Congo-Kinshasa: Festival Me ya be 12 - Jacques Bana Yanga signe un doublé à l'ouverture

Auteur des deux pièces de danse contemporaine présentées la nuit du 20 avril au Centre Wallonie-Bruxelles (CWB), le chorégraphe Jacques Bana Yanga a lui-même été spectaculaire sur scène dans son solo "Laisse-moi parler ".

C'est d'abord le travail du chorégraphe que la salle a apprécié et découvert à travers L'espoir fait vivre. La pièce chorégraphiée par Jacques Bana Yanga et interprétée par la Compagnie sélection Dans'art a tout de suite été adoptée par le public à l'ouverture du festival international de danse. La prestation des quinze danseurs, avec en tête de file David Kazembe, l'aîné de la troupe, a donné le ton de la douzième édition de Me ya be.

Débuté par un mouvement d'ensemble répété à plusieurs reprises, L'espoir fait vivre doit être perçu tel un appel à la résilience. « Dans la vie, il ne faut pas désespérer même si aujourd'hui tout marche et que demain tout s'écroule, et que le lendemain on se reprend mais que le surlendemain tout retombe à l'eau. Il faut toujours persévérer et espérer car demain tout peut reprendre », a expliqué au Courrier de Kinshasa David Kazembe.

Le mouvement des quinze danseurs faisant bloc est représentatif d'une famille soudée mais composée d'individualités. A savoir que « même des jumeaux nés à quelques minutes d'intervalle, identiques physiquement affichent un caractère et un comportement différents quoiqu'ayant les mêmes visages », a dit le danseur-interprète. Pris dans le contexte familial, le mouvement d'ensemble renvoie à la cohésion du départ, essentielle dans toute famille équilibrée, « mais inévitablement rompue quand chacun s'engage sur sa propre voie, celle de son destin, se lance dans sa vision personnelle. Avant cela, le mouvement est unique, on partage les mêmes réalités », a ajouté David Kazembe.

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L'espoir fait vivre c'est aussi se dire : « Il faut reculer pour mieux sauter ». En synchronie, les danseurs renversent la tête en arrière entraînant le buste. Illustration du regard posé sur son passé sans faire marche arrière. « Les danseurs font l'exercice de regarder derrière soi avant d'avancer car dans les moments difficiles, le mieux à faire est de considérer d'où l'on est sorti, où l'on se situe sur le moment et là où se porte le regard, où l'on désire partir », a souligné David Kazembe.

Rassembler les danseurs de la RDC

La Compagnie sélection Dans'art est née de la sélection faite au cours des ateliers réalisés en amont du festival en vue d'enrichir sa programmation. « Nous avons travaillé avec les danseurs des vingt-quatre communes pendant trois mois. Quinze artistes sont sortis de chaque district et ont formé une famille », a affirmé David. « Au sein de toute famille, il existe des règles, elles sont toutes régies par des règles spécifiques de sorte que tous sont appelés à s'y conformer.

Qu'importe le destin de chacun des enfants, et c'est souvent le cas, certains feront des études plus longues et plus poussées que d'autres, elles s'appliquent à tous. Parmi elles, il y a la discipline, elle est également de mise dans notre travail en tant que danseur ». La mise en oeuvre de la nouvelle troupe traduit, a-t-il dit, « la vision prônée par Jacques Bana Yanga de rassembler tous les danseurs de la République démocratique du Congo (RDC) pour en faire une famille ».

Après le chorégraphe, c'est le danseur de la Compagnie, Jacques Bana Yanga, qui s'est pleinement exprimé à travers son solo Laisse-moi parler. Dans cette pièce, il se fait militant, parti de son histoire personnelle qui prend une tournure inattendue à la mort de son père alors qu'il est adolescent. Dans une fratrie de seize enfants, il est douzième et tout bascule.

De l'expérience qu'il tire de la vie, il apprend la résistance, fait face et évoque les problématiques sociales ainsi que politiques qui minent son pays, la RDC, mais aussi l'Afrique. Dans le lot, famine, chômage, absence d'aide, censure, corruption ... sont des maux qu'il dénonce en laissant à son corps exprimer son ressenti car de sa bouche, aucun son ne sort. Les mots restés enfoncés dans la gorge, ses gestes sont assez éloquents pour les traduire et la salle ne peut qu'applaudir.

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