Les ménages craignent que les prix des produits alimentaires ne continuent d'augmenter
Conjoncture. Les mesures mises en place par le gouvernement pour atténuer les pressions inflationnistes sur certains produits alimentaires n'ont visiblement pas convaincu les ménages marocains à tel point que leur confiance continue de s'éroder.
Prudents et au plus loin de tout optimisme, ces derniers sont au contraire persuadés que l'envolée des prix à la consommation, qui les étrangle depuis des mois, va se poursuivre au cours des 12 prochains mois.
En effet, selon les résultats de l'enquête de conjoncture menée par le Haut-commissariat au plan (HCP), au titre du premier trimestre, ils sont 74,5% à penser que les prix des produits alimentaires continueront à augmenter au cours des 12 prochains mois. Seuls 4,7% des ménages sondés déclarent s'attendent à leur baisse.
Le ressenti d'une forte augmentation des prix des produits alimentaires est tel que « le solde d'opinion est ainsi resté négatif, se situant à moins 69,8 points contre moins 71,8 points enregistrés un trimestre auparavant et moins 74,1 points une année auparavant », comme l'a récemment souligné l'organisme public dans sa note d'information en lien avec ladite enquête.
Rappelons à ce sujet que « les données récentes montrent que l'inflation continue de s'accélérer, sous l'effet notamment de chocs d'offre internes sur certains produits alimentaires », selon une analyse de Bank Al-Maghrib.
Dans ses prévisions, la Banque centrale prévoit d'ailleurs que « l'inflation devrait rester à des niveaux élevés à moyen terme », qu'elle ressortirait en 2023 à 5,5% en moyenne tandis que sa composante sous-jacente se situerait à 6,2%. Ce qui traduit « une révision à la hausse de 2 points de pourcentage par rapport à la prévision de décembre dernier et ce, en raison essentiellement de la flambée des prix de certains produits alimentaires qui y sont inclus », a-t-elle déduit.
Pour cette grande institution, ces projections supposent que les chocs à l'origine de cette augmentation se dissiperaient graduellement au second semestre à la suite des différentes mesures prises par le gouvernement à cet égard.
A titre de rappel, le Conseil de Bank Al-Maghrib a décidé le 21 mars dernier de relever le taux directeur de 50 points de base à 3% afin de prévenir l'enclenchement de spirales inflationnistes auto-entretenues et renforcer davantage l'ancrage des anticipations d'inflation en vue de favoriser son retour à des niveaux en ligne avec l'objectif de stabilité des prix.
En attendant d'en apprécier l'impact sur le terrain, Bank Al-Maghrib prévoit qu'« en 2024, sous l'hypothèse que les pressions aussi bien internes qu'externes continueraient de s'atténuer, la tendance fondamentale des prix se situerait à 2,3%, mais le démarrage programmé de la décompensation des prix des produits subventionnés devrait maintenir l'inflation globalement à un niveau élevé, soit 3,9% ».
Il est important de noter qu'au premier trimestre de 2023, la quasi-totalité des ménages (98,7%) interrogés par le Haut-commissariat ont déclaré que les prix des produits alimentaires ont connu une augmentation au cours des 12 derniers mois.
D'après le Haut-commissariat, « le solde d'opinion est ainsi resté négatif, à moins 98,7 points, après avoir été de moins 98,8 points un trimestre auparavant et moins 97,9 points une année auparavant ».