Le Sénégal fête la Korité, la fin du ramadan. Deux figures centrales de la politique sénégalaise se sont exprimées en marge des festivités : le président Macky Sall dans une interview à la radio et son désormais ancien allié Idrissa Seck. Ce dernier a confirmé sa rupture politique avec le président.
Interrogé sur la question d'un troisième mandat, Macky Sall a une nouvelle fois refusé de trancher. « Je comprends l'inquiétude des Sénégalais, mais le moment viendra, c'est pour bientôt », a-t-il affirmé dans une interview sur la radio privée RFM. Il a évoqué beaucoup de sujets économiques : coût de la vie, souveraineté alimentaire, exploitation du gaz et du pétrole qui doit commencer en fin d'année....
Le président est aussi revenu sur le contexte politique du moment. Interrogé sur les restrictions de libertés dénoncées par plusieurs ONG, il a répondu : « Il n'y a pas de détenus politiques au Sénégal ». Selon lui, les personnes emprisonnées ont enfreint les règles ou commis des actes de violence. Sur le sujet des accusations d'ingérence dans la justice pour écarter des rivaux politiques, Macky Sall a assuré que les pouvoirs restaient bien séparés.
De son côté, le président du Conseil économique, social et environnemental, Idrissa Seck a officialisé la fin de son alliance avec le président de la République lors d'une conférence de presse cet après-midi. Il a aussi confirmé sa candidature à l'élection présidentielle de 2024. Il quitte donc officiellement la coalition au pouvoir Benno Bokk Yakaar ainsi que son poste au Conseil économique, social et environnemental.
Les ministres de son parti Rewmi, aux sports et à l'élevage, devraient, eux aussi, démissionner. L'ancien opposant, arrivé 2e à l'élection de 2019, avait rejoint le camp du président Macky Sall, en 2020. Idrissa Seck est désormais vent debout contre un troisième mandat de son ancien allié.
Les voeux de Karim Wade et d'Ousmane Sonko
L'opposant en exil Karim Wade, fils de l'ancien président Abdoulaye Wade, a transmis ses voeux de Korité dans une déclaration écrite depuis Doha. Il dit qu'il a « trouvé la force de pardonner à ceux qui m'ont fait du mal ». « Bien qu'ayant été l'homme politique le plus calomnié dans l'histoire du Sénégal, écrit-il, injustement emprisonné et contraint à l'exil loin de mon pays, des miens, des personnes qui me sont chères et de ma famille politique, je n'ai aucun ressentiment à l'égard de qui ce soit. » Karim Wade indique qu'il « regarde maintenant vers l'avenir ». Il appelle à une réconciliation après la présidentielle de 2024.
Dans un message sur Twitter, Ousmane Sonko, le leader du Pastef et candidat déclaré à la prochaine élection, prie pour que les Sénégalais aient trouvé pendant le mois de ramadan « la force et l'énergie patriotique pour faire face aux défis communs à venir ».