Il n'est pas encore au bout de ses peines. Bien au contraire, tout se passe comme si les tuiles lui tombaient sur la tête. Ousmane Sonko, puisque c'est de lui qu'il s'agit, est toujours dans les rets de la Justice de son pays. Tant et si bien que ses ambitions présidentielles sont en pointillés.
En effet, il était encore appelé à la barre le 17 avril dernier, dans l'affaire l'opposant au ministre du Tourisme, Mame Mbaye Niang, pour laquelle il avait déjà été condamné à deux mois de prison avec sursis en sus des dommages et intérêts d'un montant de 200 millions de F CFA à verser à la partie civile.
Alors qu'il croyait s'être tiré d'affaire avec un tel verdict qui ne le privait pas de ses droits civiques, le parquet et le plaignant en ont décidé autrement, en interjetant appel de la décision du tribunal correctionnel qui, après avoir écarté les faits d'injures publiques et de faux en écritures publiques, n'avait retenu contre lui, que le délit de diffamation.
C'est dire si le leader des Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l'éthique et la fraternité (PASTEF) se trouve dans une mauvaise passe politico-judiciaire dont il aurait bien voulu se passer. Car, faut-il le rappeller, un éventuel alourdissement de sa peine sonnera le glas de ses ambitions politiques ; lui qui, en se rasant la barbe chaque matin, se rêve pourtant d'un destin national.
N'est-ce pas d'ailleurs pour cette raison qu'à chaque convocation, il ameute la rue pour exercer la pression sur la Justice qu'il accuse à tort ou à raison d'être instrumentalisée par le régime en place, en l'occurrence le président Macky Sall à qui l'on prête l'intention de vouloir briguer un troisième mandat ?
Ousmane Sonko gagnerait à jouer balle à terre
S'il est vrai que l'on ne peut pas donner un blanc-seing au natif de Fatik qui continue d'entretenir le flou sur ses intentions réelles, force est cependant de reconnaître que le sieur Sonko et ses ouailles en font un peu trop. Autrement, comment comprendre qu'une simple convocation d'une personnalité, fût-elle le leader de l'opposition, en vienne à mettre à feu et à sang la République ?
A vouloir jouer à fond la carte de la victimisation, le PASTEF risque de s'aliéner, au fil du temps, certains de ses soutiens. Car, quand on aspire à présider aux destinées d'un pays, l'on doit se montrer responsable et républicain et surtout éviter tout comportement aux antipodes de l'Etat de droit. Cela dit, Ousmane Sonko gagnerait à jouer balle à terre.
Surtout qu'avant lui, ont été jugées et condamnées d'autres figures de proue de l'opposition comme Karim Wade, Khalifa Sall et Idrissa Seck sans que la paix sociale n'en soit troublée au Sénégal longtemps présenté comme la vitrine de la démocratie dans la sous-région ouest-africaine.
Certes, on comprend qu'en politique, tous les coups sont permis. Mais de là à vouloir vendanger certains acquis démocratiques qui font la fierté du pays pour défendre ses propres intérêts, c'est un pallier de trop qu'Ousmane Sonko doit se garder de franchir. Plutôt que de faire dans la gesticulation, et pour autant qu'il n'ait rien à se reprocher, il gagnerait à faire montre de sérénité afin de mieux préparer sa défense et cela, que ce soit dans l'affaire de viol que dans celle de diffamation dont on l'accuse.
Quant au président Macky Sall, il a tout intérêt à clarifier sa position. Surtout que l'on est maintenant à moins d'un an de la présidentielle qui polarise les attentions.