La prise de contrôle de Tidermène, lundi dernier, par la branche sahélienne du groupe État islamique marque un tournant : les jihadistes assoient leur domination dans le nord-est du Mali et particulièrement dans la région de Ménaka. Quelles peuvent-être les conséquences pour les populations ?
Cela fait un peu plus d'un an que l'organisation l'État islamique au Sahel mène des attaques en série contre les communes de la région de Ménaka, mais aussi de Gao, notamment. Pour Guillaume Soto-Mayor, chercheur associé au Middle East Institute et spécialiste des groupes jihadistes au Sahel, la prise de Tidermène confirme le succès de cette offensive.
« L'État islamique a réussi son offensive dans le sens où il a réussi à se recréer une base territoriale stable dans l'intégralité de la région de Ménaka, jusqu'à la zone des trois frontières Mali-Burkina-Niger. Il s'étend également vers Boni et Hombori dans la région de Mopti au Mali, et dans la région du Sahel dans le nord du Burkina Faso. »
Jusqu'ici, la région de Ménaka était contrôlée, selon les secteurs, par le Jnim (Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans), lié à al-Qaïda, ou par des groupes armés signataires de l'accord de paix de 2015, alliés de l'État malien (le MSA et le Gatia).
Pour Guillaume Soto-Mayor, la nouvelle position de force du groupe État islamique ne sera pas sans conséquence pour les populations. « Le premier changement peut s'exercer sur la dureté de l'application de la loi islamique, les sévices appliqués en cas de déviation des règles imposées, donc une violence envers les civils qui est beaucoup plus large. Une deuxième évolution majeure peut être la répartition des revenus et les régulations autour des flux pastoraux. Il peut y avoir également des évolutions sur les pillages ou sur les exactions contre certaines communautés perçues comme ennemies, dans une logique absolutiste du jihad. »
Dans la région du même nom, la ville de Ménaka n'a pas encore subi d'assaut du groupe État islamique. Mais elle est désormais parfaitement encerclée.