Madagascar: Association des paysans de la société Sahanala - Pour la dépolitisation de la filière vanille

Grands oubliés des débats sur le problème de la filière vanille, les paysans ont également leurs mots à dire. A travers la société Sahanala, ils comptent se faire entendre.

75 000 ariary !

La capitale de la Sambirano était hier le point de convergence des paysans investissant dans le secteur vanille, venus des quatre coins de l'Île. Les représentants des paysans des 13 régions où la société Sahanala intervient se sont donnés rendez-vous, à Ambanja, hier, pour l'Assemblée générale de la société. « Ce rassemblement est important pour parler de la situation de la filière vanille dans tout Madagascar », a ainsi fait comprendre le vice-président de la société, Stephano Sabotsy. Les discussions ont surtout été axées sur les intérêts des paysans. « La société appartient aux paysans, travaille pour eux et pour leurs intérêts », a, d'ailleurs, continué le vice-président avant d'ajouter que « cela se traduit par l'application du prix minimum des vanilles vertes à 75 000 ariary le kilo ». La dépolitisation de la filière vanille émerge également parmi les souhaits de ces hommes et femmes qui ont effectué des heures de trajets pour l'événement. « Nous demandons à ce que le secteur vanille ne soit pas mêlé à la politique, il s'agit d'un sujet tout à fait économique », a fait noter Rodin Rasamison, représentant des paysans de la région Analanjirofo. Et de continuer que « le secteur vanille ne doit pas constituer un lieu d'affrontement politique, il doit être un secteur pour développer la vie des paysans et de la nation ».

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Grands perdants

15 000 ménages, 60 000 paysans, 94 associations et présente dans 13 régions, la société Sahanala peut être considérée comme l'une des plus importantes sociétés intervenant dans cette filière. Elle s'y investit depuis environ 10 ans. Et l'assemblée générale d'hier a permis à ces 60 000 paysans de se faire entendre. « Avec 75 000 ariary le kilo, les collecteurs et les exportateurs peuvent tirer encore des bénéfices. Alors on ne voit pas pourquoi on n'applique pas ce prix. Et toute tentative de faire un changement qui va dans le sens inverse sera fatale pour les paysans », a clamé le président de l'association « Volamena Maintso », Eden Ramanato venant de Vohemar, durant la lecture de la résolution de l'Assemblée générale. Ibrahim, président de l'association Antsahavanille à Sambirano a par ailleurs, souligné que « la libéralisation de la filière vanille présente un grand risque. Les paysans sont les grands perdants car personne ne va plus acheter leur vanille verte au prix de 75 000 ariary au minimum. Il faut que l'Etat prenne les choses en main et fasse respecter ce prix minimum ». Armel, un paysan qui se trouve à Ambohimena, à Ambanja, a rappelé la vie qu'il a menée durant le temps où ce prix minimum était encore respecté. « On a mené une vie stable. Grâce aux revenus de la vanille, on a pu scolariser nos enfants, assurer des frais d'hospitalisation, la vanille c'est notre vie. Et il faut que l'Etat s'occupe de cette situation, et fasse appliquer le prix minimum de la vanille verte à 75 000 ar », a-t-il indiqué.

Tsy mivadi-belirano

Dans le cadre de la libéralisation, annoncée par le président Rajoelina à Sambava, les paysans craignent le pire. C'est-à-dire la suppression de ce prix minimum de la vanille verte. « Nous n'acceptons pas toutes les décisions qui ne permettent pas de maintenir le prix minimum de la vanille verte à 75 000 ariary le kilo », a poursuivi Eden Ramanato. Et d'expliquer qu'au cours d'une campagne, il ne doit pas y avoir de changement de législation. « Madagascar est un état de droit. Les dirigeants ont mûrement réfléchi avant de prendre leurs décisions. Et encore, nous les Malgaches, nous avons notre « soatoavina », on tient notre promesse, « tsy mivadi-belirano » », a-t-il ajouté, avant de conclure que « les paysans qui sont d'accord avec la décision de l'Etat de fixer le prix minimum de la vanille verte à 75 000 ariary sont beaucoup plus nombreux que les quelques personnes qui tirent profit de la décision inverse ». La balle est ainsi dans le camp de l'Etat qui a le dernier mot. Mais les paysans souhaitent que ce mot soit en leur faveur.

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