Madagascar: Sahondra Rabenarivo - Les députés, pointés du doigt

Le pays est un mauvais élève en matière de lutte contre la corruption. Les faits cités par le comité de sauvegarde de l'intégrité ne trahissent pas les réalités.

Détournement de fonds, favoritisme, pot-de-vin, extorsion de fonds, blanchiment d'argent ou commission occulte, sont des faits de corruption qui ont toujours fait jaser les journaux dans le pays. Mais la lutte contre ces fléaux n'avance pas réellement. C'est ce qu'a laissé entendre le comité de sauvegarde de l'intégrité (CSI). Dans un rapport qui vient d'être publié, jeudi dernier, cet organisme a dressé un bilan mitigé de la lutte contre la corruption dans le pays. Les instruments mis en place ont présenté leur limite en termes d'efficacité et les politiciens n'y sont pour rien. Comme le cas de la Haute cour de justice qui a été évoquée par le comité de sauvegarde de l'intégrité.

Obstruction majeure

Cette institution a été érigée pour engager des procédures judiciaires contre les ministres et autres hauts commis de l'Etat liés à des faits de corruption. Mais les dossiers qui y sont jusqu'ici transférés, restent lettre morte. Les députés évitent de franchir le Rubicon pour accuser les ministres qui sont impliqués dans les affaires de corruption. Une situation déplorée par le CSI. « Aucune mise en accusation devant la HCJ n'a été votée par l'Assemblée Nationale faute de quorum » a rappelé le CSI. « Cette procédure qui exige l'intervention du Parlement dans la poursuite des hauts commis de l'Etat constitue une obstruction majeure dans la lutte contre la corruption et sape la culture de l'exemplarité au profit de celle de l'impunité » a soutenu l'organisme en charge du suivi de la lutte contre la corruption. « L'enclenchement des procédures disciplinaires des agents publics impliqués dans les affaires de corruption n'est pas encore une réalité » poursuit-on.

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Blocages

La lutte contre la corruption souffre également du manque de budget qui y est alloué par l'Etat. Les organismes en place n'ont pas, à cet effet, les reins solides pour faire face aux réalités. Selon toujours le CSI, le budget alloué pour le financement de la lutte contre la corruption est encore largement inférieur à l'objectif et au seuil fixé par la Stratégie Nationale de Lutte Contre la Corruption. « L'État doit veiller à fournir les ressources adéquates pour optimiser l'opérationnalisation, l'indépendance et la souveraineté financière du système de lutte contre la corruption afin d'éviter les blocages à l'effectivité du cadre juridique et institutionnel mis en place car un gap financier significatif est à combler par rapport à la réalité actuelle » enfonce le CSI.

Manque de transparence

Par ailleurs, le CSI évoque aussi que d'autres initiatives freinent l'avancement de la lutte réelle contre la corruption. « La saisine d'office des autorités d'enquêtes et de poursuite de la corruption demeure faible et problématique » selon le comité et « le mécanisme de protection des dénonciateurs est insuffisant et la coopération internationale est également fortement limitée ». « La répression des actes de corruption dans le système de gouvernance politique et publique, le manque de transparence et de redevabilité du secteur public mesurés à travers les différents indices internationaux comme l'indice de perception de la corruption de Transparency International, l'indice de la Démocratie, l'indice de l'Etat de droit... sont les domaines les moins brillants pour Madagascar » a aussi affirmé le CSI.

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