Congo-Brazzaville: Les souvenirs de la musique congolaise - Les épopées des orchestres de la force publique

Naissance, évolution et disparition de l'orchestre Bala-bala (1)

Les décennies 1970 et 1980 furent marquées au Congo par la prolifération des groupes musicaux . A l'instar des orchestres professionnels et industriels, entre autres, Bantous de la capitale, Negro Band, Télé Music, Hydro music, l'on assista également à l'émergence et la montée des nouveaux groupes tels que Ndimbola Lokole, Bilengue Sakana. La force publique n'étant pas en reste vint contribuer à l'épanouissement de la musique congolaise par le biais des orchestres Bala Bala, Aéro-Ndos, Intermusic, nés des cendres des Guérilleros qui fut le premier orchestre de la force publique avec Laurent Botséké et sa célèbre chanson « Mwasi ya bar ».

Les années 1970 et 1980 furent celles de l'explosion musicale liée à une floraison des orchestres au Congo, notamment à Brazzaville qui, by night, vibrait aux rythmes des différents groupes qui se distinguèrent par la qualité de leurs oeuvres qui firent succès et emballèrent les mélomanes de cette époque, lors des concerts en soirée et bals de fin d'année scolaire en matinée, de 14h à 19h, pour les élèves et étudiants.

De Poto-Poto en passant par Moungali, Ouenzé et Bacongo, l'on avait toujours un orchestre en train d'égayer le public dans les bars les plus célèbres de cette époque (Faignond, Super Jazz, Congo bar, Elysée bar, Lumi congo ex-Macedo, Messe mixte de garnison...). Brazzaville était en effervescence, c'était l'apothéose.

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Dans cette ambiance et dans l'optique d'apporter sa pierre à l'édifice, l'Armée populaire nationale (APN), nantie des artistes musiciens évoluant dans certains orchestres de la place, sur l'initiative du Haut commandement militaire, va former des orchestres comme Bala-Bala composé des éléments de la police nationale, Aéro-Ndos du Groupement aéroporté, Flotte Music et Inter Music à l'instar de leur ancêtre les Guérilleros.

En 1975, un groupe musical est créé par Fiacre Lembela et la bande de ses copains fraÏchement recrutés au sein de la police nationale sous la férule de la direction politique du ministère de l'Intérieur. Ayant connu des sorts divers, l'orchestre est revalorisé sous la conduite respective de Paul Mbot (1983- 1986), Pierre Oba (1987-1990). Avec le management suivi de Thomas Rhex Bakala, l'orchestre était composé de Jean Mopepe Olokanzila (guitare solo), Gervais Ndion (guitare accompagnement), Sam Liworo (guitare basse), Jean-Aive Allakoua (pianiste), Georges Kilebe (actuel préfet du Pool), Jean-Patrice Bangui, Akouala Iso, Ahmed Moupopo, Yves Gérald Mboungou (chanteurs), Gervais Mouélé, Jagger Mouanga, Féli (drummers), Ngoubili (maracas), tous essentiellement de la police nationale.

Bala-Bala, qui naît de la volonté de ces jeunes policiers à déployer leurs talents au service de la collectivité et de l'ordre public, tient son nom d'une séquence déterminante de l'histoire tumultueuse des Forces armées congolaises. En effet, l'armée étant le bras droit du parti au pouvoir à l'époque, l'embourgeoisement était interdit. Ainsi, au plan économique, certains cadres politico-militaires qui se sont illustrés par ces attitudes ont été frappés. Le ver rongeant le fruit, pour remédier à cette situation, le Parti congolais du travail (parti dirigeant l'Etat à l'époque) va lancer une opération dite "Epuration'" en vue d'assainir l'appareil de l'Etat et mettre hors d'état de nuire tous les cadres qui excellaient dans ce que l'on appelait la "Bourgeoisie comprador".

Ladite opération revêtant le caractère d'une campagne inspira le groupe musical de la police nationale qui, au demeurant, n'avait pas encore d'appellation, à produire un titre intitulé « Suka na yo se bala bala » que le groupe présenta pour la première fois au public lors d'une matinée culturelle organisée par l'APN, au Messe mixte de garnison, dans le cadre du lancement de cette opération. L'oeuvre musicale connut un succès incontestable. Son compositeur mettait en garde tout contrevenant qui, une fois mis aux arrêts, jugé et éjecté de l'appareil de l'Etat, se retrouvera dans la rue sans autres forme de procès, autrement dit en ligala, "Suka na yo se bala bala", c'est-à-dire la rue qui est le domaine de prédilection dela police.

Tout au long de la prestation, le cri bala bala était lancé à l'endroit du public. Devenu un slogan célèbre, le groupe musical de la police nationale opta désormais pour l'appellation « Bala-Bala ».

A suivre

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