Soudan: Premier bilan de l'opération d'évacuation de la France

Les évacuations au Soudan se poursuivent. La France, qui a ouvert le premier pont aérien entre Khartoum et Djibouti, a déjà assuré le départ de près de 500 ressortissants français et étrangers résidant dans le pays, en proie à des affrontements meurtriers entre les forces de l'armée soudanaise et les adversaires paramilitaires. Baptisée « Sagittaire », cette opération d'évacuation est sur le point de s'achever, selon la diplomatie française.

Depuis dimanche 23 avril, des éléments de l'armée française ont sécurisé l'évacuation de 491 ressortissants étrangers dont près de 200 citoyens français.

D'abord transportés par convoi militaire depuis Khartoum, tous ont été déposés à la base aérienne de Wadi Seidna, située à une vingtaine de kilomètres de la capitale. C'est depuis cette base que décollent les avions spécialement affrétés pour Djibouti, petit pays d'Afrique de l'Est connu pour abriter de nombreuses bases militaires étrangères.

C'est la France la première qui a ouvert le bal des évacuations par les airs, dimanche dernier, raison pour laquelle plusieurs pays partenaires l'ont tout de suite sollicitée pour prendre en charge leurs concitoyens respectifs. Parmi eux, figurent 38 diplomates et stagiaires nigériens dont le rapatriement, par les forces françaises, a été salué par le ministère des Affaires étrangères du Niger.

Après quatre rotations Khartoum-Djibouti, le pont aérien devrait opérer un dernier aller-retour, selon la diplomatie française.

La France devrait aussi apporter son aide, par voie maritime, en envoyant sa frégate Lorraine à la ville côtière de Port-Soudan. 500 passagers de diverses nationalités pourront ainsi traverser la mer Rouge pour rejoindre Jeddah, en Arabie saoudite.

« La violence doit cesser »

Alors que les opérations d'évacuation montent en puissance, les combats s'intensifient. Le bilan du bureau des Nations unies pour les affaires humanitaires fait toujours état de près de 430 morts et 3 700 blessés. Antonio Guterres, secrétaire général de l'ONU, a de nouveau partagé ses craintes, ce lundi 24 avril, d'une déstabilisation de la région, et réclamé un nouveau cessez-le-feu.

« La violence doit cesser. Elle pose un risque d'embrasement au Soudan qui pourrait envahir toute la région et au-delà », a mis en garde Antonio Guterres, devant le Conseil de sécurité de l'ONU dont il a demandé aux membres « d'utiliser toute leur influence » auprès des acteurs du conflit.

Il a assuré que l'ONU ne quittait pas le Soudan. Son émissaire, Volker Perthes, reste sur place, a annoncé Antonio Guterres avant d'indiquer, ce lundi 24 avril, que les opérations des Nations unies ont été temporairement déplacées à Port-Soudan.

Le patron de l'ONU a aussi condamné les bombardements aveugles contre les civils et il a par ailleurs indiqué qu'il était en contact avec les généraux Al-Burhan et Hemeti et rappelé qu'il travaillait en coordination avec l'Union africaine, la Ligue arabe et l'Union européenne pour promouvoir une désescalade.

Le Royaume-Uni a entretemps demandé une réunion d'urgence du Conseil de sécurité sur le sujet soudanais qui devrait avoir lieu ce mardi 25 avril. Cet organe est actuellement présidé par la Russie et justement, le secrétaire d'État américain, Antony Blinken, a dénoncé, ce lundi, la présence et le rôle du groupe Wagner, à l'occasion d'une conférence de presse conjointe avec son homologue kényan qui a, lui, critiqué le rôle joué par certains pays du Moyen-Orient. « Ce n'est pas le moment de prendre parti pour un camp ou l'autre », a dit Alfred Mutua.

La situation humanitaire, pendant ce temps, inquiète. La Croix-Rouge internationale rappelle que 70 % des hôpitaux de Khartoum ne sont plus en état de fonctionner. De nombreux civils n'ont plus accès à l'eau potable et à l'électricité et le spectre d'une pénurie de nourriture plane, alors que les bombardements et les échanges de tirs se poursuivent.

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