Burkina Faso: Salam du Ramadan - La diversité religieuse

Louanges à Allah comme il sied à la majesté de Sa face ainsi qu'à la grandeur de Son trône. Louanges infinies à Lui pour Ses innombrables bienfaits. Que Sa paix et Ses bénédictions se déversent abondamment sur Son noble Prophète Mouhammad ainsi que sur ceux qui le suivent.

L'un des cadeaux les plus précieux de Dieu à l'homme est la liberté. Une liberté qui s'étend sur la croyance et lui permettant de croire ou de ne pas croire. Et dans la liberté de croire, l'homme, dans la conscience éclairée, a moult choix à opérer.

Et chacun doit pouvoir opérer son choix sans aucune contrainte quelconque. A cet effet, Allah est clair quand Il nous affirme : « Point de contrainte en matière de religion » (S02V256). Ce verset implique que nul ne peut être contraint de suivre une religion et nul ne peut, non plus, être empêché de la pratiquer.

La religion n'est-elle pas croyance et soumission volontaires et par amour à la divinité ? Dans une situation pareille, nul, en dehors de Dieu, ne détient le monopole de la vérité car Il S'appelle Lui-même Al Haqq (La Vérité). Il nous enseigne que la diversité de croyances et de religions est de l'ordre de Sa volonté.

En effet, dans Son omniscience et Son omnipotence, Dieu aurait pu faire de nous une seule communauté de foi mais Il a décidé autrement : « Si Dieu l'avait voulu, Il aurait fait de vous une seule communauté mais il en est ainsi afin de vous éprouver en ce qu'Il vous a donné. Rivalisez donc de bonté » (S05V48).

La diversité apparait, alors, pour chaque croyant comme un défi. Elle est notre épreuve de tous les jours, de tous les temps. Il en est ainsi parce que la diversité nécessite d'aller au-delà de nos coreligionnaires pour dialoguer avec les autres, accepter la différence, nous libérer des préjugés et « à édifier non pas des murs, mais des ponts, pour que les personnes puissent se rencontrer et se construire ensemble les uns avec les autres ».

Telle est la volonté d'Allah exprimée en ce sens : « Ô gens ! Nous vous avons créé d'un mâle et d'une femelle, et nous avons fait de vous des peuples et des tributs, pour que vous vous entre-connaissiez » (S49V13). Même en temps de guerre, la diversité religieuse doit être maintenue et respectée. Abu Bakr, lorsqu'il envoya Usâma en expédition en Syrie, lui indiqua les enseignements du Prophète en lui donnant les directives suivantes :

« Fais confiance à Dieu ; tu ne toucheras pas les personnes âgées, ni les enfants, ni les femmes. Tu ne les attaqueras pas et ne leur feras rien. Tu n'arracheras pas les arbres fruitiers. Quant à ceux qui se sont protégés dans un lieu de culte, tu les laisseras.

Il y a un ennemi : cet ennemi est armé. Les femmes, les enfants, les personnes âgées et les hommes de religion, tu les laisseras ». En outre, le Prophète appelle, clairement, au respect des autres croyances et affirme que : « Quiconque fait du mal à un Chrétien ou à un Juif sera mon ennemi le jour du Jugement ».

Il l'illustre dans le pacte sur les relations entre les musulmans et les autres communautés religieuses établies à Médine, les juifs et les chrétiens. Clairement, le pacte stipulait que « Ils ont les mêmes droits et les mêmes devoirs ». Toute la vie du Prophète est un excellent modèle de coexistence avec les autres religions. On se rappelle le Prophète allant visiter un enfant juif malade qui avait l'habitude de venir jouer avec lui.

Que dire de la voie tracée par ce dernier quand il reçoit les Chrétiens de Najaran dans sa mosquée et de leur permettre de prier dans la dite mosquée quand il était l'heure de leur prière. C'est le même cas lorsque Omar ben Khattab à la tête d'une forte délégation a été reçu à l'église à Jérusalem. In fine, nous ne sommes pas des juges.

Il n'y a qu'un seul juge, Allah. Nous avons le devoir de croire et d'oeuvrer de la belle manière. Il appartient à Allah de juger chacun en fonction de ce qu'il a oeuvré. Il faudrait, alors, rappeler à chaque Burkinabè que l'une des précieuses richesses du Burkina Faso demeure, non ses ressources naturelles, mais sa diversité ethnique, linguistique, religieuse... Travaillons à nous appuyer dessus pour construire une "Nation" prospère et laisser un meilleur Burkina Faso pour nos enfants. Seigneur Allah, permets-nous de voir, en chaque homme, Ta face. NB : La foi musulmane est une foi active qui impose un devoir de présence.

Dr Inoussa COMPAORE

Imam à l'AEEMB et au CERFI

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