Ile Maurice: Les mots sont-ils accessibles à tous?

Dans le sillage de la Journée mondiale du livre et du droit d'auteur, le 23 avril, et face aux maints questionnements après trois années de pandémie et aux aléas météorologiques, la place de la lecture dans notre société est un enjeu primordial. Au-delà de savoir lire et écrire, ou encore les débats, ici comme ailleurs, sur la lecture innée, inculquée ou par mimétisme, il est crucial de comprendre le cadre pour le faire et les nouvelles pratiques plébiscitées.

Puriste ou «tech user-friendly» : que lire ?

Les puristes diront d'emblée que le livre papier se doit d'être privilégié. Néanmoins, le fait informatique a modifié ce paradigme. Une enquête, commandée en 2022 par le Centre national du livre (CNL), a voulu, entre autres, rompre avec les lieux communs comme «les jeunes ne lisent plus!». Alors que l'enquête menée par Ipsos confirme que la lecture «loisirs» chez les 7 à 25 ans a fortement chuté - surtout après 12 ans -, 84 % disent «aimer» la lecture. Ce paradoxe s'explique, en partie, par le fait que les jeunes lisent «comme ils veulent et quand ils veulent», tout en ayant un bon souvenir de la lecture à voix haute par leurs parents. 40 % ont déjà lu un livre numérique ; 59 % ont déjà écouté un livre audio ou un podcast, et internet est devenu un critère d'influence pour 29 %, avec des jeunes qui s'informent sur les livres sur les réseaux sociaux.

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Corinne Fleury, dans l'express du 17 avril, disait : «Le goût du livre s'acquiert par des temps de lecture à haute voix à la maison, par l'emprunt des livres à la bibliothèque, par faire confiance aux enfants en les laissant lire ce qu'ils souhaitent, manga, comics et BD.» Nous en avons parlé à sa fille, Ambre, et à son neveu, Jérémie, qui souhaiteraient, pour l'une, travailler dans l'animation de dessins animés et, pour l'autre, devenir programmeur.

Ambre nous a confié : «Mon goût de la lecture vient de ma mère qui me lisait Chamalo dans le bain. Elle me donnait des livres, jusqu'à mes sept ans. Maintenant, quand j'entends parler d'un livre, je l'achète. J'aime particulièrement les romans et les BD d'aventure, surtout quand il pleut.» Jérémie, féru de livres d'aventure et de mangas, explique : «Mon envie de lire est venue de ma tante Jeannine qui me lisait Le bon samaritain quand j'étais petit. Aujourd'hui, je lis quand je m'ennuie. Mais les lectures de l'école sont une corvée, comme les pièces de théâtre.»

Quelles initiatives à Maurice ?

Selon la Banque mondiale, le taux de «adult literacy» - «the percentage of people ages 15 and above who can both read and write with understanding a short simple statement about their everyday life» - à Maurice était, en 2021, de 92,15 %, en baisse de 1,01 % comparé à 2016. Pourtant, il y a aussi une tout autre réalité. Un enfant qui peine à lire est souvent en marge du microcosme de la classe, tel Pluton éjecté du système solaire. Dans la voie lactée du système éducatif, ne pas être une planète mais un ovni est pour certains une tare. Le cadre socio-démographique, l'accès facile aux livres ainsi qu'un environnement familial propice sont incontestablement des circonstances atténuantes. Mais que faire en cas de carences, voire d'échec ?

Pour Sandrine Ah-Choon de Lovebridge : «Pouvoir lire et écrire est une nécessité dans tous les aspects de la vie. Non seulement pour trouver du travail mais pour être un citoyen autonome. D'autant plus qu'aujourd'hui, tout, ou presque, est numérisé. Nous devons donc aller encore plus loin et être technology literate. Ceci n'est pas possible sans avoir, au minimum, une notion de base en lecture et en écriture.» L'ONG propose, à cet effet, un accompagnement holistique à plus de 400 familles - éducation, emploi, logement, alimentation, santé et pilier psychologique MASCO (motivation, attitude, savoir-faire, courage). Actuellement, ses interventions sur le terrain portent prioritairement sur l'éducation pour promouvoir l'empowerment des jeunes.

De même, comme le partage Priscille Noël, Sustainability & Inclusive Development Manager chez Rogers : «Chaque enfant mérite une éducation de qualité. C'est pourquoi le programme social d'Heritage Villas Valriche soutient le projet de petit-déjeuner de Caritas, à Bel-Ombre, qui fournit une alimentation saine et équilibrée à une cinquantaine d'enfants du primaire. Aller à l'école le ventre plein est en effet essentiel à une bonne éducation.»

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