Évadé de la maison de force de Tsiafahy la nuit de la Saint Sylvestre 2017 pour s'enfuir du territoire et rejoindre la France en passant par Mayotte, le Français Houcine Arfa, charge le régime de l'époque pour torture en détention.
L'affaire Houcine Arfa revient sur le tapis. L'évadé de prison français d'origine tunisienne est ressorti de ses gonds pour fustiger le régime qui l'a placé en détention à la maison de force de Tsiafahy en 2017. Hier, la presse mahoraise a publié que le fugitif vient de saisir une fois de plus la justice française pour engager des poursuites pour tortures subies en détention contre le régime qui l'a mis en prison. Houcine Arfa a déjà intenté la même procédure il y a cinq ans mais celle-ci ne semble pas avoir abouti.
Cette fois-ci, il a déposé une plainte avec constitution de partie civile et attend la désignation d'un juge d'instruction pour suivre le dossier. Le Français d'origine indienne a été recruté en 2015 pour assurer la sécurité du président Hery Rajaonarimampianina, avec des hommes sous ses ordres. Poursuivi pour extorsion de fonds après que des démêlés ont fait leur apparition, il a été placé en détention préventive. Un pactole en ariary et en devises a été saisi par la police criminelle puis transmis au tribunal lors d'une perquisition effectuée à son domicile à Ambolokandrina. Les fonds saisis s'élevaient à des centaines de millions d'ariary selon les chiffres communiqués à l'époque.
Tueur à gage
Depuis son lieu de détention à Tsiafahy, Houcine Arfa est parvenu à tourner une vidéo crevant l'abcès sur sa situation. Et puis, la nuit de la Saint Sylvestre, le 31 décembre 2017, il a réussi à s'évader de la maison centrale d'Antanimora où il a été transféré pour de prétendues raisons médicales. L'évasion s'est faite avec une complicité de haut niveau qui a éclaboussé des personnalités jusqu'à la haute sphère du ministère de la justice.
Ayant rejoint en véhicule le Nord-Ouest de Madagascar en déroutant tous les contrôles routiers, l'évadé a par la suite emprunté une embarcation qui l'a emmené au département français d'Outre-Mer de Mayotte, d'où il a pris un avion pour Paris après y avoir fait escale pendant quelques heures. Sitôt en France, il a multiplié les sorties médiatiques incriminant les personnalités qu'il accuse de lui avoir demandé un important pot-de-vin pour le faire sortir de prison et le faire sortir du territoire. Parmi les personnes citées, une ministre aurait reçu 70.000 euros selon les révélations faites par le fugitif le 15 janvier 2018.
Des ayant voix au chapitre après du ministère de la Justice de l'époque, de l'administration pénitentiaire ainsi que de la maison centrale d'Antanimora se sont retrouvés cloués au pilori. En allant outre cette dénonciation, Houcine Arfa a pris en défaut des magistrats ainsi que des responsables auprès de la police criminelle qu'il a pointés du doigt d'avoir fait main basse sur la somme saisie. N'y allant pas de main morte dans ses incriminations, il était même allé jusqu'à déclarer qu'on l'aurait payé pour assassiner deux candidats bien placés lors des présidentielles de 2018.