Centrafrique: Vie associative - Les amis de la République centrafricaine renouent avec la 'Journée centrafricaine'

À quelques mois de son dixième anniversaire, l'association Les amis de la République centrafricaine (ARC) a organisé, le 22 avril à la Maison des associations du XVIIIe arrondissement parisien, une réunion publique sur deux thèmes : " 64 ans après Barthélemy Boganda : penser la République centrafricaine" et "De la résistance à l'émancipation, parlons-en !". Une rencontre qui a permis de renouer avec l'actualité socio-politique de la Centrafrique à l'image de la conférence-débat déjà organisée il y a quatre ans.

En 2018, sur le thème "La République centrafricaine à la croisée des chemins", les intervenants à la rencontre avaient démontré que le pays était à une bifurcation et qu'il fallait choisir la bonne voie, le bon chemin, la bonne stratégie de développement.

Pour l'ARC, aujourd'hui, en 2023, force est de constater que la Centrafrique en est au même point en ce qui concerne l'insécurité, la pauvreté, la misère et le sous-développement. Dès lors, des voix s'élèvent pour protester, revendiquer et combattre l'avènement d'un diktat. D'où l'idée de "penser la République centrafricaine".

Sous la modération d'Augustin Codsa, il a été question d'évoquer différentes pistes ; non pas de soigner et de guérir, mais de se projeter vers l'avenir, de prospecter le futur.

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De ce fait, pour un des intervenants, Prosper Indo, il faut structurer la réflexion de la manière suivante : "Penser la résistance" ; "Penser l'unité nationale" et " Penser la renaissance".

À propos de la résistance, il a rappelé que « résister, c'est faire corps afin de contrer une puissance, une force extérieure », citant en exemple la résistance de 1939/40 lorsque la France a fait face à l'occupation allemande. « Mais on peut tout aussi bien citer le Vietnam, l'Algérie, la Palestine, les Antilles, la Nouvelle-Calédonie, l'Indonésie, Madagascar, le Cameroun, l'Afrique du Sud, etc. L'Oubangui-Chari y a pris sa part avec Cogolin, Ngoutidé, Kongo-wara », a-t-il ajouté, précisant qu'il s'agit dans ces cas de s'opposer à un envahisseur, une occupation territoriale, une mainmise administrative, une colonisation. Cela ne s'est pas fait sans violences, de part et d'autre.

Il a nuancé son propos car d'autres résistances se sont déroulées de manière « pacifique », c'est-à-dire sans violence armée, avec des leaders charismatiques : Mahatma Gandhi, Rosa Parks, Martin Luther King, Mohamed Ali, Barthélémy Boganda. Il s'agit de réussir à rassembler la population autour des combats pour la liberté, contre les discriminations raciales, la tyrannie instaurée par les autorités nationales, comme c'est le cas aujourd'hui en Centrafrique.

"Penser l'unité nationale", c'est partir du constat que la République centrafricaine est arrivée à un moment où il faut rassembler et non plus diviser. L'union nationale consiste ici à mettre en avant les intérêts du peuple, c'est-à-dire à faire collaborer les paysans (cultivateurs, éleveurs et pêcheurs), les artisans, les petits fonctionnaires et les cadres supérieurs du public et du privé, sur la base de principes d'équité et de dignité, pour un égal accès à l'instruction, à la santé, à l'habitat, aux transports, à l'alimentation, à la culture et aux loisirs.

« Pour cela, le pays ne peut plus se permettre d'entretenir soixante-huit partis politiques, aussi microscopiques les uns que les autres ».

Créer un vaste rassemblement démocratique

Prosper Indo a estimé que le moment était venu de créer un vaste rassemblement démocratique et populaire au sein d'un grand parti politique, animé du seul souci de l'émancipation sociale de l'Afrique noire - d'aucuns diront « socialiste ».

"Penser la renaissance" , par définition, renaître c'est naître à nouveau ; une sorte de résurrection. Pour la Centrafrique, cela revient à effacer les traces des derniers événements traumatiques qui ont bouleversé la vie de la population. Il s'agit de lui redonner de l'espoir et de la confiance dans l'avenir. Pour ce faire, il faut cultiver quatre projets : deux projets intégrateurs et deux projets fédérateurs.

En grandes lignes, il a présenté la mise en place d'un revenu d'existence tout au long de la vie qui vise à partager les rentes minières entre tous les citoyens ; la création d'une Caisse nationale des dépôts et consignations, sur le principe du « matching » où, en face de la contribution volontaire des Centrafricains de la diaspora fondée sur le montant du seuil mondial de pauvreté (1,20 Ꞓ par jour par personne), l'État s'engage à participer à hauteur du double, afin de permettre à ceux qui veulent rentrer au pays de s'installer ; la création d'un consortium de chemin de fer reliant Bangui aux océans (Atlantique et Indien) afin de rompre l'enclavement du pays ; la création d'un institut national de la langue sango, permettant à celle-ci de devenir la langue officielle et de travail du pays, aussi bien dans l'administration que dans l'enseignement et à l'international.

À l'issue de la conférence-débat, l'ARC a conclu en promettant d'être à chaque fois un espace ouvert pour des ateliers partagés à la recherche en faveur du bien-être des Centrafricains et de la population de la sous-région du bassin du Congo.

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