Prenant en considération la recommandation de la Chambre basse du parlement formulée à la suite de la question orale avec débat initiée par Prosper Bukasa, Mme la Ministre de la tutelle administrative a frappé : "est suspendu de toutes ses fonctions au sein de la SNEL SA, M. Fabrice Lusinde Wa Lusangi, Directeur général".
Eh oui ! Le portefeuille n'a pas tardé à exécuter. Doit-on pleurer ? Doit-on se réjouir avec gorge déployée ? Le malheur des uns, ne fait-il pas le bonheur des autres ? Enigme. Pour le cas d'espèce, il y a à boire et à manger derrière cette révocation que certaines langues estiment extrêmement sévère notamment, au regard des réalités contraignantes ayant élu domicile dans nos différentes sociétés étatiques.
Que dire ? Une révocation qui intervient moins de huit mois après la nomination du désormais l'ex Directeur Général, frise un règlement des comptes, un acharnement, dès lors que les problèmes qui gangrènent nos différentes entreprises publiques proviennent de loin et souvent, de l'Etat lui-même qui a une part sombre.
Lors de son passage à l'hémicycle du palais du peuple, Lusinde avait fait part de son plan d'action 2023-2027, lequel portait sur le redressement de la SNEL SA. Il s'agissait de son propre diagnostic de ses premiers mois en tant que Directeur général de la SNEL SA, lequel s'articulait autour de l'amélioration du service à la clientèle, réduction des délestages et l'installation systématique des compteurs, soit un client, un compteur.
D'après lui, la grande faiblesse de la société, depuis sa création en 1970, c'est le fait que la majorité de ses clients ne disposent pas de compteurs. Sans compteur, on ne sait mesurer la quantité d'énergie qui circule dans la ville. Autrement dit, les origines de la décadence de la SNEL SA ne datent pas d'aujourd'hui. Allait-il, lui, régler les problèmes dans un laps du temps ? Sans un bâton magique, il est quasiment impossible d'y arriver.
Les problèmes ne sont pas que de la SNEL SA. Que dire de découplage entre la politique de l'urbanisme et la politique de l'électrification en milieu urbain ? En principe, lorsqu'on sollicite un permis de construire, on dépose en même temps un dossier dans lequel on inclut le schéma électrique et on précise la puissance pour laquelle on souscrit. Généralement, ces commissions se réunissent sans jamais associer les agents de la SNEL et de la Regideso. Ils viennent après, juste pour constater. Hélas !
Celui qui prendra les commandes de la SNEL SA doit faire très attention. Réussira-t-il là où d'autres ont lamentablement échoué ? Il y a nécessité d'attaquer les problèmes à la source. Et pour ce faire, le gouvernement congolais a une grande responsabilité non seulement pour redresser la SNEL SA, mais aussi pour le faire pour toutes les sociétés étatiques ou le libéralisme sauvage menace même l'avenir de la nation, à l'instar du très stratégique secteur de télécom où c'est manifestement la jungle. L'histoire nous rattrapera et les générations futures nous jugeront très sévèrement.