Elle est d'une richesse énorme. Son microclimat permet aux habitants de produire différentes cultures grâce au fleuve Sambirano. Capitale du cacao, Ambanja joue un rôle prépondérant dans l'économie de la région Diana.
Cette contrée est également un carrefour culturel où siègent les Sakalava Bemazava. Un groupe humain qui a son propre souverain, Tsiaraso IV le gardien traditionnel qui a toujours son mot à dire même si la modernité a presque entièrement envahit le coeur de la population locale.
Une royauté à part
Le royaume de Bemazava a fait couler l'encre des érudits, notamment les historiens, les anthropologues, les sociologues. Son emplacement et l'évolution de son urbanisation sont des héritages laissés par les aïeux quoique la période coloniale ait façonné son ossature. Néanmoins, la région Sambirano a une figure complexe, tantôt urbaine, tantôt rurale, elle modèle la mentalité des autochtones. Ambanja n'est pas une ville récente comme certains l'imaginent. Conservant des vestiges du passé, en l'occurrence Mahilaka. Cette zone située à l'ouest de la capitale Bemazava a été très active au début du Xème siècle. Comptoir de commerce, le fer y a été forgé. D'ailleurs, l'archéologie témoigne l'envergure de cet endroit. Pourtant, une frange d'intellectuels locaux connaît l'importance de ce patrimoine détérioré. Toutefois, cette fierté historique se voit sur le visage des Sakalava Bemazava. Leur façon de marcher, leurs expressions justifient la valeur qu'ils portent dans leur esprit.
La longévité
Durant la période coloniale, Ambanja et ses environs ont été destinées à la culture de rente. Le cacao, le café envahissent les champs. Dès lors, spoliées par les colons, les terres, autrefois consacrées à la culture vivrière, sont progressivement occupées par les concessionnaires étrangers. Du reste, la structure sociale a pris une autre dimension. La vie quotidienne suit le rythme économique. Par contre, le culturel reste inébranlable. Les colonisateurs en bon terme avec les roitelets de région laissent ceux-ci pratiquer leur rituel. Suite à l'allégeance du souverain Bemazava envers l'administration coloniale, et le fait que celle-ci soutire un avantage, elle laisse croire aux autochtones qu'elle n'est pas venu déraciner leur culture. La collaboration est strictement économique. Sous un autre angle, les colonisateurs s'appuient sur le souverain pour gagner le coeur du peuple pour éviter l'émancipation. Ce système capitaliste extraverti est l'un des facteurs de la pérennisation du règne Bemazava.
Ambanja a sa spécificité. La fluctuation des périodes depuis le Xème siècle a marqué son caractère. La ville a toutefois préservé sa personnalité, ce qui dément l'adage « Sambirano a une mentalité figée, la région n'a jamais connu le développement ». Comme son fleuve, elle est en perpétuelle mouvement...