Congo-Kinshasa: Une ONG tire le signal d'alarme sur le nombre de décès à la prison de Makala

le couloir du centre pénitencière de Makala à Kinshasa

En RDC, les maisons carcérales enregistrent de plus en plus des cas de décès massifs. De janvier à mars derniers, la fondation Bill Clinton pour la paix (FBCP), qui surveille la situation des prisonniers à travers le pays, dit avoir recensé près de 120 décès, dont 48 pour le seul mois de mars dans la prison centrale de Makala, la plus grande du pays à Kinshasa.

La situation de la prison de Makala est notoire. Ce n'est que la pointe immergée de l'iceberg. Il ne se passe pas un jour sans enregistrer des décès.

Les causes selon la fondation Bill Clinton pour la paix, dont Emmanuel Adu Cole est le président, sont toujours les mêmes. « Même s'ils disent que les gens mangent trois fois par jour, c'est eux qui disent ça, mais pourquoi il y a des morts ? Les causes, c'est l'étouffement, la surpopulation, la malnutrition et les mauvais traitements. Nous demandons une enquête internationale. » L'organisation de défense des droits de l'homme lance, aujourd'hui, un cri de détresse en faveur des détenus et appelle l'ONU à enquêter rapidement sur des détentions illégales.

Plus de 11 000 détenus

La prison avait été construite pour 1 500 détenus. Elle en abrite aujourd'hui 11 000 dont moins de 3 000 déjà condamnés. Les autorités ne démentent pas le décompte macabre, mais elles assurent que les détenus sont nourris correctement.

Pour Lydia Masika, la directrice, cheffe des services pénitentiaires au ministère de la Justice, aucun décès n'est lié au manque de nourriture ou médicament. Elle parle de morts naturelles. « Ceux qui décèdent la plupart sont des détenus qui sont arrêtés avec des antécédents sanitaires, qui nous reviennent de différentes structures de sécurité ou autres après avoir passé plusieurs jours dans les cachots. Ils nous arrivent à la prison dans un état de santé très critique, explique-t-elle. Vous savez, lorsqu'on arrête quelqu'un, il faut comprendre qu'il y a des aspects psychologiques qui interviennent. Beaucoup dépriment et cette dépression peut aller au pire. Il y a d'autres qui viennent avec déjà cette prédisposition, malgré tous les soins qu'on peut leur administrer au sein de la prison, ils peuvent y passer, mais ce sont généralement des morts naturelles ».

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Pour désengorger les prisons, les autorités annoncent un programme de construction de nouveaux établissements, mais les ONG pointent le dysfonctionnement de l'appareil judiciaire comme cause principale de la surpopulation carcérale.

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