Madagascar: Grosse agglomération et vastes terroirs agricoles peuplés se côtoient

Dans les années 1950, le voyageur qui parcourt la capitale n'est pas obsédé, par le bourdonnement des usines et des ateliers.

Normalement, ils sont presque tous situés sur la lisière Ouest (de l'époque) de l'agglomération où se trouvent alors des terrains plats disponibles, à proximité de la voie ferrée. Les progrès de l'industrie sont pourtant assez remarquables durant le second quart du siècle dernier. Parmi les établissements qui comptent plus de cinq cents salariés, ceux de l'industrie en emploient près de sept mille. Les services qui regroupent hôtels, cafés, restaurants, spectacles, salons de coiffure en recensent environ cinq cents, le commerce y compris les banques et les assurances près de deux mille. « Les facteurs de ce développement n'ont rien de mystérieux. La fonction industrielle apparait comme secondaire à son origine », lit-on dans la Revue de Madagascar, Spécial Tananarive (1952).

Cette fonction se greffe sur la fonction commerciale et profite, comme cette dernière, de la fonction publique. Puis « ces trois sortes d'activités s'excitent et se fortifient l'une l'autre ». Les industries de la capitale traduisent « la croissance d'une grosse agglomération urbaine en bordure d'un terroir agricole relativement riche et peuplé, et à proximité de vastes pâturages ». Le terroir envoie ses produits bruts, mais aussi ses excédents de main-d'oeuvre à la ville, et cette dernière « emploie ceux-ci et ceux-là » pour sa consommation personnelle et pour l'exportation plus ou moins lointaine. Les industries de l'alimentation sont certainement les premières en ce qui concerne la valeur du produit.

Quant à l'importance du personnel employé (mille six cents personnes), elles ne sont dépassées que par les entreprises des Bâtiment et travaux publics. Toutefois, les rizeries mécaniques, les distilleries, les fabriques de produits dérivés du manioc voient leur nombre en hausse depuis la Première guerre mondiale.

« La même entreprise traite souvent le riz et le manioc à la fois, pour diminuer la durée des périodes creuses. » A la même époque, se développe l'industrie de la conserve pour ravitailler l'intendance militaire. Notamment les conserves de viandes de boeuf, mais aussi de viandes de porc et de saindoux. La principale entreprise qui s'adonne à cette activité est la Société industrielle et commerciale de l'Emyrne (Sice) à Soanierana. Et pendant la Seconde guerre mondiale, la production de l'huile par traitement de l'arachide et aussi du coprah des régions côtières croît également. Celle du savon y est souvent jointe.

En parallèle, les peaux de zébus sont exportées, depuis longtemps d'ailleurs, après un séchage et un traitement sommaire à l'arsenic ou au sel dénaturé. Jadis, la peau des bestiaux est mangée avec la viande. Mais, dès la fin du XIXe siècle, les cordonniers tananariviens fabriquent des chaussures « d'assez bonne apparence avec du cuir tanné ». Les nouveaux besoins malgaches, ceux de la ville surtout, et aussi les demandes de l'Armée favorisent la création de tanneries, fabriques de chaussures, maroquineries. Soit sept cents ouvriers. L'extension de la ville explique l'essor des industries du bois (un demi-millier d'ouvriers), de celles du BTP (près de deux mille ouvriers).

Elles exigent de l'étranger des importations plus lointaines de bois des forêts de l'Est, sinon de ciment, de fers de tuyauterie, de vitres, etc. Elles ne limitent pas leur activité à la satisfaction des besoins urbains, mais expédient leurs produits et parfois leurs techniciens loin de la capitale. Les industries mécaniques et électriques (plus de mille cinq cents salariés) embrassent des entreprises assez variées. Telles la compagnie des Eaux et électricité de Madagascar à la fois productrice et distributrice, de nombreux ateliers de petite mécanique et de réparation, etc.

Le groupe des industries textiles parait insignifiant vis-à-vis des besoins de la ville et de la région (deux cents salariés). Il comporte les entreprises de tissage de fibres locales (paka) pour la fabrication de sacs, la confection de vêtements avec des étoffes importées. « Le tissage familial du coton et de la soie a entièrement disparu ! » Enfin, les entreprises d'imprimerie (une vingtaine d'établissements qui engagent six cents salariés, non comprise l'Imprimerie officielle devenue nationale) traduisent « le rôle politique et culturel d'Antananarivo ».

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