Le Sénégal et le Portugal souhaitent renforcer leur coopération dans le domaine de la pêche, de la protection maritime, de l'aquaculture et des énergies renouvelables.
Le Ministre des Affaires étrangères et des Sénégalais de l'extérieur, Aïssata Tall Sall, et son homologue portugais, João Gomes Cravinho, ont présidé, hier, à Dakar, la 3e session de la commission mixte de coopération entre les deux pays. Cette réunion marque un tournant « dans la qualité et la densité » des relations qui unissent les deux États. Les échanges commerciaux entre les deux pays pour l'année 2021 sont estimés à 4.561.000.000 de FCfa pour les exportations et 23.905.000 000 de FCfa pour les importations. D'après la cheftaine de la diplomatie sénégalaise, les deux pays souhaitent renforcer leur coopération dans le secteur de l'économie bleue, la protection des océans, l'aquaculture et l'énergie propre.
« La sécurité maritime est un point d'attention extrêmement important. Les pays africains sont gagnés par l'insécurité sur la mer avec les actes de piraterie sur la côte ouest africaine. Il est donc particulièrement important que le Sénégal puisse avoir un partenaire de référence dans la protection de nos mers et de nos océans », a expliqué Me Aïssata Tall Sall. Elle pense que le Portugal peut jouer ce rôle, compte tenu de son expérience portuaire, maritime et de l'historicité de sa capacité en navigation maritime. Il y a également d'autres domaines de coopération que les deux pays souhaitent consolider. Parmi ceux-ci, il y a l'aquaculture.
Poursuivant, elle a indiqué que la sécurité, notamment celle au Sahel, est un souci qui est commun aux deux États. Ce, d'autant plus que ce qui se passe en Afrique ne peut pas être indifférent aux Européens. « Je suis convaincue que le soutien de l'État du Portugal ne fera défaut ni au Sénégal ni à l'Afrique sur ces questions sécuritaires que nous partageons », souligne-t-elle.
Pour sa part, João Gomes Cravinho est d'avis que le Portugal et le Sénégal peuvent travailler ensemble dans plusieurs secteurs. « Nous considérons le Sénégal comme un partenaire indispensable pour nos ambitions en matière d'océan », a-t-il déclaré, non sans indiquer qu'il fait sien tout ce que son homologue a dit pour la consolidation des relations bilatérales qui lient les deux pays. « Nous regardons le Sénégal comme un pays stable, fort qui est un partenaire indispensable », réitère-t-il.
Il faut signaler qu'en marge de la 3e session de la commission mixte de coopération, trois accords ont été signés par les deux Ministres. Il s'agit d'un Mémorandum d'entente sur la formation diplomatique, la recherche et le partage d'informations et de documents ; du projet de Convention sur le transfèrement de personnes condamnées entre le Sénégal et le Portugal et enfin du projet d'accord de coopération marine marchande.
Lisbonne va appuyer l'enseignement du portugais
Le Sénégal est le pays africain où il y a plus d'étudiants qui font portugais. Cette affirmation émane du Ministre des Affaires étrangères du Portugal, João Gomes Cravinho, qui a co-présidé, hier, avec son homologue sénégalais, la 3e session de la commission mixte de coopération entre les deux pays. « Je veux que, dans les prochaines semaines, avec les autorités du système éducatif sénégalais, les étudiants, que nous travaillions à renforcer la capacité d'enseignement du portugais. C'est très important qu'ils soient appuyés », a souligné le Ministre portugais. A. DIOUF
Le Chef de l'État attendu au Portugal en juin prochain
Le Président de la République sera, au mois de juin prochain, au Portugal, pour la signature de plusieurs accords et mémorandums. Lesquels vont contribuer à renforcer la coopération bilatérale entre les deux pays. « C'est dans un esprit de raffermissement de cette fidèle amitié et des liens déjà solides entre les deux pays que le Président Macky Sall envisage d'effectuer, au mois de juin prochain, une visite d'amitié à Lisbonne, à l'aimable invitation de Son Homologue et ami, Son excellence Monsieur Marcelo Robelo De Sousa, Président de la République portugaise », a annoncé Aissata Tall Sall. A. DIOUF
Le Portugal a importé, l'année dernière, environ 20 millions d'euros de poissons du Sénégal
Le Sénégal et le Portugal sont des partenaires importants sur le plan commercial, ces dernières années. La preuve, relève Mme Térésa Coelho, Secrétaire d'État à la Pêche du Portugal : « les échanges se résument à l'importation, en 2022, de 20 millions d'euros ». À l'en croire, il y a un fort intérêt à intensifier les relations commerciales, car plusieurs entrepreneurs ont l'intention d'investir dans ce circuit. A. DIOUF
JOÃO GOMES CRAVINHO, MINISTRE PORTUGAIS DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES
« Il est important d'avoir un dialogue politique permanent »
En visite de travail au Sénégal, le Ministre portugais des Affaires étrangères souhaite une coopération plus poussée avec l'implication du secteur privé et embrassant divers domaines tels que la pêche, l'industrie pharmaceutique, le transport maritime et les infrastructures portuaires, routières et ferroviaires, l'éducation, le tourisme.
Comment se porte la coopération entre le Sénégal et le Portugal ?
Les relations entre les deux pays sont excellentes avec un énorme potentiel de développement. Je perçois une très forte volonté de développer la coopération entre les deux pays. J'ai été touché par la chaleur de l'accueil et je salue le travail préalable réalisé par les équipes. Le Président portugais avait visité le Sénégal en 2017 ; une visite précédée par celle du Président Macky Sall en 2015. La commission mixte qui s'est réunie aujourd'hui (Ndlr : jeudi 13 avril 2023) a permis d'identifier plusieurs axes de coopération. Au courant du mois de juin, le Chef de l'État sénégalais est attendu au Portugal. Nous espérons signer plusieurs accords de partenariat. Le monde a beaucoup évolué depuis la dernière commission mixte et il faut que nous nous adaptions en ayant en ligne de mire de nouvelles opportunités.
Quelles sont ces opportunités ?
Il y a tout ce qui est lié aux océans comme la pêche et l'économie bleue d'une manière générale. Les océans sont importants dans l'histoire du Portugal qui a une expertise avérée dans ce domaine. Il y a des possibilités de développement de l'industrie pharmaceutique, du transport maritime et des infrastructures portuaires. Pour donner un plus à cette dimension, je suis accompagné par mon collègue de la Mer et ma collègue des Pêches. Nous voulons aussi développer le tourisme entre les deux pays.
Je me réjouis de voir que de plus en plus de Portugais visitent le Sénégal. Nous pouvons beaucoup faire dans ce secteur, notamment dans la formation, l'harmonisation de nos standards. Nous souhaitons également stimuler les relations entre le secteur privé des deux pays en vue de fouetter les échanges économiques. Nous pouvons le faire en mettant en place, par exemple, des instruments qui facilitent l'accès au financement par nos entreprises.
De nombreuses entreprises portugaises ont manifesté leur intérêt à investir au Sénégal. L'éducation est aussi un volet à approfondir. Nous avons, au Sénégal, plus de 47.000 apprenants de la langue portugaise. Nous sommes disposés à renforcer les capacités des enseignants, des méthodes d'enseignement et à explorer les opportunités offertes par les outils technologiques. Je suis très optimiste sur le futur de nos relations.
La Concession de Dakarnave arrive à terme en 2024. Êtes-vous confiant quant à son renouvellement ?
C'est une décision souveraine des autorités sénégalaises. La concession de Dakarnave est une excellente expérience de l'engagement de notre secteur privé. Mais, en 25 ans, beaucoup de choses ont évolué ; c'est naturel de vouloir réévaluer les objectifs de la concession.
Le Portugal compte-t-il apporter sa contribution, son expertise à la construction des infrastructures au Sénégal ?
Nous avons des entreprises spécialisées dans la construction des routes, du chemin de fer et elles sont présentes partout en Afrique. Notre souhait, c'est qu'elles travaillent au Sénégal, d'autant qu'elles sont disposées à apporter leur expérience et leur expertise.
En dehors des infrastructures et du tourisme, quels sont les autres domaines dans lesquels vous souhaitez renforcer la coopération entre le Portugal et le Sénégal ?
Le plus important, c'est d'avoir un dialogue politique permanent, constant. Des échanges fréquents, sur le plan politique, permettent de baliser le chemin à des partenariats dans tous les domaines considérés comme prioritaires. J'ai apprécié le fait de pouvoir échanger avec ma collègue des Affaires étrangères. C'est important de dialoguer, au regard de l'évolution des choses dans nos régions et dans le monde, y compris la stabilité sur les plans régional et international.