Ile Maurice: Insécurité routière - ennuis mécaniques, chauffards, nul n'est à l'abri, pas même devant sa porte

Les accidents de la route n'en finissent pas. Rien que cette semaine, il y en a eu plusieurs et de très divers. Le danger est partout sur nos routes.

Dans la soirée du lundi 10 avril, une jeune habitante de Roche-Bois a été grièvement blessée. Elle s'est retrouvée coincée sous un mur qu'un autobus avait précédemment percuté après être entré en collision avec une voiture garée dans la rue. Le chauffeur de l'autobus, 35 ans, était en compagnie du receveur. Il dit avoir perdu le contrôle de son véhicule. Il n'y avait aucun passager à bord de l'autobus au moment de l'accident. Et l'alcootest effectué sur le chauffeur s'est révélé négatif.

Le mardi le 11 avril, Sudesh Kumar Halkhory, un aidechauffeur de 54 ans, est mort après avoir été victime d'un grave accident à Bois-Rouge. Le camion à bord duquel il voyageait a fait une sortie de route, avant de terminer sa course dans un caniveau.

Le jeudi 13 avril à la rue Mgr Leen, Port-Louis, une voiture, conduite par une avocate de 29 ans, est entrée en collision avec le tram du Metro Express Limited (MEL) alors que les feux de signalisation étaient au rouge et c'était le tram, qui se rendait à la station de Port-Louis Victoria, qui avait la priorité. L'avocate a été traduite en cour et elle a eu à s'acquitter d'une caution de Rs 15 000 et signer une reconnaissance de dettes de Rs 50 000.

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Le même jour, le raccord d'eau du radiateur d'un autobus a éclaté, déclenchant un incendie et faisant trois blessés. Cela s'est passé peu après 7 h 30 dans un autobus de l'United Bus Service (UBS), qui était bondé de passagers. Le véhicule avait quitté Mahebourg et était arrivé à hauteur de Rose-Belle quand le chauffeur a remarqué que son moteur était en surchauffe. Cette rupture de raccord d'eau du radiateur a fait trois blessés, des habitantes du Sud-Est, qui venaient de monter à bord du véhicule. Les trois femmes, âgées entre 24 et 54 ans, ont été transférées à l'unité des grands brûlés de l'hôpital Victoria, Candos, après avoir reçu les premiers soins à l'hôpital Jawaharlall Nehru à Rose-Belle.

Quand le chauffeur a constaté quelque chose d'anormal dans son moteur, il a aussitôt alerté le Traffic Manager d'UBS, Yusuf Sairally. «Il m'a appelé pour me dire que le moteur surchauffait», explique ce dernier. À Rose-Belle, le chauffeur à demandé à un autre chauffeur de récupérer ses passagers. Le chauffeur et le receveur ont aussi informé les passagers de la surchauffe en leur demandant de descendre de l'autobus. Alors qu'ils s'exécutaient, le raccord a explosé, déclenchant l'incendie. Le chauffeur a réussi à ouvrir le capot de l'autobus abritant le radiateur et une épaisse fumée noire s'en est dégagée. Une habitante de Plaine Magnien, âgée de 34 ans, qui se trouvait tout près de la porte, a été aspergée par l'eau bouillante, qui jaillissait du radiateur. Elle a été admise aux soins intensifs.

Les familles des victimes réclament davantage de mesures de sécurité

La jeune habitante de Roche-Bois, qui a été grièvement blessée, lundi, allait collecter de l'eau du robinet public lorsqu'elle s'est retrouvée sous les débris du mur percuté par l'autobus incontrôlable. Elle a eu les côtes fracturées et un poumon perforé. Depuis, sa famille est bouleversée. «La rue est très fréquentée par des véhicules et les chauffeurs roulent vite malgré que ce soit un endroit résidentiel. Nous ne sommes pas à l'abri d'un accident, même en sortant de chez nous. Il faut prendre des mesures pour la sécurité de tous. Il faudrait commencer par mettre des ralentisseurs et des panneaux indicateurs obligeant les véhicules à ralentir.»

La famille de Sudesh Kumar Halkhory est aussi choquée depuis son décès. «C'est très dur. C'était quelqu'un de bien. Il ne méritait pas de mourir ainsi», déclare un de ses proches. Ayant perdu leur proche dans de telles circonstances, les membres de la famille du défunt, qui travaillent aussi dans le domaine du transport, estiment qu'il faudrait plus de mesures de sécurité pour les chauffeurs mais aussi pour les piétons. «Il faut que les limiteurs de vitesse soient constamment fonctionnels. Il faut s'assurer qu'il n'y ait pas de défauts dans les camions. Quel que soit le poids à transporter, le camion doit être stable. Il y a aussi la pression au travail, qui fait que le camionneur roule plus vite parfois...Il faut davantage considérer les mesures de sécurité...Li pas facil perdi ene dimoune coumsa...».

Les modern semi-low floor buses ne seraient pas «safe»

Sunil Jeewoonarain, secrétaire de la Mauritius Bus Owners' Co-operative Federation, explique que la maintenance d'un autobus se fait normalement tous les 5 000 km. Et tous les matins, avant que l'autobus ne prenne la route, une vérification de routine est effectuée. «Il est possible qu'un raccord ait l'air en bon état mais il peut comporter un défaut de fabrication, impossible à détecter à l'oeil nu. Il peut toujours y avoir des imprévus mais dans de telles éventualités, il faut toujours veiller à la sécurité des passagers et s'assurer que le modèle d'autobus soit safe».

«Avec la série des Semi-low floor buses, les passagers sont assis au-dessus du moteur. C'est dangereux, surtout pour les autobus qui font de longs parcours. Les passagers sont donc à risque en cas de problème mécanique. En sus de cet aspect, l'intérieur de ces autobus n'est pas pratique. Les sièges sont glissants et ne regardent pas tous dans la même direction. Certains sièges n'ont pas de dossiers pour s'accrocher en cas de besoin. Les sièges n'étant pas tous au même niveau est aussi un risque. Le bus étant bas, les passagers sont plus exposés en cas d'accident, surtout lorsqu'ils se produisent sur les autoroutes.» Selon Sunil Jeewoonarain, il faut ajuster les véhicules en fonction de l'état des routes et du type de trajets à être entrepris afin d'assurer la sécurité de tous.

Barlen Munusami : «la majorité des accidents de la route sont dus au facteur humain»

Sollicité par rapport à la sécurité routière, qui est son domaine de spécialisation, Barlen Munusami, ex sergent de police, souligne que les accidents de la route sont majoritairement causés par le facteur humain : mauvais comportements, notamment prendre le volant après avoir bu plus que la limite autorisée, un manque de courtoisie, l'agressivité et l'égoïsme et de mauvaises habitudes sur la route. Sans compter la fatigue et le sommeil au volant. Et 8 % des accidents sont dus à des ennuis mécaniques.

La densité des véhicules par rapport à la population de 1.3 million est forte, précise-t-il. «La manière dont la flotte augmente est un facteur inquiétant. Ce nombre de véhicules continuera à prendre l'ascenseur. Plus la flotte augmente, plus les embouteillages augmentent aussi et plus la probabilité qu'un accident ait lieu est forte. Beaucoup de jeunes et de personnes âgées veulent avoir un permis de conduire aujourd'hui. C'est une Social ladder. Il y le permis de conduire et le Learner. Plus il y a de nouveaux chauffeurs sur la route et plus le risque d'accidents est élevé. L'expérience s'acquiert avec la pratique. Entretemps, ils commettent des erreurs pouvant occasionner des accidents. Il faut revoir le comportement des chauffeurs et des motocyclistes sur nos routes. Comment un chauffeur qui conduit par observation et non pas habitude au volant peutil rater un feu rouge ?» Barlen Munusami dédouanne le tram. S'il représentait un réel danger, il serait impliqué dans beaucoup plus d'accidents, souligne-t-il

Les accidents chiffrés

Selon les données de Statistics Mauritius, publiées le 31 mars dernier, au cours de l'année 2022, 35 513 accidents de la route ont été enregistrés, ce qui représente une augmentation de 23,9 %. Parmi, 99 ont été mortels et 2 180 ont causé des blessures graves comme légères.

En 2022, les accidents avec blessés ont augmenté par 24 %, ceux avec blessés graves par 11,1 % et les accidents avec blessés légers par 29,5 % tandis que les accidents mortels ont diminué de 4,8 %. Et 108 personnes sont mortes lors d'un accident de la route en 2022. Les usagers de la route les plus vulnérables étaient les conducteurs d'automobiles et de motocyclettes (53), suivis par les piétons (33).

À la fin de décembre dernier, 648 176 véhicules étaient immatriculés auprès de la National Land Transport Authority, représentant une hausse de 4 % par rapport à la fin de 2021. Ce chiffre comprend principalement 350 996 voitures, pick-up à double cabine et des véhicules à double usage et 236 566 automobiles et motocyclettes. Les 9,3 % restants comprennent 30 675 camionnettes, 17 848 camions, 3 177 autobus et 8 914 autres véhicules.

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