Maroc: Autrefois exportateur, le Maroc se trouve être importateur

La production de l'électricité n'est plus ce qu'elle était

La part des énergies renouvelables en croissance remarquée même si la transition énergétique se fait encore désirer

« Si la production nationale en électricité a augmenté grâce à une hausse de la production thermique de l'ONEE et de celle fournie par des producteurs d'électricité à partir de sources renouvelables, les importations nettes ont augmenté de plus du double tandis que les exportations ont diminué », telle est la conclusion de l'Agence internationale d'énergie (AIE) sur le marché d'électricité au Maroc.

Hausse de la production et de la consommation

Selon ce document, destiné à analyser les politiques récentes, les tendances et les développements du marché, « la consommation d'électricité a augmenté de 5,5% en 2021 au Maroc, après une baisse de 1,8% en 2020. Cela a été soutenu par un rebond de 16% des clients à haute tension, tandis que la consommation résidentielle a connu une hausse de 2%. La production nationale a augmenté de 6,7% d'une année sur l'autre, principalement tirée par la production thermique de l'ONEE (en hausse de 11,9%), tandis que l'électricité fournie par des producteurs d'électricité indépendants (qui représentent environ 60% de la production nationale totale) et à partir de sources renouvelables a augmenté de près de 5% ».

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Le document précise, à ce propos, que des statistiques du ministère de l'Economie et des Finances indiquent que la demande d'électricité a augmenté de 4,8% en glissement annuel au cours des huit premiers mois de 2022, contre 6,5% sur la même période en 2021, principalement tirée par les clients d'électricité moyenne et basse tension (+ de 7% et 3,8% en glissement annuel, respectivement) tandis que la demande des utilisateurs à haute tension a crû de 1,5%.

«La production nationale a augmenté de 3% en glissement annuel au cours des huit premiers mois de 2022, la production renouvelable augmentant de 8,6% et la production thermique de l'ONEE de 22,6%. La production a diminué de 3,2% chez les producteurs indépendants. La balance commerciale, qui s'était déplacée vers les exportations nettes d'électricité en 2021, est revenue aux importations nettes, avec plus du double des importations tandis que les exportations ont diminué de 29%», souligne le rapport.

Croissance des énergies renouvelables

Et de préciser que «le Maroc a connu une forte croissance des énergies renouvelables au cours des dernières années. Fin 2021, la capacité renouvelable représentait 3.950 MW, soit 37% de la capacité de production d'électricité installée du pays - avec 1.770 MW d'hydroélectricité, 1.430 MW d'éolien et 750 MW de solaire» tout en expliquant que notre pays a pour objectif d'augmenter la part des capacités renouvelables à 52% d'ici 2030, 70% d'ici 2040 et 80% d'ici 2050, et d'étendre progressivement ses exportations vers l'Europe sur la période.

A rappeler que l'Union européenne a signé en octobre 2022 un partenariat vert sur l'énergie, le climat et l'environnement avec le Maroc, le premier du genre avec un pays partenaire, qui contribuera à intensifier la coopération sur la transition énergétique et la décarbonation. «Nous prévoyons que la demande d'électricité du Maroc augmentera à un taux annuel moyen de 2% entre 2023 et 2025, similaire à la production - les énergies renouvelables augmentant en moyenne de 19% par an tandis que le thermique décline en moyenne annuelle de 5% sur la même période», prévoient les rédacteurs dudit document.

Demande d'électricité en Afrique

Sur un autre registre, les experts de l'AIE ont indiqué que « la demande d'électricité en Afrique a augmenté d'environ 5,7% en 2021, rebondissant après une baisse de 3,3% en 2020 en raison de l'impact de la pandémie de Covid-19 sur l'économie. « Nous estimons que la demande d'électricité dans la région a augmenté de 1,5% en 2022, en baisse par rapport à nos prévisions précédentes de 4%.

L'invasion de l'Ukraine par la Russie a déclenché une révision à la baisse des perspectives de croissance économique en Afrique en raison d'une combinaison de prix record de l'énergie et de taux d'inflation élevés, ayant pesé lourdement sur nos prévisions de demande d'électricité dans la région. De plus, la consommation d'électricité en Afrique du Sud a été révisée à la baisse - le plus grand consommateur d'électricité du continent - en raison de contraintes de capacité de production qui se sont avérées pires que prévu », expliquent-ils. Et d'ajouter que « la production du gaz naturel, qui représentait environ 42% de la production d'électricité de l'Afrique en 2022, est restée stable en volume par rapport à 2021. Cependant, le charbon et le nucléaire (représentant respectivement 27% et 1% du mix de production de l'Afrique) ont vu leur production décliner en lien avec les pénuries d'approvisionnement, tandis que la production au fioul (5% du mix) a bondi d'environ 24% en glissement annuel. L'offre à partir d'énergies renouvelables (24% du mix de production) a augmenté de 2% en 2022 ».

Rebondissement de la demande

L'AIE estime que « la croissance de la demande d'électricité sur le continent devrait rebondir en 2023 à plus de 3%, grâce à une amélioration de la capacité de production sud-africaine ainsi qu'à des conditions macroéconomiques légèrement améliorées, suivies d'une croissance régionale moyenne de 4,5% pour 2024 et 2025 ». Elle soutient également que la grande majorité de la production supplémentaire jusqu'en 2025 proviendra des renouvelables, suivies du gaz naturel. « Nous prévoyons que l'électricité fournie à partir de sources renouvelables augmentera de plus de 60 TWh en 2023-2025, pour atteindre près de 30% de la production totale à la fin de la période de prévision (de 24% en 2021), remplaçant le charbon comme deuxième plus grande source d'électricité en Afrique», affirme le document. Et de poursuivre : «Le gaz naturel devrait rester la principale source d'électricité en Afrique jusqu'en 2025, en hausse d'environ 30 TWh de 2022 à 2025, pour près de 400 TWh. Cependant, malgré cette augmentation, le gaz voit sa part dans le mix de production électrique diminuer légèrement de 42% à 41% sur la même période avec l'expansion des énergies renouvelables. La production d'électricité à partir du charbon devrait rester stable autour de 240 TWh, en baisse en termes de part de 28% en 2021 à 24% en 2025».

Baisse de l'intensité de CO2

Le rapport de l'AIE considère que la part décroissante de la production à partir de combustibles fossiles jusqu'en 2025 entraîne une baisse de l'intensité de CO2 de la production d'électricité dans la région d'ici la fin de la période de prévision. « Nous nous attendons à ce que l'intensité en CO2 diminue d'environ 540 g CO2/kWh en 2021 à environ 500 g CO2/kWh en 2025. Sur la même période, les émissions de CO2 de la production d'électricité augmenteraient légèrement (+18 Mt CO2), atteignant près de 490 Mt CO2, principalement en raison d'une production au gaz supérieure à celle de 2021», a-t-il conclu.

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