Afrique: Désordres mondiaux

A quoi ressemblera le monde à la fin du conflit actuel à l'Est de l'Europe ? Il est hasardeux d'anticiper une quelconque réponse à cette question que se posent, sans doute, beaucoup. Comme un élément déclencheur de tous les désordres possibles, la guerre russo-ukrainienne, que d'aucuns disent avoir été préparée de longue date, fait l'effet d'un balai passé sur une colonie de fourmis magnans, quand l'intention de les écraser les transforme en une horde de bestioles enragées difficiles à contenir. Et dans le cas précis de ce conflit, suivant les prises de position des uns et des autres, la scène internationale voit se succéder des faits plus ou moins anodins mais tout aussi significatifs pour dessiner à peu près le futur qui adviendra.

On la croyait à l'agonie, la diplomatie ne vit pas encore ses dernières heures. Il ne s'agit pas de celle qui aurait pu empêcher le drame ukrainien, l'aurait arrêté avant qu'il ne devienne tentaculaire, mais celle dont la mission est de montrer à tous que les nations n'ont pas banni le dialogue de leurs agendas : Joe Biden en Pologne, Xi Jinping en Russie, Olaf Scholz, Emmanuel Macron et Lula da Silva en Chine, Ebrahim Raïssi bientôt en Arabie saoudite, l'espoir est permis de voir ces différentes rencontres dérouter le recroquevillement sur lequel se greffe encore une vision par trop manichéenne des relations entre les Etats. S'asseoir, dialoguer et tirer chacun le meilleur parti des énormes progrès accomplis par la science n'est-il pas préférable au repli sur soi ? C'est à ces aboutissements que tendent sans doute les rencontres rappelées plus haut.

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Depuis une année, l'attention de la communauté internationale a migré vers Kiev et Moscou, tandis qu'au large de la méditerranée s'abîment et coulent tous les jours des embarcations de fortune transportant des centaines de migrants qui tentent de rejoindre le Vieux continent. Avec un peu de chance, ceux repêchés par les bateaux dédiés traînent parfois longtemps en pleine mer avant de gagner les ports européens, ou simplement d'être refoulés vers leurs lieux d'embarcation en Afrique. Le nombre de morts par mois ou par année dépasse le millier. Au demeurant, toutes ces tragédies font désormais partie du quotidien, tout comme les risques que prennent les candidats au départ.

Passés aussi dans l'oubli sont les nombreux drames devenus eux aussi « habituels » comme les violences armées à l'Est de la République démocratique du Congo, l'action des mouvements terroristes au Mali, au Burkina Faso, au Niger et dans le vaste espace sahélo-saharien. Le sort des déplacés des guerres internes dans ces pays et dans d'autres comme le Soudan du Sud, la Somalie et le Yémen ; la famine et les maladies endémiques complètent cette liste des désastres de notre temps. Si l'on devait y ajouter les défis liés au climat, il n'est pas exagéré d'implorer la magnanimité de ceux qui détiennent une parcelle de responsabilité à l'échelle mondiale.

Sans les citer nommément, les dirigeants des principaux pays sur lesquels repose l'équilibre des relations internationales (Etats-Unis, Russie, France, Chine, Grande-Bretagne) sont des personnalités qui se connaissent bien. Anciens ou nouveaux dans leurs hautes fonctions, ces hommes et ces femmes échangent par téléphone, se rendent visite, gardent le contact par le biais d'envoyés spéciaux et des chancelleries. On pense évidemment qu'ils se surveillent aussi nuit et jour, leurs puissantes administrations disposant de moyens appropriés pour remplir cet office qu'ils estiment régalien.

Au regard des désordres plus ou moins apparents induits pour partie par le conflit russo-ukrainien, doit-on croire que les « grands » ont perdu tout contrôle au point de ne plus être en mesure d'oeuvrer à la préservation de la stabilité, cette quête indispensable à l'accomplissement du destin de l'humanité ? Sans doute pas encore. Restons optimistes !

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