Protéger les dernières forêts en contrôlant les importations de cacao, de café, d'huile de palme ou encore de caoutchouc, c'est l'objectif de la nouvelle loi européenne votée ce mercredi à Bruxelles. Premier producteur mondial de cacao, la Côte d'Ivoire estime avoir devancé cette loi en mettant justement en place un système de géolocalisation de la production. Mais nombre de chercheurs et spécialistes de la filière cacao doutent de l'efficacité d'une telle mesure européenne.
En recensant les plus d'un million de producteurs de cacao du pays, plus d'un million et en attribuant des cartes nominatives et la géolocalisation de leurs parcelles, le gouvernement ivoirien estime avoir devancé les demandes de Bruxelles qui estime que cette loi « va obliger les entreprises à garantir que certains produits vendus dans l'UE ne proviennent pas de terres déboisées ».
Questionné sur RFI sur de possibles tricheries, le ministre de l'Agriculture, Kobenan Kouassi Adjoumani, expliquait fin février : « Si vous n'êtes pas recensé, vos produits ne peuvent pas faire l'objet de commercialisation. Si vous produisez d'ordinaire cinq tonnes de cacao, mais qu'on constate que, pour cette campagne-ci, vous êtes allé au-delà, cela veut dire que vous êtes fautif et vous serez poursuivi ». Toujours dans cet entretien, le ministre indiquait que 15% du cacao était encore produit dans des forêts classées.
« La démarche européenne est bonne, mais comment l'appliquer ? » s'interroge Bakary Traoré de l'IDEF, l'association Initiatives pour le Développement communautaire et la conservation de la Forêt. « Comment vérifier ? Avec quels moyens contrôler les fèves sur place et justifier leurs provenances ? »
Chercheur au Cirad et spécialiste du cacao depuis 40 ans, François Ruf va plus loin. « Les forêts ont quasiment disparu, la production augmente chaque année. Je défie l'UE et les institutions d'obtenir des résultats et de protéger ce patrimoine forestier classé », lance-t-il.