Les chefs coutumiers du secteur Imbongo, province du Kwilu, dans le sud-ouest de la République démocratique du Congo (RDC), viennent de monter au créneau. Ils optent pour une grande unité afin que ce secteur de 11 groupements et plus de 100 villages se développent sans vergogne.
Cette décision est issue d'une grande réunion qui a eu lieu, il y a quelques jours, à Kikoti une des agglomérations du territoire de Bulungu, à plus de deux kilomètres de la ville de Kikwit.
Initiée par Judith Kimata Mumenga, un des cadres au ministère de l'Enseignement supérieur et universitaire de la RDC, cette rencontre, une première en son genre, a été une occasion propice afin de réaliser une sorte d'autopsie permettant de dénicher les causes réelles qui ne favorisaient pas l'unité.
«Je suis venue pour rencontrer mes pères qui sont des chefs coutumiers afin de les sensibiliser, faire émerger l'unité et l'amour du secteur Imbongo. Cette unité et cet amour feront que de grandes réalisations deviennent palpables. Cela permettra également d'élire deux députés, c'est-à-dire un au niveau national et un autre au niveau provincial. Ces deux élus pourront défendre les intérêts du secteur Imbongo», a expliqué Judith Kimata.
Depuis 2006, ce secteur vit dans une précarité indescriptible et n'a jamais sorti un député. Pas d'université ou d'écoles modernes dans ce coin du pays. Les enfants d'Imbongo parcourent de longues distances afin d'accéder aux enseignements supérieurs ou universitaires, a constaté Kimata.
Ce contexte de précarité et de sous-développement nécessite une réflexion approfondie.
C'est pourquoi, après débats et considérations, les chefs traditionnels de ce secteur ont décidé de prôner l'unité et de l'appliquer : «Nous prônons vraiment l'unité et nous devons corriger les erreurs du passé. Nous invitons les leaders du secteur Imbongo qui sont ailleurs à être également unis et à venir visiter leur secteur d'origine. C'est le moment. Pas au moment des élections», a indiqué Kapakala Mupalanga, président des chefs des groupements d'Imbongo au nom de tous.
Selon lui, rien ne peut encore diviser tous ces groupements ou les villages. Kapakala croit à la logique de "l'union fait la force".
«Si à votre niveau comme chefs traditionnels vous prônez l'unité, qu'est-ce qui va vous empêcher de sensibiliser vos villages respectifs en vue de suivre vos pas et faire régner cette même unité ? Je vais m'évertuer de réunir tous les leaders d'Imbongo qui vivent à Kinsha et à l'étranger afin que nous puissions mutualiser nos efforts et parler d'une seule voix et le même langage», a martelé Kimata Mumenga devant les chefs traditionnels.
Quelques besoins urgents d'Imbongo
Cette rencontre de Kikoti a permis aussi d'analyser et de dénicher ce qui peut être considéré comme urgences afin que la vie de plus de 100 villages aille bon train dans l'avenir.
«Le tout premier besoin c'est l'accès à l'eau potable. Dans mon groupement, un bidon de 25 litres d'eau coute 1500 Francs congolais (environ 0.6 dollars américain). L'eau c'est la vie dit-on. Il faut construire soit des forages, soit des sources d'eau. Un autre problème ou besoin, ce sont des routes de dessertes agricoles qui sont quasiment inexistantes. Par exemple entre l'usine de Mwebe jusqu'à Mongonzala, environs sept km pas route. Aucun véhicule ou moto ne peut passer», a déclaré Yakasa Mubika, chef de groupement Muzinga.
Le problème d'eau est le dénominateur commun de tout le territoire de Bulungu.
Quant à lui, Baudouin Kimbaka, chef de groupement Mampungu, parle de centres de santé ou des hôpitaux à construire urgemment et des médicaments à ravitailler. «La santé est aussi prioritaire», affirme-t-il.
«Il est regrettable de voire la façon dont nos enfants étudient. Il faut améliorer les infrastructures scolaires. C'est un besoin urgent aussi», révèle Jules Mpolo, chef de groupement Kimbinga.
Selon des informations recueillies, une autre rencontre est prévue dans un future proche.