L'axe Cotonou-Kigali se porte bien, voire très bien. En témoignent les échanges de bons procédés entre les dirigeants de ces deux capitales géographiquement loin l'une de l'autre.
En effet, en 2016, le président béninois, Patrice Talon, avait effectué une visite officielle au Rwanda. L'objet de ce déplacement était le renforcement des relations bilatérales entre le Bénin et le pays des mille collines. Et, signe des relations cordiales entre les deux pays, Patrice Talon a nommé deux cadres rwandais respectivement à la tête de l'Agence nationale d'identification et des personnes (ANIP) et l'Agence nationale des transports terrestres (ANATT).
Toute chose qui n'est pas pour déplaire à l'homme mince de Kigali qui, par devoir de gratitude, vient d'efffectuer une visite d'Etat de 72 heures au pays du Vaudou. A l'occasion, ont été signés des accords de coopération dans plusieurs domaines tels que l'agriculture, le numérique, le tourisme, le transport aérien, etc. Mais l'accord qui retient le plus l'attention des uns et des autres, porte sur la coopération militaire.
Cet accord qui vient d'être signé à la faveur du séjour de Paul Kagame à Cotonou, avait été annoncé en novembre 2022, à l'issue de la visite du patron des armées béninoises à Kigali. Certes, il n'est pas, pour l'instant, envisagé un déploiement de troupes rwandaises sur le sol béninois. La coopération porte notamment sur l'encadrement, le coaching et la formation. Mais il faut déjà se féliciter de cet exemple de coopération entre pays du Sud qui, souvent, manque le plus. Et en la matière, le président Paul Kagame mérite qu'on lui tresse des lauriers ; tant il n'a eu de cesse de voler au secours de certains de ses homologues africains dont les pays allaient à vau-l'eau.
Au-delà de sa zone d'influence, le Rwanda réussit ainsi à s'imposer de la plus belle des manières
C'est le cas de la République centrafricaine (RCA) où les troupes rwandaises ont contribué à réduire la voilure des groupes armés qui semaient la mort et la désolation. Il en est de même pour le Mozambique où elles ont réussi à endiguer l'avancée des islamistes insurgés dans la province septentrionale de Cabo Delgado où se trouvent de géants gisements de gaz, de pétrole et bien d'autres ressources naturelles. Autant de hauts faits d'armes qui font dire à certains que le Rwanda, en matière de lutte contre le terrorisme, a de l'expertise à revendre.
Tant et si bien que le Bénin qui a enregistré quelques attaques terroristes à sa frontière avec le Burkina Faso, n'exclut pas, à l'avenir, un déploiement de troupes rwandaises sur son sol. En tout cas, en bon panafricaniste, Paul Kagame, par ce geste de solidarité, renforce ainsi son image ; lui qui est accusé, à tort ou à raison, de soutenir les rebelles du M23 dans leur entreprise de déstabilisation de la République démocratique du Congo (RDC). Car, au-delà de sa zone d'influence, le Rwanda réussit ainsi à s'imposer de la plus belle des manières. Le pays tisse désormais sa toile en Afrique de l'Ouest puisqu'après le Bénin, Paul Kagame, sans doute à la recherche d'alliés, séjourne actuellement à Conakry.