A quand le départ d'Idrissa Seck de Rewmi de la présidence du Conseil économique, social et environnemental (Cese) ? C'est là la question qui turlupine moult observateurs de la scène politique, après la sortie du leader de Rewmi annonçant sa candidature à la présidentielle 2024. En tout cas, le ton monte de plus en plus au sein du Cese, exigeant la démission ou l'éviction du président en exercice depuis son ralliement à la coalition Benno Bokk Yaakar. A défaut d'un retrait d'Idrissa Seck pour se conformer à la posture coutumière et/ou républicaine de tout candidat à la présidentielle engagé contre le pouvoir en place, la balle semble du côté du Président de la République, Macky Sall, dont la réponse est très attendue, au prochain Conseil des ministres. A moins que le deal que certains esprits subodorent dans la sortie d'Idrissa Seck, destinée à enfumer vraisemblablement l'opposition, ne se vérifie !
A moins de dix mois de la présidentielle 2024, la tension qui a fini de parasiter toutes les institutions de la République, à l'instar de l'Assemblée nationale, du fait du «mortal kombat» que se livrent le pouvoir et l'opposition pour la magistrature suprême, vient de gagner le Conseil économique, social et environnemental (Cese). L'institution dirigée par Idrissa Seck de Rewmi est en pleins remous depuis la prise de parole de ce dernier relativement à sa candidature à la présidentielle de février 2024. Pour cause, la sortie du président du Cese, ancien Premier ministre arrivé en deuxième position à la présidentielle 2019, de surcroît membre de la conférence des leaders de la coalition présidentielle, Benno Bokk Yaakar, est une pilule difficile à avaler pour beaucoup de membres du Cese.
Après ainsi les récriminations au vitriol de l'Apr (Alliance pour la République-parti au pouvoir), via le Premier ministre Amadou Ba, le président du groupe parlementaire de la majorité Dr Oumar Youm, le ministre de l'habitat Abdoulaye S Sow, c'est au tour des membres du bureau du Conseil économique, social et environnemental (Cese) de monter au créneau contre Idrissa Seck. Par le biais d'un communiqué de presse suivi d'un point de presse, huit des douze membres du bureau du Cese ont tiré à boulets rouges sur leur président qu'ils accusent de bloquer le fonctionnement de l'institution. Aussi, les Vice-présidents Woula Ndiaye, Aida Sougou et Omar Ba accompagnés de cinq Secrétaires Élues dont Ndiouck Mbaye et Gade Sall diront sans fioritures que « Depuis des mois, le bureau du Conseil économique, social et environnemental (Cese) connait des manquements graves qui empêchent l'institution de jouer son véritable rôle dans l'architecture institutionnelle sénégalaise ».
Et de poursuivre : « Ces dysfonctionnements sont causés essentiellement par l'absentéisme et l'oisiveté de son président qui, visiblement, ne prend pas le Cese pour une charge par laquelle il participe au développement du Sénégal, mais considère sa fonction comme une position de sinécure ». Conséquence, notent-ils, le président Idrissa Seck « a fini de faire de l'institution un instrument à la solde d'un agenda politique. Ce qui la détourne incontestablement de sa vocation d'organe consultatif, devant réfléchir et proposer des solutions sur des questions d'intérêt national ».
Cette attaque ad hominem contre le leader de Rewmi vient conforter la posture des Conseillers de la coalition Bby du Cese qui se sont réunis dimanche pour apporter une « réponse politique » à leur président Idrissa Seck, suite à sa déclaration de candidature. Aussi avaient-ils dit, « Après avoir pris connaissance de la sortie politique malheureuse de M. Idrissa Seck, président du Cese ce vendredi 14/04/2023 à Thiès, les conseillers membres du Cese ayant comme obédience politique la coalition Bby, (plus de 30 maires et membres de conseil départemental et de la Diaspora), se sont réunis... à Dakar en vue d'apporter une réponse politique à la déclaration politique de Monsieur Idrissa Seck Seck, non moins actuel président du Cese ».
Dans la foulée, ils ont qualifié la sortie d'Idy de « malheureuse » d'autant qu'elle «s'apparente beaucoup plus à une envie d'exister politiquement que de trouver une solution politique à la situation actuelle du pays». Dénonçant par ailleurs «les propos teintés de manipulation de l'opinion et de délation à l'endroit de hautes personnalités de ce pays », ils invitaient Idrissa Seck à soumettre sa démission de président du Cese ainsi que celle des ministres des Sports et de l'Élevage dont son parti a la charge au sein du gouvernement, De plus, les conseillers du Cese membres de Benno Bokk Yakaar ne réclamaient ni plus ni moins que « l'exclusion de Monsieur Idrissa Seck de la conférence des leaders de Bby ».
Macky Sall poussé à jouer l'arbitre
A défaut d'un départ du Cese de son propre chef ou du retrait des ministres Rewmistes du gouvernement, Idrissa Seck qui n'a posé aucun geste allant dans ce sens semble dans l'attente d'une décision du Président Macky Sall. Alors qu'en temps ordinaire, un chef de parti qui porte sa candidature à la présidentielle coupe toute alliance avec le pouvoir en place, Idrissa Seck cultive encore le flou artistique. Al'aune du «mbourou ak soow ».
A preuve, face aux attaques de tous ordres du parti présidentiel après sa déclaration de candidature, Idy a invité les responsables rewmistes à ne pas répondre aux attaques et à se conformer à la stratégie de massification et de redynamisation de son parti et de...Benno Bokk Yakaar. «Je demande à tous nos responsables de poursuivre l'application stricte de la feuille de route que je vous ai déclaré avoir été fixée par le président de notre coalition: Fortifier nos partis respectifs et consolider l'unité et la solidarité au sein de notre coalition». Suffisant pour pousser certains esprits à parler de deal entre Macky Sall et Idrissa Seck, dont la dernière sortie serait une sorte d'écran de fumée pour embobiner l'opposition.
Quoi qu'il en soit, la réponse très attendue de Macky Sall, au prochain Conseil des ministres, ne manquera pas d'éclairer sur les tenants et aboutissants de cette sortie du leader de Rewmi qui dépare, par suite, avec la posture coutumière d'un candidat à la présidentielle : se désaffilier du pouvoir en place pour aller à la conquête de la magistrature suprême.