Cameroun: Ateh Bazore - « Nous travaillons en synergie avec les représentants du gouvernement »

interview

La Sonacam a tenu ses assemblées générales à la fin du mois de février à Yaoundé. A la suite, le Pca parle des nouvelles relations qui existent entre cette Confédération des sociétés d'auteurs et compositeurs, les tutelles au niveau national et des institutions internationales ; s'exprime également sur les mises à l'écart de certains membres de l'organisme de gestion collective.

Plus de 1000 artistes musiciens venus du triangle national et de la diaspora ont pris part aux assemblées générales ordinaire et extraordinaire de la Sonacam en février dernier. Plus d'un mois après, pouvez-vous nous dire si vous chantez désormais juste et à l'unisson?

La Société nationale camerounaise de l'art musical (Sonacam) contrôle désormais la situation. A la veille des assemblées générales, il y avait effectivement un cafouillage théorique autour des textes statutaires et réglementaires de notre organisme de gestion collective (Ogc), de même que des blocages sur le terrain des perceptions. L'assemblée générale extraordinaire a permis de corriger les textes de base de notre Ogc qui étaient truffés d'incongruités. Ces incongruités avaient été introduites, au moment de la refonte de ces textes en 2020, par des personnes qui voulaient tailler les textes à leurs mesures. Avec le nettoyage de nos textes, nous chantons désormais juste et je dirais même à l'unisson, malgré les derniers soubresauts de cette clique des membres mal intentionnés. La Sonacam est désormais sur le droit chemin qui mène vers des perceptions plus calmes et élargies, vers une obésité de la cagnotte des répartitions, et vers une amélioration des conditions de vie et de travail des auteurs, compositeurs, arrangeurs et éditeurs membres.

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L'assemblée générale extraordinaire avait exclu quelques membres. Ces exclusions ne constituent-elles pas un autre front de guerre ouvert?

J'ai parlé plus haut des derniers soubresauts des membres mal intentionnés. Comme dit souvent le Docteur Henri Fotso dans ses chroniques sur le sujet, la tête de l'ogre tentaculaire a été tranchée. Ses dernières agitations ne sauraient constituer un front de guerre. La guerre est terminée depuis décembre 2022 avec les sept décisions du Ministre des Arts et de la Culture (Minac) qui mettent entre autres fin à l'existence de la nébuleuse Commission de Recouvrement des Arriérés. La guerre est terminée avec la prise en main efficiente du contrôle des Ogc par la Commission de Contrôle que préside le haut commis de l'Etat Théophile Roger Eyango. La guerre est terminée avec la prise de conscience de rares artistes qui doutaient encore, que le mal du droit d'auteur ne venait pas de la Sonacam, et que le mal venait d'un groupuscule d'artistes aux desseins inavoués dont certains n'avaient jamais adhéré ni à la Socam, ancêtre la Sonacam, ni à la Sonacam. Désormais, nous sommes dans la logique de l'inhumation de l'ogre tentaculaire qui a été abattu par les textes administratifs, les décisions politiques et surtout la résilience des presque 7000 artistes qui ont montré leur fidélité à la légalité républicaine.

La Commission de recouvrement des arriérés dite Commission Sam Mbende - Elise Mballa Meka, que vous venez d'évoquer en d'autres termes, a expiré le 31 décembre 2022. La Sonacam a-t-elle désormais les coudées franches sur le terrain des perceptions des redevances auprès des usagers et auprès des quatre autres Ogc : Sociladra, Scaap, Socadap, Scdv ?

Chacun de ces Ogc est spécialisé dans un sous-secteur de l'art. La Sonacam s'occupe essentiellement des auteurs, compositeur, arrangeurs et éditeurs de musique qui constituent la Catégorie B. Cela dit, oui, après nos victoires sur les ennemis du bien être des gens de la musique, nous proclamons avoir les coudées franches pour gérer le droit d'auteur dans la catégorie B. Suite à la décision 0192 signée par le Ministre des Arts et de la Culture abrogeant la décision 053 qui avait créé cette nébuleuse Commission de recouvrement des arriérés, toute autre entité, légale ou illégale, qui s'ingérerait au Cameroun dans la gestion de la catégorie B sera en porte à faux avec les lois et règlements en vigueur. Ses instigateurs feront alors face à la rigueur de la loi. Car, dit l'un de nos membres bien reconnu dans son style, Le Maréchal Papillon, " les lois ne sont pas les loisirs, et le droit c'est la droiture."

L'on a l'impression que ces batailles ont mis aux oubliettes le projet de construction des palais de la musique dans trois villes du Cameroun que vous avez annoncé en 2022 ?

Nous travaillons pour que le projet avance. Nous avons signé comme vous le savez en 2022 un mémorandum d'entente avec une firme américaine, Integrated Trade Finance, ITF qui nous apportera les financements et la technologie. L'Etat du Cameroun nous a déjà offert un site à Yaoundé pour abriter le Palais de la musique dans la capitale. Un architecte a déjà été commis qui nous a déjà rendu sa maquette. Le consortium américain est sur le dossier et les choses iront très vite désormais, parce qu'il faut le reconnaître, le doute a été semé dans les esprits par les criminels du droit d'auteur dont je vous ai parlé plus haut. Ce sont des ennemis de la République qui ne voudraient pas voir sortir de terre cette infrastructure pourtant salvatrice.

À ce jour, nous avons reçu 3 documents importants préalables au démarrage des travaux sur le terrain. Le dernier des trois documents reçu la semaine dernière est l'offre technique de la société de construction Epstein Global. Il nous reste l'offre financière de la Exim Bank of America qui va financier ce projet. Les travaux vont démarrer à Yaoundé. Quant aux autres villes que sont Douala et Bamenda, elles auront aussi leur Palais de la musique. C'est un projet de rêve qui doit devenir réalité avec le soutien de tous et de chacun. Ce n'est pas l'affaire d'Ateh Bazore seul.

Comment peut-on évaluer la relation actuelle entre Minac - Ccogc - Sonacam ?

La relation est au beau fixe. Je vous ai parlé plus haut des décisions administratives et mesures politiques qui ont contribué à trancher la tête de l'ogre diabolique. Il faut mettre cela à l'actif du Minac et de la Ccogc. Nous travaillons en synergie avec ces représentants du gouvernement pour l'assainissement du secteur du droit d'auteur. Nous sommes en contacts permanents. Nous tenons des réunions ensemble. Nous menons des actions de terrain ensemble. Donc, tout va au mieux dans le meilleur des mondes possibles. Voilà pourquoi je saisis cette occasion pour remercier profondément le Minac, Pierre Ismaël Bidoung Mkpatt, pour l'accompagnement qu'il donne aux Ogc et pour son engagement à assainir le milieu selon les prescriptions du chef de l'Etat. Nos relations de coopération vont même au-delà des institutions nationales désormais. Nous venons de recevoir la visite d'un grand éditeur Israélien, du directeur régional Afrique de la Confédération internationale des Sociétés d'auteurs et compositeurs (Cisac), et dans les prochaines semaines, nous allons recevoir la visite du top management de la Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique (Sacem) de France.

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