Alors que le président des Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l'éthique et la fraternité (PASTEF) n'a pas encore fini avec ses déboires judiciaires, son procès en appel pour diffamation s'ouvrant aujourd'hui, c'est le secrétaire général dudit parti, Bassirou Diomaye Faye, qui a été interpellé le 14 avril 2023.
Il a été placé en garde à vue pour « outrage à magistrats, diffusion de fausses nouvelles et diffamation envers un Corps constitué ». C'est à croire que le PASTEF de Ousmane Sonko ne manque pas l'occasion de se donner en spectacle. Le pouvoir de Macky Sall n'est certes pas blanc comme neige, surtout que le natif de Fatick continue d'entretenir le flou sur ses intentions de briguer un troisième mandat.
Mais on est fondé à croire que le PASTEF en fait un peu trop. Ce parti d'opposition semble vouloir sans cesse chercher des noises à la Justice sénégalaise qu'il accuse d'être à la solde du président Sall. C'est vrai qu'on est en politique où tous les moyens sont bons pour affaiblir l'adversaire politique. Mais les militants du PASTEF donnent parfois l'impression de prêter le flanc. On est d'autant plus fondé à le penser que les faits qui leur sont reprochés, relèvent le plus souvent du droit commun.
Difficile donc de ne pas croire à une volonté manifeste du PASTEF de souffler sur les braises. On a l'impression que le parti de l'ex-maire de Ziguinchor a choisi comme stratégie face à Macky Sall, de jouer à fond la carte de la victimisation. Mais à force de jouer à ce jeu dangereux, Ousmane Sonko et ses camarades risquent de se cramer les ailes, de s'aliéner la sympathie de bien des Sénégalais. Au demeurant, si jusque-là, cette stratégie semble faire recette, c'est probablement parce que le chef de l'Etat n'a pas encore clarifié sa position par rapport au troisième mandat. Qu'adviendrait-il de l'image du PASTEF, si le leader sénégalais renonçait finalement à ce mandat tant controversé ?
L'attitude des responsables de ce parti peut être sujet à caution
C'est dire si le PASTEF gagnerait à changer son fusil d'épaule. Pour un parti qui aspire à diriger le Sénégal, il est malsain et dangereux de chauffer continuellement à blanc, le Landernau politique, surtout quand on n'est pas exempt de tout reproche.
Dans un Etat de droit, si la liberté d'expression et d'opinion est garantie, il faut aussi reconnaître à l'autorité, le droit de traduire en justice, tout citoyen qui se rend coupable de diffamation ou autres dérives. Même si le PASTEF se croit dans son droit d'accuser Macky Sall de chercher à empêcher son mentor de briguer la magistrature suprême, il reste que l'attitude des responsables de ce parti peut être sujet à caution.
Dans la mesure où rien n'est encore perdu, l'opposition serait mal inspirée de s'inscrire dans une logique putschiste. En tout état de cause, à quelques mois de la présidentielle de 2024, le Sénégal n'a pas besoin de ça.