Ile Maurice: L'art de se tirer une balle dans le pied !

Faut croire qu'elle aime ça : l'automutilation ! Spectacle affligeant que celui proposé par une opposition traditionnelle dont l'image «unie et solide» n'a pas dépassé l'instant d'une photo du 12 mars !

Et pathétique la tentative de mettre l'échec du regroupement PTr-MMM-PMSD (en marge du 1eᣴ mai) sur le dos du MSM, comme a essayé de le faire Bérenger en accusant le parti de Pravind Jugnauth de mettre des bâtons dans les roues de l'opposition !

Si une opposition n'est pas capable d'organiser un meeting, on pourrait cyniquement se demander si elle sera en mesure de diriger ensemble tout un pays ! Ramgoolam aura beau essayer de son côté de brandir le bouclier de la «fraude électorale» quand il n'essaie pas maladroitement de nous faire croire que le PTr veut laisser la place aux travailleurs, le public n'est pas dupe !

L'opposition n'arrive pas à s'entendre parce que les partis sont dirigés par des leaders vieillissants, dépassés par les aspirations de la population. Car ces dirigeants pensent «politique» avec la même mentalité et les schémas d'antan, dans lesquels la jeune génération ne se retrouve pas.

Dans un pays où la majorité des citoyens rêvent de mauricianisme, synonyme de méritocratie, de progrès, surtout à l'heure digitale, ne voici pas que ces politiciens continuent à faire leurs «calculs politiques» en se basant toujours sur des formules castéistes, les profils sociologiques l'emportant sur les valeurs des uns et des autres ? Il est vrai que, sur ce point, l'opposition ne fait que répliquer la même politique menée par le gouvernement.

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Sauf qu'une fois de plus, l'illustration est faite entre le discours et la pratique politique ! D'un côté, on promet rupture, vision et rêves, et de l'autre (essentiellement en coulisses), ce sont les positions hiérarchiques, le nombre de tickets et les compromis non consentis qui gagnent ! Et il s'agit en théorie d'une plateforme censée représenter l'alternance !

Mais avant même la concrétisation de l'alliance, avant même de connaître l'issue des éventuels résultats d'un scrutin national, une hypothétique alliance bute sur la place de tout un chacun, doublée du rapport de forces avec, comme moteur, les egos surdimensionnés.

Devant tout ce cirque non divertissant, ce sont les citoyens, témoins impuissants, qui sont laissés à eux-mêmes et nourrissent progressivement un profond dégoût envers les politiques, essentiellement traditionnels.

Entre un gouvernement qui est bien parti pour battre le record des scandales - dans une ambiance de malaise général imprégné d'épisodes surréalistes au Parlement, une dernière affaire impliquant ministre, PPS et nominé politique - et une opposition plus préoccupée par le partage des tickets, quel espoir reste-t-il pour le public ?

Quel Mauricien se soucie en ce moment de qui occupera tel poste si l'opposition traditionnelle est conduite au pouvoir alors qu'il doit trouver des stratégies de survie à chaque fin de mois devant les prix croissants des denrées alimentaires ? Pendant que notre pays fait face à de nombreux défis, pendant que des jeunes travailleurs honnêtes peinent à trouver un logement à leur portée, pendant que plusieurs familles galèrent pour manger à leur faim, le principal intérêt de l'opposition parlementaire est axé sur une question de front bench !

Pile : un gouvernement qui dilapide les fonds publics, avec des pratiques de mafia, que ce soit pour l'allocation des contrats (le malheureux Kistnen en a payé de sa vie) ou des terres de l'État, qui sont confiées à des noms connectés au milieu de la drogue ; un gouvernement qui a transformé l'Assemblée nationale en un temple antidémocratique pour mieux diriger le pays en autocrate, avec une mainmise sur toutes les institutions, tout en étouffant les voix critiques !

Face : une opposition avec des leaders qui ont affaibli et sacrifié leurs propres partis sur l'autel des jeux d'alliances se révélant être un échec et qui continuent à mener leur troupe respective à une perte certaine car incapables de se renouveler et d'être en phase avec la société d'aujourd'hui ! Une opposition qui, depuis les dernières élections de 2019, n'a pu se reconstruire et dont les partis n'ont d'autres stratégies de communication que les conférences de presse hebdomadaires pour commenter l'actualité, la saupoudrant de temps en temps de promesses populistes, sans pour autant parler de manière sérieuse de grands enjeux qui nous guettent ! Une opposition dont les membres se font expulser injustement chaque semaine au Parlement et qui - à part le dernier coup d'éclat de Boolell qui a eu, salutairement, recours à la justice - doit désormais trouver des tactiques pour éviter des expulsions à l'Assemblée nationale !

Au milieu, un public qui perd ses repères en regardant toutes ces scènes dignes d'un spectacle affligeant !

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