent être définitivement conservées.
