Plus de 180 morts et 1 800 blessés, en trois jours, au Soudan, c'est le bilan indiqué, ce lundi 17 avril, par le chef de la mission de l'ONU au Soudan, Volker Perthes, suite aux combats entre les deux généraux rivaux qui se disputent le pouvoir. Les combats se poursuivent entre les forces armées soudanaises dirigées par Abdel Fattah al-Burhan et les paramilitaires des Forces de soutien rapide, dont le patron est le général Mohamed Hamdane Daglo, dit « Hemedti »
Ce lundi encore, les affrontements n'ont pas cessé à Khartoum et à travers le pays. Tirs d'artillerie, d'armes lourdes et frappes aériennes sont désormais le quotidien des habitants de Khartoum.
La ville est en état de siège, assiégée par ses propres forces armées, ses propres généraux qui siégeaient encore, il y a peu, dans les palais en flammes du coeur de la ville.
La situation humanitaire est catastrophique. Deux hôpitaux ont été évacués après avoir été criblés de balles et touchés par des roquettes. Tout vient à manquer : l'eau, la nourriture et l'électricité est coupée. Mais les deux armées s'entêtent et ignorent les multiples appels à la désescalade.
Selon plusieurs témoins, les forces régulières ont envoyé de nombreux renforts à Khartoum, ce lundi soir. Il est toujours impossible de savoir quelle force contrôle quoi dans la capitale.
Le général al-Burhan a ordonné, ce lundi, la dissolution des Forces de soutien rapide, désormais considérées comme une rébellion armée. Pour sa part, le général Hemedti, s'exprimant en anglais sur Twitter, a appelé la communauté internationale à le soutenir contre son rival qu'il décrit comme un « islamiste radical qui bombarde les civils depuis les airs. »
Situation préoccupante au Darfour
Au-delà de Khartoum, les nouvelles qui viennent du Darfour sont inquiétantes. Elles font état de nombreuses victimes civiles et des pillages incessants.Les FSR s'appuient sur des milices armées locales qui multiplient les exactions. Et depuis des mois, Forces de soutien rapide et armée y recrutent massivement, notamment parmi les jeunes des tribus arabes.
Plusieurs grandes villes sont aujourd'hui touchées, comme Nyala, au sud. Selon plusieurs sources, les paramilitaires ont attaqué le quartier général de la 16e division d'infanterie avant d'en prendre le contrôle, tout comme celui de l'aéroport. Lundi, les combats se poursuivaient autour du centre-ville et des quartiers nord. Plusieurs sources confirment le pillage de plusieurs ministères, des douanes et d'organisations humanitaires.
Violences aussi au Nord. Un habitant d'El Fasher parle d'affrontements continus depuis samedi, autour de la base militaire et du marché. « La situation est désastreuse. On n'a plus de nourriture depuis deux jours. Mes frères sont partis chercher à manger. Ils ne sont pas revenus depuis 3 heures. Nous sommes très inquiets », confie un étudiant.
Les Forces de soutien rapide ont revendiqué le contrôle du Darfour Ouest. Depuis samedi, les violences ont aussi gagné Zalingei, dans le centre. De nombreuses ONG en ont fait les frais. « Nous avons suspendu nos activités. C'est d'autant plus inquiétant que le Darfour est fragile, avec une escalade de la violence depuis trois ans », explique Karl Schembri, du Norwegian Refugee Council. Selon les derniers chiffres, une personne sur trois a besoin d'aide humanitaire au Darfour. « On souhaite vite reprendre l'activité. Mais si les combats continuent, on va devoir évaluer la situation ville par ville et négocier avec les différents acteurs », dit Karl Schembri.
Jusqu'à présent, rien ne semble pouvoir arrêter la spirale de la violence. Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a appelé, plus tôt dans la journée, les deux généraux à « cesser immédiatement les hostilités. » Le Conseil de sécurité de l'ONU, qui avait également appelé dimanche à la fin des combats, doit discuter de la situation ce lundi lors d'une réunion à huis clos.