Congo-Kinshasa: Beni - Le Fonds social de la République sensibilisé contre les exploitations et abus sexuels

communiqué de presse

« Aucune couche sociale ne doit être laissée de côté dans le cadre de cette campagne de sensibilisation que nous avons lancée il y a cinq mois avec notre partenaire, la section Conduite et Discipline de la MONUSCO [CDU]. Il s'agit d'aller dans tous les quartiers de la ville, de parler avec les différentes couches de la population de ce phénomène qui donne une mauvaise image des Nations Unies à cause d'une poignée d'agents qui se comportent mal vis-à-vis des populations locales », expliquait jeudi 13 avril dernier le président du réseau communautaire de canalisation des plaintes d'inconduite des agents des Nations Unies (CBCN) à Beni, dans le Nord-Kivu.

C'était au cours d'une sensibilisation à la prévention et ä la lutte contre les abus et exploitations sexuels en faveur des agents du Fonds social de la République du quartier Matembo. Ce dernier héberge la plus grande base militaire de la MONUSCO à Beni/Mavivi, dans la commune de Mulekera.

Pour le président du CBCN/Beni, les problèmes d'abus et exploitations sexuels ne concernent pas que le personnel onusien.

« Les problèmes que nous adressons avec le personnel des Nations Unies peuvent aussi se poser à des services nationaux où des femmes subissent parfois le harcèlement (...) de leurs supérieurs hiérarchiques ; mais par ignorance ou par peur, elles n'osent pas en parler. C'est aussi l'occasion, à travers ces sensibilisations, d'aider ces personnes à connaître leurs droits, et, surtout, de leur apprendre comment dénoncer ce genre d'abus », a-t-il ajouté.

Selon lui, le Fonds social de la République faisant exécuter les travaux d'assainissement des rues de la ville de Beni, avec le financement de la Banque mondiale, les notions de PSEA (prévention contre les abus et exploitations sexuels) devraient être intégrées dans la gestion du personnel ouvrier qui exécute ces travaux, « pour éviter qu'un chef ne profite de sa position pour échanger du sexe contre du travail avec des bénéficiaires ».

Les quelque 250 participants, dont 178 femmes, ont positivement accueilli cette démarche qui, selon eux, leur a permis de découvrir leurs droits. L'une des participantes déclare, par exemple, avoir compris que le travail qu'ils exécutent avec le Fonds social de la République ne peut jamais être négocié ou échangé contre du sexe.

Muyisa Kambale, chef de chantier au quartier Matembo, se réjouit de cette sensibilisation, estimant que d'autres séances sont nécessaires. « L'activité était vraiment bien, malheureusement le temps était très court ; nous souhaiterions qu'ils reviennent pour qu'on parle un peu plus longuement. On a sensibilisé nos bénéficiaires en leur disant que si un des chefs les courtise pour des relations sexuelles, elles doivent dénoncer rapidement », a-t-il affirmé.

Des numéros verts pour rapporter des cas de méconduite

Afin de rapporter les cas d'inconduite des agents des Nations Unies et des humanitaires, le CBCN a communiqué aux participants les numéros verts disponibles (495555 pour les alertes de PSEA et 081 890 7181) qu'on peut appeler pour dénoncer des actes de méconduite : grossesses non assumées, maladies sexuellement transmissibles, cas de fraude, utilisation des enfants mineurs pour se procurer des stupéfiants, etc.

« A notre tour, nous nous engageons à rappeler à nos bénéficiaires lors de nos parades hebdomadaires ce que nous avons appris ensemble. Vous devez savoir que dans notre culture, les femmes sont sous-estimées, mais grâce à ce genre de sensibilisation, elles commencent à avoir un peu plus de place dans la société. C'est important de poursuivre avec ce genre de formation pour leur permettre de comprendre qu'elles ne sont pas des objets sexuels ou de plaisir », a ajouté M. Muyisa Kambale.

Depuis décembre 2022, plus de 500 personnes ont été formées et/ou sensibilisées à la lutte contre les abus et exploitations sexuels commis par des agents des Nations Unies dans la ville de Beni au Nord-Kivu.

Parmi elles, des élèves des écoles secondaires, des étudiants, des taximen motos, des femmes libres ou vendeuses dans des bistrots et autres restaurants, des travailleurs et employés de certains services, dont le Fonds social de la République.

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