Maroc - avec la caravane Kafila, des artistes sur les pas des habitants du désert

Aux portes du désert, dans la province de Ouarzazate, la caravane Kafila organisée par l'Institut français du Maroc a offert une plongée dans une résidence artistique nomade. Pendant trente jours, du 10 mars au 10 avril 2023, douze artistes marocains et français, accompagnés de onze chameliers ont parcouru 300 kilomètres sur un itinéraire emprunté depuis des millénaires par les populations nomades.

Un défi physique, une expérience extrême dans le désert, en bivouac le soir et 5 à 6 heures de marche par jour. Le défi pour les artistes : comment créer en marchant ?

Houda Kabbaj est photographe. Pour ce périple, elle décide de travailler sur les minéraux, les pierres. Et plutôt que de prendre des photos comme elle le fait habituellement, elle a pensé à un nouveau procédé de création : « J'ai eu l'idée de faire un parchemin avec un rouleau de calque. Des anthropologues utilisent beaucoup le procédé de frottage avec le papier carbone pour extraire des gravures et j'ai appliqué cela sur des pierres. »

Durant leur marche, les résidants ont foulé un sol chargé d'histoires. Ces routes caravanières millénaires, l'artiste performatrice Jenny Abouav s'en est inspirée pour sa future performance : « Le plus concret, ça a été les chameliers qui nous ont vraiment accompagnés. Déjà, d'incorporer leurs corps, leurs gestes, que ce soient des moments de chargement avec les chameaux, les moments de cuisine, les moments de marche. La démarche aussi, c'est très important. Et avec tous ces corps qui ont traversé ces espaces, toute cette histoire très chargée des ancêtres. »

%

Après ce périple, chacun des artistes repart avec un bagage d'images et de sensations qui se concrétisera en un projet artistique dans les prochains mois.

« Le trajet de Kafila cette année suivait les pas des habitants du désert »

Ismael El Alaoui, qui a rejoint la caravane lors de son ultime étape, est ornithologue et fin connaisseur de la région. Il explique : « Le trajet et le chemin de Kafila cette année suivait les pas des habitants du désert, qui remonte ou qui redescend vers Tombouctou ou qui remonte du sud du Maroc vers d'autres villes, par exemple, dans le Nord. »

Il explique : « La caravane, dans la mémoire collective marocaine, ce n'est pas seulement ce déplacement avec les chameaux, avec les mules ou avec d'autres animaux. C'était aussi l'occasion de traverser et de relier plusieurs villes. Il y a cet échange aussi de savoirs, de connaissances, de produits, de vêtements, de plusieurs choses que les gens partagent le long de leur chemin et de leur périple. »

Il conclut : « C'est un patrimoine matériel et immatériel aussi à conserver et à faire partager également, parce que c'est une singularité du Maroc, ainsi que l'unique moyen de voyage et de transport dans le Sud marocain. »

AllAfrica publie environ 400 articles par jour provenant de plus de 100 organes de presse et plus de 500 autres institutions et particuliers, représentant une diversité de positions sur tous les sujets. Nous publions aussi bien les informations et opinions de l'opposition que celles du gouvernement et leurs porte-paroles. Les pourvoyeurs d'informations, identifiés sur chaque article, gardent l'entière responsabilité éditoriale de leur production. En effet AllAfrica n'a pas le droit de modifier ou de corriger leurs contenus.

Les articles et documents identifiant AllAfrica comme source sont produits ou commandés par AllAfrica. Pour tous vos commentaires ou questions, contactez-nous ici.