L'Assemblée Générale (AG) de la plus grosse fédération de planteurs de vanille de Madagascar a eu lieu ce 19 avril, à Ambanja, dans le nord-ouest de l'île. L'occasion pour l'un de ses participants d'exprimer son inquiétude suite à la libéralisation annoncée de la filière par le gouvernement malgache le 13 avril. Explications.
Depuis plusieurs jours, à Madagascar, un vent d'inquiétude souffle sur les cultivateurs de vanille. La libéralisation de la filière, annoncée le 13 avril 2023 par le chef de l'État Andry Rajoelina, a causé remous et interrogations, notamment chez les premiers acteurs de la chaîne de valeur : les planteurs.
Ce 19 avril, à Ambanja, dans le nord-ouest de l'île, à l'occasion de l'Assemblée Générale (AG) de la plus grosse fédération de planteurs du pays, certains d'entre eux ont souhaité prendre la parole, et exprimer pour la première fois à haute voix leur avis, face aux médias, sur cette question de libéralisation du secteur vanille.
La tension y était palpable, où plus de 400 présidents d'associations et de coopératives s'étaient réunis pour participer à l'AG de leur Fédération. Et c'est en tant que président de l'association Volamena Maintso - ou « Or Vert », en français - qu'Edena Ramananto a pris la parole pour exprimer son désarroi et mettre le Président de la République face à ses contradictions.
« Il a imposé lui-même, en 2020, que le prix de vente de la vanille verte serait de 75 000 ariary le kilo [1 euro vaut actuellement 4 800 ariary, Ndlr], pour nous, planteurs, a débuté Edena Ramananto. Cette situation était profitable pour tous les acteurs de la filière. Or, il y a des groupes de personnes qui boudent, qui ont des tonnes et des tonnes de vanille dans leurs entrepôts et on pense que c'est à cause de cette situation que l'État fait machine arrière ».
Il poursuit : « On craint que le gouvernement se soit laissé influencer par certains exportateurs qui se moquent complètement de savoir si nous pourrons survivre à une telle décision. Parce que si la libéralisation sauvage est mise en place, les exportateurs seront capables de nous imposer l'achat de la vanille à 5 000 ariary [1,04 euro, Ndlr]. Et ça, ça peut provoquer le décès des planteurs. »
Chez les planteurs, l'épisode de la dernière libéralisation, en 2003, a laissé un goût amer. Les prix se sont envolés pour atteindre 500 000 ariary le kilo de verte, jusqu'au crack, l'année d'après, où son prix n'a pas dépassé les 5 000 ariary le kilo. C'est justement pour stopper cette fluctuation imprévisible qu'avait été instauré le prix plancher en 2020.
En revanche, les producteurs de vanille affirment être satisfaits de l'une des annonces du Président : « On est contents que le président ait décidé d'alléger les règles pour l'obtention des agréments d'export. C'est une concurrence saine. [1] Mais par rapport au prix, on préfère vraiment qu'il soit imposé, plutôt que ce soit le bazar ».
Le 24 avril, une réunion entre le chef de l'État et les exportateurs a été fixée pour débattre des conditions de libéralisation de la filière. Elle devrait être suivie par un autre débat, d'ici la fin de semaine, avec les importateurs internationaux cette fois. Une grande première.
[1] Environ 80 agréments ont été délivrés cette année. Deux cents demandes ont été déboutées par le ministère de l'Industrie et du commerce, sans qu'aucune explication n'ait été apportée.