La relation de voisinage entre la dame R. Mbengue et l'étudiant en deuxième année M. Cissé était au beau fixe. Mais, au cours du Ramadan 2022, tout a basculé au point qu'ils en sont arrivés aux mains. Mme Mbengue reproche à Cissé de lui avoir donné un coup de poing après avoir partagé des vidéos intimes destinées à son mari qui vit à l'étranger.
Étudiant en deuxième année à l'Université virtuelle du Sénégal (Uvs), M. Cissé comparaissait, jeudi, devant la barre du tribunal des flagrants délits de Pikine-Guédiawaye pour coups et blessures volontaires ayant entraîné une incapacité temporaire de travail (Itt) de huit jours et accès et maintien frauduleux dans un système informatique occasionnant la suppression ou la modification de données. Selon la partie civile R. Mbengue, mariée et mère d'un enfant, les faits remontent au mois de Ramadan 2022. Domiciliée au premier étage, elle gardait toujours des bouteilles d'eau chez elle à cause des coupures récurrentes. Le prévenu qui habite dans le même immeuble, sis à Guédiawaye, au troisième étage, l'appelait affectueusement « Tata ». Elle s'est dit que c'est un jeune respectueux et lui a ouvert ses portes.
En cas de coupure d'eau, il passait prendre des bouteilles d'eau et faisait des fois des crochets pour boire du thé. Un jour, alors qu'elle était occupée par les travaux ménagers, Mme Mbengue a demandé à son voisin de partager sa connexion Internet de son téléphone portable avec son ordinateur, en passant par ses données mobiles. C'était l'erreur de sa vie, selon sa version. Cissé a profité de l'occasion pour pirater ses comptes Facebook, Instagram, WhatsApp et Twitter. Il a pu entrer dans le compte de sa boutique en ligne et a saboté son travail. Son assistante au niveau d'une université de renom aux Etats-Unis où elle suivait des cours virtuels, lui a signalé que son compte a été piraté. Elle a découvert que c'était Cissé, et l'a bloqué partout.
Pour lui montrer qu'il peut faire ce qu'il veut avec ses données personnelles, Cissé a transféré aux amies de la dame ses vidéos et photos intimes qu'elle avait envoyées à son époux qui vit à l'étranger. Elle s'est rendue à la police où on lui a conseillé de porter plainte. Au début, Mme Mbengue a préféré parler à la mère du mis en cause mais cela n'a servi à rien. Cissé lui a balancé à la figure qu'elle ne peut rien contre lui et s'est même permis de la narguer en lui proposant de lui donner 2000 FCfa pour le rédacteur de la plainte. Le 26 décembre dernier, ils ont eu une altercation dans les escaliers. Alors, Cissé lui a donné un coup de poing à la figure.
Face aux juges, le prévenu a catégoriquement nié les faits. Étudiant en Economie sociale, il n'a pas les compétences intellectuelles pour pirater des comptes. Il s'est uniquement contenté de partager les données mobiles. Elle l'a aussi accusé de lui avoir volé un gros montant. Cissé n'a pas tourné autour du pot pour lui rétorquer que si elle avait une telle somme, elle n'aurait pas besoin de sous-louer une chambre. Pour ce qui est des coups et blessures volontaires, c'est la dame qui l'a attaqué avec un banc en lui disant que c'est une femme qui a la force d'un homme, déclare le prévenu. Il ne pouvait rester sans répliquer. La partie civile contre qui il a déposé trois plaintes pour diffamation et injures ne daigne même pas se présenter à l'audience quand elle est prévenue et non partie civile.
Me Pape Mor Niang, conseil de la partie civile, a souligné que sa cliente a été obligée de réinitialiser ses comptes. Sa vie privée, ses activés commerciales et estudiantines ont été impactées. Elle a réclamé deux millions de FCfa. Le représentant du parquet a requis l'application de la loi pénale.
De l'avis de Me Makhfouss Thioye de la défense, c'est la femme qui harcèle le prévenu après que celle-ci lui a déclaré sa flamme. Il a refusé ses avances. Elle a été vexée et a inventé cette histoire d'accès frauduleux, selon l'avocat. Cependant, il a reconnu que les coups et blessures volontaires réciproques sont constants. Cissé avait déposé une plainte dans ce sens mais il l'a retirée sur insistance de sa mère et des voisins. Le conseil a demandé de réduire les dommages et intérêts réclamés à leur juste proportion.
Après délibéré, M. Cissé a été relaxé pour accès et maintien frauduleux dans un système informatique ayant entraîné la suppression ou la modification de données. Il a été condamné à trois mois ferme pour coups et blessures volontaires et à payer 500.000 FCfa de dommages et intérêts à R. Mbengue.