Dix-huit nouveaux corps ont été exhumés dimanche 23 avril dans l'est du Kenya, portant à plus de 39 le nombre de dépouilles découvertes depuis plus d'une semaine dans l'enquête sur la mort de fidèles d'une secte dont le chef aurait dit de « jeûner » pour rencontrer Jésus et atteindre le paradis. L'affaire secoue le pays alors les fouilles ne sont pas encore terminées.
Le bilan humain risque encore de s'alourdir dans les prochaines heures : les enquêteurs ont plus de 300 hectares de terrain à fouiller dans la forêt de Shakahola. L'ampleur de la tâche inquiète alors que certains fidèles sont peut-être encore en vie, une femme a notamment été retrouvée vivante dimanche 23 avril, mais dans un état critique : elle refuserait toute aide alimentaire, selon une source sur place.
Plusieurs familles ont témoigné dans la presse kényane et expliquent suivre les fouilles de près dans l'espoir d'avoir des nouvelles de leurs proches, membres de la secte.
Sur Twitter, le ministre de l'Intérieur kényan a qualifié ces décès de « massacre » et a déclaré que le terrain était désormais considéré comme une « scène de crime ». Face à l'urgence de la situation, il a aussi prévu de se rendre sur place mardi 25 avril et il a annoncé des renforts pour appuyer les recherches. Les coupables doivent être « punis », a-t-il insisté, ajoutant que « les églises, mosquées, temples et synagogues » doivent faire l'objet d'un « encadrement plus strict ».
Le leader de la secte, le pasteur Paul Mackenzie Nthenge, s'est lui rendu à la police le 15 avril : il est depuis en détention avec six de ses fidèles. Il avait déjà été arrêté le mois dernier après que deux enfants sont morts de faim, mais avait été libéré en échange d'une caution. L'affaire doit être examinée devant la justice le 2 mai.
Selon Hussein Khalid, directeur de l'ONG de défense des droits de l'Homme Haki Africa, ce qui inquiète surtout les autorités, ce sont ceux qui sont encore en vie et dont certains « continuent à jeûner malgré l'arrestation de leur leader ». Il suit les recherches depuis le début.
À l'heure où nous nous parlons, je me trouve à côté des fosses communes. Nous sommes dans un lieu reculé, dans une forêt très dense, nous avons dû dégager des chemins pour que les véhicules puissent passer. Pour l'instant, seule une partie du terrain a été fouillée : entre 8 et 11 fosses à peu près, alors que plus de 50 ont été identifiées. Mais ce qui m'inquiète surtout, ce sont ceux qui ne sont pas encore décédés : certains fidèles continuent à jeûner malgré l'arrestation de leur leader.
Dimanche, notamment, nous avions repéré un petit groupe d'entre eux. Mais quand la police a tenté de s'en approcher, ils se sont enfuis. Ils ont laissé derrière eux une femme qui était trop faible. Nous avons essayé de lui administrer des soins de premiers secours, mais elle refuse toute aide. Elle explique vouloir jeûner jusqu'à mourir. Il reste donc encore beaucoup à faire ici. Nous appelons les autorités à envoyer des renforts supplémentaires pour que toute la zone puisse être passée au peigne fin et que le plus de personnes possibles puissent être sauvées.
Hussein Khalid, directeur de l'ONG de défense des droits de l'Homme Haki Africa, raconte les fouilles