Au terme de sa visite de solidarité en Somalie, le chef de l'ONU a réaffirmé mercredi l'engagement de l'organisation mondiale à soutenir ce pays de la Corne de l'Afrique sur la voie de la paix et de la stabilité.
« La Somalie est confrontée à de nombreux défis, mais dans l'esprit du Ramadan, j'apporte également un message d'espoir et de renouveau : les Nations Unies sont solidaires du peuple somalien. Unissons-nous pour faire progresser la paix et la sécurité, le développement durable et les droits de l'homme - et construire un avenir meilleur pour tous les Somaliens », a déclaré le Secrétaire général António Guterres.
Il s'exprimait lors d'une conférence de presse dans la capitale somalienne, Mogadiscio, au deuxième et dernier jour de sa visite en Somalie.
Progrès et soutien
En dépit de graves difficultés, le peuple somalien continue à faire preuve d'une force et d'une résilience considérables, a salué le chef de l'ONU.
« Au cours des six années qui se sont écoulées depuis ma dernière visite, nous avons constaté des progrès en matière de paix, de sécurité et de développement durable », s'est félicité M. Guterres.
Il a déclaré que lors de ses entretiens avec le Président Sheikh Mohamud et le gouvernement mardi, il avait « salué les efforts du Président pour faire avancer la paix et la sécurité », et « souligné l'importance d'une collaboration étroite avec les États [membres] fédérés pour faire face aux menaces posées par Al-Shabaab ».
M. Guterres et les autorités somaliennes ont également discuté de la manière dont le système des Nations Unies peut continuer à aider la Somalie « à tirer parti de cette dynamique positive ».
« Les Nations Unies se sont engagées à soutenir les efforts nationaux et régionaux visant à protéger les droits de l'homme et à lutter contre le terrorisme et l'extrémisme violent », a souligné le Secrétaire général, précisant que ce soutien passe notamment par la Mission de transition de l'Union africaine en Somalie (ATMIS), une mission multidimensionnelle qui comprend des composantes militaire, policière et civile et qui est mandatée par le Conseil de sécurité de l'ONU pour aider les forces de sécurité somaliennes dans leur lutte contre le groupe terroriste Al-Shabaab.
La vision de la société civile
Lors de son séjour à Mogadiscio, le Secrétaire général a également rencontré des représentants d'organisations de la société civile somalienne travaillant dans les domaines de l'autonomisation des femmes, du changement climatique, des personnes handicapées, des jeunes et des groupes marginalisés.
Il a déclaré aux médias qu'il était « profondément inspiré par leur vision et leur énergie ». « Un espace civique sûr et inclusif est essentiel à la bonne gouvernance et peut contribuer à prévenir et à réduire la violence. La pleine participation des femmes et des jeunes de Somalie à la vie politique - y compris à la révision constitutionnelle - est essentielle », a affirmé M. Guterres, saluant l'engagement du gouvernement en faveur des droits et de la représentation des femmes.
« J'appelle à la pleine mise en oeuvre et à la codification du quota de 30% de femmes dans les élections », a dit le chef de l'ONU.
En effet, lors du dernier processus électoral en Somalie, qui s'est achevé en 2022, l'objectif était d'atteindre un minimum de 30% de représentation féminine au sein du parlement fédéral.
Au final, les femmes n'ont occupé que 21% des sièges parlementaires, contre 24% lors des processus électoraux de 2016/17. Les Nations Unies ont déclaré que le respect du quota de 30% était un premier pas important vers une pleine représentation et une société inclusive en Somalie.
Crise humanitaire
La précédente visite du Secrétaire général en Somalie, en 2017, s'était déroulée dans le cadre d'une opération humanitaire de grande envergure visant à prévenir la famine. Cette année, sa visite a eu lieu alors que la Somalie est aux prises avec une sécheresse dévastatrice qui a entraîné la mort de 43.000 personnes pour la seule année 2022.
Le risque de famine est imminent
Selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA), quelque 8,3 millions de Somaliens ont besoin d'une aide d'urgence.
« Aujourd'hui, la situation est à nouveau alarmante. Le changement climatique provoque le chaos. Les communautés pauvres et vulnérables sont poussées par la sécheresse au bord de la famine, et la situation peut empirer », a déclaré M. Guterres.
La sécheresse a provoqué le déplacement de 1,4 million de Somaliens, dont 80% de femmes et d'enfants. Les prix des denrées alimentaires augmentent et aggravent la faim et la malnutrition. D'ici au mois de juin, quelque 6,5 millions de Somaliens devraient être confrontés à des niveaux élevés d'insécurité alimentaire aiguë, et le risque de famine est imminent.
« Nous devons agir maintenant pour éviter une catastrophe. Hier, je me suis rendu à Baidoa et j'ai parlé aux familles qui ont perdu leurs moyens de subsistance à cause de la sécheresse et de l'insécurité. J'ai également été impressionné par leur résilience, leur courage et leur détermination à reconstruire leur vie, mais ils ne peuvent pas le faire seuls », a déclaré M. Guterres.
Une réponse sous-financée
« Je lance un appel pressant aux donateurs pour qu'ils soutiennent les Somaliens en ces temps difficiles », a-t-il poursuivi. « La communauté internationale a la responsabilité et l'intérêt de soutenir la Somalie avec les ressources nécessaires pour vaincre Al-Shabaab, pour renforcer la résilience et [stabiliser] les zones libérées et pour fournir l'aide humanitaire nécessaire ».
Il est inadmissible que les Somaliens, qui n'ont pratiquement rien fait pour créer la crise climatique, en subissent les terribles conséquences, au moment même où ils commencent à sortir d'années de conflit et d'insécurité
Le Plan de réponse humanitaire 2023 de la Somalie, élaboré par OCHA et ses partenaires humanitaires, identifie les besoins humanitaires les plus critiques dans le pays, propose un plan de réponse et détermine le budget nécessaire pour y répondre.
Le plan de cette année demande 2,6 milliards de dollars. Jusqu'à présent, les niveaux de financement s'élèvent à environ 15%, soit 347 millions de dollars.
« Lorsque la famine menace, cette situation est totalement inacceptable », a déclaré M. Guterres affirmant que la communauté internationale « doit intervenir et augmenter considérablement le volume des fonds pour soutenir la Somalie dans ce moment difficile ».
« Il est inadmissible que les Somaliens, qui n'ont pratiquement rien fait pour créer la crise climatique, en subissent les terribles conséquences, au moment même où ils commencent à sortir d'années de conflit et d'insécurité », a fustigé le chef de l'ONU.
La visite de deux jours du chef de l'ONU en Somalie s'inscrit dans le cadre de sa tradition annuelle de visites de solidarité dans les pays musulmans pendant le mois sacré du Ramadan, au cours duquel il participe à l'observation du jeûne et partage le repas de l'iftar.