Le Zimbabwe célèbre le 43e anniversaire de son émancipation du régime colonial dans un contexte marqué par un rétrécissement rapide de l'espace civique, caractérisé notamment par une criminalisation de la dissidence visant les militant·e·s politiques et les défenseur·e·s des droits humains, a déclaré Amnesty International mardi 18 avril 2023.
Quarante-trois ans après l'indépendance du pays, les autorités zimbabwéennes ne garantissent toujours pas dans la pratique les droits à la liberté d'expression, d'association et de réunion pacifiqueFlavia Mwangovya, directrice régionale adjointe d'Amnesty International pour l'Afrique de l'Est et l'Afrique australe
« Quarante-trois ans après l'indépendance du pays, les autorités zimbabwéennes ne garantissent toujours pas dans la pratique les droits à la liberté d'expression, d'association et de réunion pacifique, qui sont de plus en plus menacés bien qu'inscrits dans la Constitution et protégés par le droit international, a déclaré Flavia Mwangovya, directrice régionale adjointe d'Amnesty International pour l'Afrique de l'Est et l'Afrique australe.
« Le droit à la liberté de réunion pacifique est constamment bafoué et affaibli par les autorités, qui refusent d'autoriser certains rassemblements du principal parti d'opposition, arrêtent et condamnent des manifestant·e·s pacifiques et ont recours à une force excessive et injustifiée pour disperser des manifestations.
« À l'approche des élections qui doivent se tenir au Zimbabwe courant 2023, les droits à la liberté d'expression, d'association et de réunion pacifique sont de plus en plus attaqués. Les voix dissidentes font l'objet d'une criminalisation, qui se traduit notamment par le placement en détention provisoire prolongée de certains militant·e·s de l'opposition, a déclaré Flavia Mwangovya.
Les autorités doivent cesser d'ériger la dissidence en infraction et garantir des conditions égales à tous et à toutes dans le contexte des élections qui approchent à grands pasFlavia Mwangovya
« Les autorités doivent cesser d'ériger la dissidence en infraction et garantir des conditions égales à tous et à toutes dans le contexte des élections qui approchent à grands pas. L'opposition doit être libre de mener campagne et les personnes et les groupes doivent être protégés des violences motivées par des considérations politiques.
« Les autorités doivent défendre, protéger et faire respecter les droits à la liberté d'expression, d'association et de réunion, ainsi que garantir les droits socioéconomiques de chaque Zimbabwéen·ne. »
Complément d'information
Le Zimbabwe s'est émancipé du régime colonial britannique le 18 avril 1980. Le 18 avril 2023 marque donc le 43e anniversaire de son indépendance. Cependant, comme le souligne Amnesty International dans son Rapport annuel 2022/23 , on constate dans le pays une tendance inquiétante à la fermeture de l'espace civique, et les droits à la liberté d'expression, d'association et de réunion pacifique y sont menacés. Des membres et sympathisant·e·s du principal parti d'opposition ont été violemment attaqués lors de rassemblements politiques.
Des manifestations ont été de fait interdites, comme le montrent l'arrestation et la détention de Job Sikhala et de Godfrey Sithole pour incitation à la violence, l'arrestation en septembre 2022 de 19 étudiant·e·s de l'Université du Zimbabwe qui avaient manifesté pacifiquement dans le cadre du mouvement #FeesMustFall contre l'augmentation des frais de scolarité, la condamnation de Tsitsi Dangarembga et de Julie Barnes, et celle plus récente de Fadzai Mahere.