Ile Maurice: Nishal Joyram marque son retour en déposant une lettre au bureau du PM

Il avait touché le coeur des Mauriciens par son combat en entamant une grève de la faim à la place Cathédrale.

Nishal Joyram, éducateur de 42 ans, avait été toutefois contraint de mettre fin à sa grève après que sa santé ne lui a pas permis de continuer. Il s'était absenté mais revient cette fois à la charge. Hier, Nishal Joyram a déposé une lettre au bureau du Premier ministre, Pravind Jugnauth.

La lettre de Nishal Joyram est intitulée «Le peuple souffre de votre indifférence». «Lorsque je faisais ma grève de la faim, des proches du pouvoir m'ont approché pour me dire de ne pas être en mal avec le gouvernement. Sauf que ça n'a jamais été mon but. Je menais un combat noble pour demander la baisse des prix de l'essence et du diesel. Aujourd'hui, je reviens pour déposer une lettre au Premier ministre avec aussi des propositions en vue du prochain Budget 2023-2024», explique-t-il. Questionné sur une éventuelle manoeuvre politique, Nishal Joyram affime qu'il a été approché par plusieurs partis mais qu'il ne compte se joindre à aucun d'entre eux de sitôt. Il insiste qu'il mène un combat citoyen apolitique.

Un extrait de la lettre

«Je viens par la présente vous faire part de mon indignation face à la gestion du pays et de l'indifférence totale du gouvernement envers le peuple qui souffre. Malgré vos moqueries persistantes à mon égard pendant ma grève de la faim, et une bassesse indigne d'un Premier ministre, pour ma part en tant que citoyen responsable, je viens réitérer ma demande pour une baisse conséquente du prix des carburants. En même temps, je vous ferai quelques propositions en vue de la présentation du Budget 2023-2024, afin de, principalement, redynamiser l'économie, diminuer notre dépendance du pétrole et prévenir une catastrophe économique à venir. Je commencerai par le prix des carburants qui fut mon combat l'année dernière. J'étais choqué d'entendre votre ministre des Finances dire, il y a quelque temps, qu'il n'allait pas baisser le prix des carburants artificiellement. Or, c'est plutôt le prix élevé qui est maintenu, artificiellement.

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Le Consumer Protection Act a été amendé le 9 janvier, surtout la clause 3(2)(j), afin de permettre au PPC de ne pas baisser le prix. En bref, si le déficit de Rs 4,4 milliards de la PSA n'est pas comblé, le prix ne baissera pas. Ce déficit est la cause directe d'une mauvaise gestion et c'est le peuple qui en paie les frais. Il serait indispensable que le gouvernement comble ce déficit. Vous l'avez bien fait pour Air Mauritius et Betamax. En outre, le peuple a du mal à digérer que, dans une situation économique aussi difficile, vous vous obstinez, en saignant les contribuables, à étendre le métro vers Côte d'Or. Déjà, à Côte d'Or, vous avez créé un éléphant blanc ; ce fameux stade de Rs 5 milliards !

En ce qui concerne notre dépendance sur le pétrole, il faut à tout prix nous recentrer sur les énergies renouvelables. Des propositions ont été faites à votre gouvernement dans le passé pour la construction d'une ferme éolienne et photovoltaïque. Ceci sans engager l'argent des contribuables, sur une base de 'Construction Exploitation Transfert' (CET). Cela aurait débouché sur des partenariats internationaux, la formation d'ingénieurs mauriciens en énergies renouvelables et la création d'un Education Hub à Maurice. Mais votre gouvernement a préféré privilégier les turbines à la centrale St Louis, dont des allégations de pot-de-vin pèsent sur un membre de votre gouvernement. D'autre part, l'économie doit être redynamisée. On ne peut continuer sans innover le secteur du tourisme. On s'est déjà fait devancer par les Maldives et les Seychelles.

L'écart se creuse de plus en plus. L'économie bleue ainsi que l'exploitation des nappes de pétrole dans nos eaux territoriales sont également des piliers à développer urgemment. Quant à l'agriculture, beaucoup de champs de cannes à sucre sont à l'abandon. Nous devons nous tourner vers des productions plus profitables : la plantation du Jatropha par exemple pour la production du biodiesel qui pourrait être une solution viable et durable pour notre économie. Couplé avec le diesel fossile, le biodiesel réduira notre empreinte carbone.

La gestion de nos réservoirs et la distribution d'eau sont également prioritaires. Votre gouvernement manque certes de proactivisme dans plusieurs domaines, mais quant à la gestion de l'eau, cela nous aurait été fatal au début de l'année si, à temps, on n'avait pas eu les pluies.

On ne peut éternellement se fier à la chance quand on est à la tête d'un pays. J'ai fait des propositions pour couvrir les réservoirs de shadeballs. Cet aménagement à petit budget diminuera substantiellement l'évaporation et augmentera l'autonomie de nos réservoirs de 30 à 40 %. Concernant les négociations entre la Chine et l'Arabie Saoudite et l'utilisation imminente du Yuan dans le commerce du pétrole ainsi que d'autres développements au niveau mondial, sur le plan géopolitique et de la politique économique et monétaire, le dollar ne tardera probablement pas à s'effondrer. Il serait indispensable de convertir, au plus vite, nos réserves en or ou autres devises.

En guise de conclusion, j'aimerais pouvoir compter sur le bon sens du gouvernement pour ramener un vrai feel good factor. Il est temps de se réveiller et de sortir de son utopie Monsieur le Premier ministre. Si rien de concret n'est présenté dans le Budget, surtout pour amener une baisse conséquente des prix des produits pétroliers, je commencerai tout de suite après, une campagne de sensibilisation à travers l'île, dans chaque village, afin d'éclairer et expliquer les enjeux de votre gestion, à ceux qui se fient uniquement aux chaînes nationales pour s'informer. J'espère sincèrement ne pas être dans l'obligation d'user ces recours, et que le gouvernement se ressaisira. D'ici là, je vous prie d'accepter mes salutations les plus distinguées. Vous restez dans mes prières quotidiennes. Que Dieu vous bénisse.» Bien à vous,

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