« La science et la recherche n'arrivent pas encore à trouver leur place dans le monde des entreprises pour y apporter de la valeur ajoutée. Rares sont les entreprises qui peuvent se permettre d'allouer une part de leur bénéfice ou de leur chiffre d'affaires dans la recherche. Pourtant, celles qui le font réussissent bien ».
Ce constat vient d'être rappelé lors d'une rencontre d'échanges entre scientifiques et membres du secteur privé. La question de la contribution de la recherche au développement économique du pays a fait l'objet d'une table-ronde ce vendredi 14 avril à la faculté des Sciences de l'Université d'Antananarivo. Parmi les intervenants, notons le Pr Hyacinthe Randriamahazaka du Centre National de Recherche Scientifique (CNRS) France, le Pr Fano Andriamahefazafy, Doyen de la Faculté DEGS d'Antanana-rivo et Rivo Rakotondrasanjy et de Rivo Rakotondrasanjy, président de la Chambre de Commerce et d'Industrie d'Antananarivo (CCIA) et du groupement des opérateurs économiques nationaux, le Fivmpama.
Les échanges lors de cette table-ronde, qui a vu la participation de nombreux étudiants, ont permis de situer les blocages qui ne permettent pas aux chercheurs de contribuer davantage au développement de l'économie en général et des entreprises en particulier. Parmi ceux-ci, notons le manque de moyens, l'insuffisance d'informations pertinentes sur les réels besoins des entreprises et la faiblesse de la coopération entre les diverses parties prenantes.
« Le tissu économique formel malgache ne pèse que 58% du Produit Intérieur Brut (PIB) du pays. Il est composé à plus de 90% de petites structures, des Petites et Moyennes Entreprises (PME) et des Très Petites Entreprises (TPE) à l'échelle du pays, dont 90% encore évoluent dans le secteur du commerce, 7% dans l'industrie de transformation, et seulement 3% dans le secteur primaire », a aussi rappelé Rivo Rakotondrasanjy à cette occasion. Manière d'attirer l'attention des uns et des autres sur les spécificités du dispositif productif malgache et de la nécessité pour les chercheurs de s'y adapter.
La tenue de la table-ronde a été favorablement accueillie par les représentants du secteur privé qui ont tenu à féliciter la Faculté des Sciences de l'Université d'Antananarivo pour cette initiative. L'importance stratégique de la recherche pour les entreprises a été partagée par les participants. Et, de commun accord avec la Faculté, la Chambre de Commerce et d'industrie d'Antananarivo s'est engagée à organiser des rencontres périodiques sur des thématiques sectorielles, entre des chefs d'entreprises et des chercheurs et étudiants.
Valoriser les recherches
Une convention sera établie. « Les étudiants vont organiser les rencontres avec l'exécutif de la CCIA », a-t-on aussi rapporté. D'après le président de la CCIA, il s'agira dans un premier temps de « démystifier cette relation ». Puis, « travailler pour rendre systématique les échanges, et aboutir à une collaboration gagnant de type gagnant qui valorise les travaux de recherches tout en développant les entreprises».
Selon les données de la Banque Mondiale, ces vingt dernières années, la production de travaux de recherche dans le domaine des sciences, et technologie de l'ingénierie et mathématiques (STIM) émanant de chercheurs africains a triplé. Mais l'institution de Bretton Woods constate aussi que malgré les progrès enregistrés, la fréquence et la qualité de ces publications devront être améliorées. On sait en outre que les sciences et technologies de l'ingénierie et mathématiques ne représentent que 29% des recherches scientifiques en Afrique.
Pour le cas de Madagascar, quelques initiatives ont été entreprises pour appuyer les chercheurs et faire connaitre les travaux effectués. Entre autres exemples, notons le projet du Centre Arrupe Madagascar, mettant en oeuvre des actions pour valoriser les résultats de recherche et rendre accessibles les documentations à travers la production de revues. Ce qui a abouti à l'édition d'Ilontsaina, une production scientifique à comité de lecture qui répond aux normes internationales.
Cette revue vise à sensibiliser les chercheurs à partager et à valoriser leurs savoirs pour contribuer au développement ; récolter et publier ainsi les résultats de recherches qui peuvent servir à l'amélioration de la situation actuelle du pays. Les articles publiés couvrent divers secteurs dits prioritaires de la société : social, économie, technologie et écologie. Ilontsaina est une revue périodique semestrielle, et compte sur la contribution des chercheurs pour appuyer son apparition régulière.
À savoir, enfin, qu'il existe à Madagascar un certain nombre de centres nationaux de recherche qui produisent, bon an mal an, une trentaine de documents. Notons parmi ceux-ci le
Foibem-pirenena momba ny FIkarohana ampiharina amin'ny Fampandrosoana ny eny Ambanivohitra (FOFIFA), le Centre National de Recherches Océanographiques (CNRO), le Centre National d'Application des Recherches Pharmaceutiques (CNARP), le Centre National de Recherches Industrielles et Technologiques (CNRIT), le Centre National de Recherche pour I 'Environnement (CNRE) et l'Institut National des Sciences et Techniques Nucléaires (INSTN).