Reprendre la main sur la situation sécuritaire, tout en assurant la quiétude de la population avant, pendant et après l'élection présidentielle. Ce sont les défis que se lancent les Forces de défense et de sécurité à travers des opérations d'envergure nationale.
Anticipation. Voilà le mot d'ordre au sein des Forces de défense et de sécurité (FDS). Ceci, dans l'optique de l'élection présidentielle. Le but est d'assurer une certaine quiétude avant, pendant et après le processus électoral. Une réunion à cet effet s'est tenue au ministère de la Défense nationale, le 11 avril. Un rendez-vous conduit par l'hôte du jour, le général Josoa Rakotoarijaona, ministre de la Défense nationale, avec à ses côtés, le contrôleur général de police Fanomezantsoa Randrianarisoa, ministre de la Sécurité publique, et le général Serge Gellé,
secrétaire d'État à la gendarmerie nationale. Sans ambages, la reprise en main de la situation sécuritaire et la gestion de la sécurité ainsi que l'ordre public dans le contexte électoral est l'objet de cette réunion. C'est dans l'optique de ce double objectif que des opérations de rétablissement de l'ordre, surtout dans les zones sensibles, sont lancées depuis quelques jours, à l'instar de l'opération Tselatra. Comme l'affirme le général Lala Monja Delphin Sahivelo, Chef d'état-major des armées (CEMA), l'opération Tselatra "se déploie sur l'ensemble du territoire, les zones rurales et urbaines, avec un accent particulier sur les zones rouges". Autant dans les grandes villes que les zones rurales, les actions militaires et policières se traduisent par un déploiement sur terrain.
À Antananarivo, par exemple, les patrouilles s'intensifient. Les informations rapportant l'arrestation de présumés malfrats ou de bandits, voire de présumés malfaiteurs abattus s'enchaînent. En face pourtant, les rapports de larcins, agressions et attaques à main armée sont toujours d'actualité.
La semaine dernière, les trois membres du gouvernement chargés de la défense et de la sécurité, accompagnés du haut commandement militaire et policier, ont effectué une descente sur terrain à Antananarivo. Une sortie pour affirmer l'intransigeance et la tolérance zéro des FDS face à l'insécurité et témoigner le soutien indéfectible du commandement envers les éléments déployés sur terrain.
S'agissant de l'opération Tselatra, un accent particulier est mis sur Antananarivo et Toamasina, où il y a un relent de l'insécurité urbaine. Les localités rurales des régions Alaotra-Mangoro et Anosy sont aussi dans la liste des priorités, tout comme l'Atsimo Andrefana. Avec les soucis dans le commerce de la vanille, les régions Sava, Diana et Analanjirofo sont également particulièrement surveillées en matière de sécurité et ordre public.
Garde-fou
Lors de son déplacement à Ambositra, samedi, Andry Rajoelina, président de la République, a donné comme consigne de vive voix et publiquement une reprise en main, rapide, de la situation sécuritaire dans le district de Manandriana. Comme mentionné précédemment, préserver l'ordre public avant, pendant et après l'élection présidentielle est l'autre raison du branle-bas de combat déclenché depuis quelques jours au sein des FDS. Dans le contexte électoral, où la température politique se réchauffe, les actes de banditisme, l'insécurité sont souvent considérés comme des catalyseurs de déstabilisation. La sortie médiatique et les descentes sur terrain, toujours ensemble, des trois officiers généraux, dans le contexte électoral, sont aussi une manière d'affirmer que les actions des FDS sont pleinement soutenues par les ministres chargés des démarches politiques en matière de défense et de sécurité urbaine et rurale.
Tout comme en 2018, les FDS veulent visiblement jouer le rôle de garde-fou, face à d'éventuelles dérives en ces temps électoraux. D'autant plus qu'au regard des mots et des verbes balancés par certains acteurs, la température politique monte de jour en jour. Effectivement, sur terrain, les éléments des forces de l'ordre sont au front. Une situation relativement compliquée lorsqu'il s'agit de préservation de l'ordre public dans les meetings ou manifestations politiques. Tout l'enjeu est de faire respecter la loi, préserver l'ordre public, sans pour autant faire un excès de zèle. Une situation pas du tout évidente en cette période de pré-campagne où les dispositions légales sur les manifestations publiques sont confuses. Elle sera plus claire, néanmoins, lorsque viendra la période officielle de campagne électorale. La vigilance des FDS s'impose aussi face aux discours d'une frange de la classe politique qui martèle des risques de troubles, voire de "violences", post-électoraux.
Il y a de potentiels candidats et leurs partisans qui s'affichent déjà en vainqueur avant l'heure. Et semblent préparer l'opinion publique d'une probable contestation des résultats s'ils ne sont pas en leur faveur. Les textes électoraux prévoient des recours légaux à cet effet. Seulement, l'éventualité d'une contestation hors du cadre légal est toujours à prendre en compte. Il appartiendra aux FDS d'être les derniers remparts pour éviter que le pays ne s'embrase. À l'instar de toutes les entités publiques, les FDS, elles aussi, marchent sur des oeufs en cette période électorale. Elles devront s'appliquer à rester dans le cadre strict de la loi pour ne pas être accusées de partialité. L'impartialité par l'application stricte de la loi facilitera, le cas échéant, son rôle de garde-fou.