Trois jours après le début des hostilités, l'espoir d'un cessez-le-feu s'est vite estompé au Soudan.
Alors que les deux parties avaient convenu d'une cessation des combats pour 24h, histoire sans doute de donner un peu de répit, notamment aux populations civiles, prises en tenailles, pour qu'elles puissent s'approvisionner, rejoindre leurs domiciles et éventuellement enterrer leurs morts, l'arrangement n'aura finalement pas tenu. Les affrontements ont repris de plus belle.
Pendant ce temps, les morts ne font que s'entasser. Selon un décompte établi par l'ONU, plus de 185 personnes ont été tuées et plus de 100 blessés ont été enregistrés depuis le début des combats samedi. Des chiffres qui risquent encore d'évoluer puisque les hostilités sont en train de s'étendre à tout le pays. C'est maintenant une guerre civile ouverte qu'il faut craindre.
Les raisons de cette nouvelle poussée de fièvre kaki sur les bords du Nil, c'est l'intégration dans l'armée soudanaise dirigée par le général Abdel Fattah al-Burhan des miliciens jandjawids dont Mohamed Hamdân Dogolo, alias Hemidti est le chef.
C'est un peu comme ce qui se passe dans les westerns, c'est l'histoire de deux généraux, pour ne pas dire de deux brigands, qui s'étaient associés pour prendre le pouvoir et mettre de côté les civils qui géraient la transition et qui se retournent l'un contre l'autre au moment du partage du butin.
Le problème, il est vrai, est politique, mais il est aussi économique et financier quand on sait que de tout temps, les militaires ont fait main basse sur les richesses du Soudan, mettant l'économie sous coupe réglée. C'est de là que Hemidti tient sa fortune, sinon on ne peut pas comprendre que des forces paramilitaires défient de façon ouverte une armée régulière.
Impliqué dans mille et un trafics, il a pu se constituer un véritable trésor de guerre qui l'autorise à avoir des ambitions. C'est clair qu'il veut être khalife à la place du khalife. C'est du ôte-toi que je m'y mette pour le malheur des Soudanais qui souffrent le martyre depuis bien longtemps.
Après les années de plomb d'Omar el-Béchir, ils avaient très vite pensé qu'un nouveau soleil se levait sur leur pays ; hélas, ils en sont revenus depuis. C'est à se demander même si après les manifestations, qui ont été souvent réprimées dans le sang par les militaires et maintenant les militaires et les paramilitaires qui s'affrontent, s'ils ne regrettent pas le despote Omar el-Béchir.
Mais le plus urgent pour l'heure, c'est comment sortir de cette impasse. Il y a les parrains régionaux des deux camps, il y a la communauté internationale, mais pour le moment, personne ne semble entendre raison. Et chaque jour qui passe sans que les armes se taisent approche un peu plus le Soudan du chaos.