La distribution de la méthadone se fera bientôt dans les dispensaires et mediclinics. Une mesure qui permettra de ne plus stigmatiser les adhérents à ce programme, comme en témoigne Danny Philippe, coordinateur au sein de l'entreprise sociale de Développement rassemblement information et prévention (DRIP) : «Beaucoup de gens ont un regard hostile envers ceux qui prennent la méthadone près des postes de police. Surtout depuis qu'un ministre a eu cette idée qui, selon moi, a été une grossière erreur. Maintenant, le ministre Jagutpal a pris la meilleure décision.»
C e médicament de substitution est-il efficace ? Notre interlocuteur répond par l'affirmative. «La majorité des personnes prenant la méthadone ont même un boulot», dit-il. Cependant, certains aspects doivent être améliorés. Par exemple, Danny Philippe plaide en faveur d'un encadrement particulier des autorités à ceux se regroupant souvent en petit comité.
«Ils ont besoin d'un accompagnement psychosocial. C'est ce qui manque cruellement à ce programme. Peut-être que ces gens font face à des problèmes plus graves et ont besoin de soutien», déclare-t-il. Le manque de personnel qualifié pour s'occuper de ces personnes constitue également un problème. Un besoin de formation au travail social est aussi nécessaire.
Avec la prise de méthadone dans les centres de santé, les bénéficiaires seront placés sous la supervision d'un médecin. Peut-être que cela permettra de contrôler le trafic de ce médicament sur le marché. «Quand vous voyez une trentaine de personnes foncer vers le fonctionnaire et le menacer pour prendre la méthadone, le personnel n'arrive pas à suivre individuellement chaque personne pour voir si elle a respecté le protocole. C'est-à-dire, une fois en possession du médicament, le prendre et partir.
Raison pour laquelle nous demandons aussi aux bénéficiaires d'être plus responsables», soutient le Dr Nitish Raj Sookool, Acting Officer in Charge de la Harm Reduction Unit du ministère de la Santé. Il confirme que le nombre de bénéficiaires a augmenté ces dernières années. «Le stress, la perte d'emploi, les conflits familiaux : autant de raisons pouvant être avancées pour expliquer cette hausse», souligne-t-il.
Répondant justement à une question de la députée Subhasnee Luchmun-Roy au Parlement, le ministre Kailesh Jagutpal a confié que les bénéficiaires de la méthadone sont passés de 917 en 2020 à 1 567 en 2022.