Mali: Les conditions ne permettent plus le maintien de la présence militaire allemande

A la suite d'autres pays, l'Allemagne a annoncé, en novembre dernier, son intention de retirer ses troupes engagées dans le cadre de la mission des Nations unies au Mali (Minusma), pays en proie depuis 2012 à une crise aux multiples dimensions. Ce retrait interviendra d'ici à mai 2024 mais Berlin se montre actuellement sceptique sur le maintien de ses soldats jusqu'à cette date, estimant que les conditions ne permettent plus qu'ils remplissent convenablement leur mission dans le pays.

Parmi les raisons qui poussent Berlin à envisager le retrait de ses troupes du Mali figure en bonne place le fait que les colonels qui ont pris le pouvoir par la force en 2020 ont rompu l'alliance avec la France et ses partenaires européens contre les djihadistes, pour se tourner militairement et politiquement vers la Russie. Bamako s'est de la sorte adjoint le concours des instructeurs de l'armée russe qui ne sont autres que des mercenaires de Wagner, un groupe russe de sécurité privé aux agissements décriés.

La junte a aussi imposé des restrictions aux opérations de la Minusma au sein de laquelle l'Allemagne compte plusieurs centaines de soldats parmi les quelque 12 000 déployés dans ce pays en proie à la propagation djihadiste et aux violences de toutes sortes. C'est la plus importante contribution occidentale, selon un rapport de la mission publié cette semaine. Ce qui n'a pas empêché les Nations unies à exprimer leur inquiétude quant à la sécurité des opérations des Casques bleus après le départ des Français, mais aussi d'autres contingents. Plusieurs pays ont déjà décidé d'arrêter ou de suspendre leur participation à la force onusienne ces derniers mois.

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« La région du Sahel a besoin de la coopération de l'Union européenne, de la communauté internationale et de l'Allemagne pour assurer la stabilité qui fait défaut ici et qui doit être rétablie et garantie », a déclaré le ministre allemand de la Défense, Boris Pistorius. « Et cela implique que nous restions en contact... », a-t-il ajouté. Une manière de vouloir dire que Berlin voudrait bien que ses soldats poursuivent leur mission dans le cadre de la force de maintien de la paix au Mali.

L'Allemagne réitère l'importance de la présence de son contingent, notamment pour les missions de reconnaissance. Fort malheureusement, ses autorités estiment que cet engagement n'est « plus possible dans la pratique depuis quelques mois ».

Berlin va poursuivre son aide au développement

« Les conditions ne sont plus remplies pour continuer à participer à la force de maintien de la paix de l'ONU (...). Mais avec le Mali, les ponts ne sont pas entièrement rompus dans le domaine militaire (...). Le pays n'est pas exclu de l'offre de formation et de conseil et trente Maliens sont actuellement en Allemagne à cette fin », a indiqué le ministre allemand. Il a affirmé la volonté pour son pays de mettre l'accent non seulement sur la formation des militaires maliens mais aussi sur celle des forces sahéliennes.

Boris Pistorius a, en outre, affirmé que l'Allemagne continue à se considérer comme un « acteur important » au Sahel. La région a besoin d'un « engagement clair » de la communauté internationale. « Nous ne voulons pas que la situation continue à se dégrader ici et que d'autres en profitent », a-t-il abondé, allusion faite aux djihadistes qui avancent dans la zone frontalière du Burkina Faso et du Niger. « Ce n'est pas l'engagement allemand qui a échoué, mais ce sont les conditions qui l'ont fait échouer », a expliqué le ministre allemand de la Défense qui vient de regagner son pays après avoir rendu visite au contingent allemand de la mission de Casques bleus de l'ONU à Gao (Nord). Il était accompagné de la ministre du Développement, Svenja Schulze. « Si nous pouvions faire ce pour quoi nous étions venus, nous resterions », a insisté Boris Pistorius, précisant que son pays compte toujours jouer un rôle important au Sahel malgré le retrait de ses soldats du Mali.

Outre l'engagement militaire, Berlin entend poursuivre son aide civile qui est effective depuis l'indépendance et demeure très appréciée. « Le message que nous voulions envoyer, c'est que même si l'engagement militaire prend fin, la coopération pour le développement continue », a dit, de son côté, la ministre allemande en charge du développement, en invoquant l'accès à l'eau ou l'agriculture. « Nous pouvons, par exemple, piloter des projets à Gao, même depuis Bamako. C'est possible, nous avons une longue expérience en la matière », a assuré Svenja Schulze.

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