Les évacuations de ressortissants étrangers se poursuivent au Soudan. La France, l'Allemagne, les États-Unis, le Royaume-Uni, l'Italie, l'Égypte et d'autres pays ont exfiltré hier (dimanche) plusieurs centaines de personnes. Des opérations délicates, menées en plein chaos. Hier encore, l'armée soudanaise et les milices paramilitaires du général Hemedti se sont livrées à d'intenses combats. Des tirs et des explosions ont retenti dans la capitale, Khartoum. Pour faciliter ces évacuations, Djibouti a ouvert un pont aérien. Qu'en est-il des pays africains dont les ressortissants sont bloqués au Soudan ?
Djibouti a sur son sol plusieurs bases étrangères qui sont utilisées pour l'évacuation de ressortissants étrangers du Soudan, à la demande de pays occidentaux comme la France. Selon Alexis Mohamed, conseiller du président Ismaïl Omar Guelleh, joint par Clémentine Pawlotsky, aucun pays africain n'a pour l'instant sollicité Djibouti. « On a ouvert notre espace aérien à l'ensemble des pays demandeurs, bien évidemment. Mais, à ce stade, il n'y a que des demandes de pays européens... Néanmoins, je pense que certains pays africains vont peut-être négocier avec des pays qui ont cette possibilité d'évacuer leurs ressortissants en même temps que les autres ressortissants. »
Parmi les ressortissants bloqués à Khartoum, des étudiants comme ce jeune Tchadien, joint par Sébastien Nemeth. Mahamat Nour Zinedine, étudiant à l'Université internationale d'Afrique, située à Khartoum, attend d'être évacué. « Nous sommes en contact direct avec l'ambassade depuis ce (dimanche) matin. On nous a contactés, on nous a dit qu'ils font de leur mieux pour nous évacuer le plus vite possible. Il paraît que lundi, il y aura peut-être un grand bombardement à Khartoum... Ils font de leur mieux... Nous sommes au nombre de 300 ».
L'université tente d'aider les étudiants, par exemple en fournissant des vivres. Elle « fait de son mieux », mais la nourriture est insuffisante, explique Mahamat Nour Zinedine. Et les étudiants ont peur. « Il y a des tirs partout, surtout hier, hier (samedi) ça a été une journée très difficile. Tous les étudiants sont désespérés. Il y a des filles qui pleurent... L'ambassade nous a appelés pour nous dire qu'ils vont nous évacuer le plus vite possible. Maintenant, c'est un peu mieux, on se prépare pour partir, on attend leur appel. »
Autre témoignage, celui de Mohamed Dansoko, un étudiant guinéen basé à Khartoum, joint dimanche par Moussa Oumar Barry de la rédaction RFI fulfulde. « Nous sommes en contact avec l'ambassade de Guinée au Caire et aussi avec le ministre des Affaires étrangères. Ils ont fait des préparatifs pour nous évacuer vers le Caire. Et de là-bas, vers Conakry.
Nous pourrions partir d'ici demain matin, ou bien le soir. Nous sommes au nombre de 122 personnes ici, entre les étudiants et la diaspora qui n'étudie pas. Les préparatifs et l'évacuation se font à travers des bus. Nous sommes aussi ici avec les Ivoiriens, les Maliens. J'étais avec des Ivoiriens tout à l'heure, leur bus était déjà arrivé, ils étaient en train de discuter avec le chauffeur parce qu'il y avait un problème de prix entre eux. »