Afrique: Epidémie de Choléra dans les régions du centre et du littoral - La honte

La société camerounaise va mal, dit-on. La crise, présente dans tous les secteurs de la vie sociale, économique et politique, est devenue le lot quotidien. En fait, y a-t-il une vie au Cameroun au-delà de la crise sanitaire ? Malaise et tensions sociales, paupérisation insidieuse, insoutenable inconfort de la vie en ville et en campagne, gestion aberrante des ressources naturelles ...

Depuis plus d'un mois, le choléra est de retour et fait des victimes dans la région du Centre. L'épidémie touche déjà six districts de santé dans la région siège des institutions. Il s'agit des districts d'Obala, de Djoungolo, de la Cité Verte, de Biyem-Assi, de Mfou et de Nkoldongo. L'on dénombre cinq morts, 88 cas notifiés pour un taux de létalité de 5,68%. C'est du moins ce qu'affirme le ministre de la Santé publique dans un communiqué en date du 19 avril 2023

Nous sommes bel et bien en 2023, dans un pays situé un peu au-dessus de l'équateur, en Afrique centrale : le Cameroun. C'est l'occasion de montrer les difficultés d'un système sanitaire dont le schéma est imprégné dit on par le modèle occidental, mais qui fonctionne dans les conditions de dénuement total à l'image du pays.

Le décalage entre l'image que les populations et les autorités locales ont de la médecine avec le mythe d'un âge d'or colonial et la dure réalité alimente les frustrations diverses face à l'insécurité sanitaire devenue grandissante .

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Selon un récent rapport du Centre de coordination des opérations d'urgence de santé publique (CCOUSP), le Littoral et le Centre sont les deux régions qui restent active à l'épidémie de choléra. Sur l'ensemble du territoire, plus de 15 000 cas de la maladie ont été conformés à ce jour

Pour ceux d'entre nous qui ont encore la mémoire fraîche, il ya de cela plus de vingt-trois ans que nos autorités chantaient en choeur (SANTE POUR TOUS EN L'AN 2000)

Pour reprendre A. Mbog Pibasso in La Nouvelle Expression du 11 août 2010, ce « slogan creux comme on n'en a l'habitude dans ce pays, qu'on affubla aux Camerounais pendant les deux décennies qui ont précédé le début du troisième millénaire et dont incontestablement tout le monde, y compris les griots de services s'accordent qu'il n'en est rien, même dix ans après l'expiration de cette date jadis prophétique. La réalité du terrain est plutôt effarante, car, même le comprimé de nivaquine qui était gratuitement apporté comme « premier soin » pour un élève ayant chopé le paludisme à l'école n'existe plus ».

Le pays, qui a pu acquérir le mois dernier plus de 1,5 million de nouvelles doses de vaccins anticholériques à administrer dans le Centre, l'Extrême-Nord et le Littoral, déplore néanmoins une insuffisance de moyens logistiques et financiers ainsi qu'une faible remontée des données des états de stocks.

C'est déjà un début positif diront certains. Mais, nous restons convaincus qu'il fallait constituer la riposte large et efficace à cette épidémie de choléra depuis les apparitions des premiers cas signalés. Toute gesticulation de dernière minute ne pourra que produire ce qu'elle aura causé : L'abandon des bénéficiaires. Faudra t-il toujours attendre qu'il y ait mort d'Homme pour sortir de son ornière ?

A quand le même traitement pour les autres contrées du Cameroun ? Combien sont-ils, nos compatriotes, qui meurent chaque jour au Cameroun faute de soins élémentaires, soit parce qu'il leur a manqué de l'argent pour se rendre à l'hôpital, soit par manque d'hôpital ?

A Maroua, c'est tout récemment que le gouvernement a appellé les populations à creuser des latrines, à bien laver les fruits avant de les consommer...

Nous savons tous, sans toutefois prendre le risque de nous tromper que nombre de villes du Cameroun victimes de l'épidémie de choléra font face à l'insuffisance qualitative et quantitative des systèmes d'approvisionnement en eau potable.

Nos pouvoirs publics ont été rattrapés par des réalités dures et cruelles qui, depuis des mois, endeuillent des familles sous le regard laxiste, ambiant et l'absence de diplomatie érigés ici en modes de gestion de situation de crises sociales. Il faut bien reconnaître, en effet, que dans le cadre de l'épidémie de choléra au Cameroun, le gouvernement camerounais n'a pas réagi promptement, même lorsque la réalité sociétale le commandait.

Les épidémies de choléra sont le signe d'une recrudescence de la maladie de part le monde et la preuve que l'accès à l'eau salubre ne s'améliore pas dans les pays pauvres, affirmait récemment une experte de l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Qu'avons-nous fait pour répondre à ce manquement surtout quand nous savons que les bornes fontaines d'antan ont disparu dans nos cités et nos villages.

Le budget prévisionnel pour l'exécution de ce plan d'urgence pour la maîtrise de l'épidémie de choléra dans les regions du centre et du littoral est bien. Faire la même chose dans les autres régions du Cameroun en guise de prévention, c'est davantage bien. Mais, mettre sur pied une véritable politique sanitaire qui tient compte de la situation socio économique de chaque citoyen Cameroun, c'est mieux.

Le Ministre de la santé publique, au risque de devenir ridicule avec ses décisions tardives face à une catastrophe sanitaire, devrait ainsi faire de la prévention active et efficace dans les quatre coins de la république un chantier prioritaire pour son ministère en lieux et place des conférences et débats couteux qui ne servent que ceux qui les organisent et qui ne représentent en quelque sorte que des gouffres à sous utilisés à des fins inavoués que nous savons tous. Voilà le Cameroun

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