Afrique: Violations des droits humains - Le Mali recadre la France et l'Equateur

La situation au Mali a déclenché, le 12 avril, un accrochage entre Bamako et Paris au cours d'une réunion du Conseil de sécurité des Nations unies. Un diplomate malien a recadré le représentant de la France et l'Equateur qui l'accusent de violations des droits humains.

La France et l'Equateur ont dénoncé la situation des droits de l'Homme au Mali devant le Conseil de sécurité de l'Organisation des Nations unies (ONU).

« Nous devons être plus exigeants envers la Minusma. Le mandat est robuste et il faut le mettre en oeuvre : protéger les civils, appuyer l'accord de paix, garantir l'accès humanitaire aux milliers de déplacés. Il n'est pas normal que nous ne soyons toujours pas informés sur le massacre de Moura, commis il y a plus d'un an avec, nous le savons, l'implication du groupe Wagner. Les responsables doivent être poursuivis », a déclaré Nicolas de Rivière, représentant permanent de la France auprès des Nations unies au Conseil de sécurité.

« Le Mali se redressera avec force contre toute utilisation de la question de droits de l'Homme à des fins politiques ou de déstabilisation », a répliqué Issa Konfourou, représentant permanent du Mali auprès des Nations unies, estimant que « le diplomate français a eu une mémoire sélective car il n'a parlé que du cas de Moura ».

Il a, en outre, rappelé que « plusieurs paragraphes du rapport de la commission d'enquête internationale sur le Mali sont consacrés aux violations des droits de l'Homme sur la population malienne par les forces françaises ».

« Si l'ambassadeur de France n'a pas la mémoire sélective, qu'il dise à ce Conseil qu'en janvier 2021, les forces françaises ont transformé une célébration de mariage en deuil au Mali, à Bounty. J'aurais aimé qu'il dise à ce Conseil les efforts qu'ils ont fait pour donner suite aux deux rapports qui ont été publiés à cet effet », a souligné le diplomate malien.

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Le représentant de la France, Nicolas de Rivière, a qualifié ces faits d'inexacts, notamment ceux relatifs à un mariage dans le village de Bounty. Il a précisé que les premiers rapports de l'ONU sur cet incident étaient « malheureusement inexacts et infondés ».

De son côté, l'ambassadeur de l'Équateur auprès des Nations unies, Hernán Pérez Loose, a exhorté le gouvernement malien à traduire en justice les auteurs de violations graves et d'activités criminelles, d'où qu'ils viennent.

Le diplomate malien, Issa Konforou, a indiqué avoir entendu au cours de la réunion plusieurs interpellations y compris celle du représentant de l'Equateur. Il a affirmé que le Mali n'a pas de leçon à recevoir d'un pays qui est régulièrement interpellé par rapport aux violations des droits de l'Homme. Il a, par ailleurs, fait cas des restrictions de la liberté d'expression, de se réunir et des persécutions contre les journalistes par les procureurs et les juges en Equateur avant de rassurer que le Mali souhaite travailler avec tout le monde à l'amélioration de la situation des droits de l'Homme.

En réponse, Pérez Loose a précisé qu'il n'avait pas tenté de « faire la leçon » au gouvernement malien lors de son intervention, les droits humains n'étant, selon lui, « l'apanage d'aucun pays ». Aucun journaliste n'a été poursuivi en Équateur, a-t-il encore déclaré, ajoutant que « le Mali n'est peut-être pas au courant que le mandat du président Correa s'est terminé il y a quatre ans » a-t-il défendu.

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