Afrique de l'Ouest: Musiques - En Côte d'Ivoire, comment le rap local a supplanté un coupé-décalé en perte de vitesse

Le rap est à l'honneur de l'édition 2023 du Festival des musiques urbaines d'Anoumabo (Femua) qui débute ce 25 avril à Abidjan. Une variante de ce genre musical, le rap ivoire, est devenue particulièrement populaire en Côte d'Ivoire, au point d'y supplanter un coupé-décalé en perte de vitesse ces dernières années.

La quinzième édition du Festival des musiques urbaines d'Anoumabo (Femua) débute ce 25 avril 2023 à Abidjan en Côte d'Ivoire. Le Femua, dirigé par le leader du groupe Magic System, A'Salfo, est devenu au fil des ans un rendez-vous incontournable de la musique ivoirienne.

En 2023, le rap est à l'honneur avec les concerts de Didi B, Booba, KS Bloom ou du Congolais Alesh. Après les années fastes du coupé-décalé dans les décennies 2000 et 2010, le rap ivoire est devenu le genre le plus influent et dynamique du pays.

Porté par ses deux figures emblématiques, Didi B et Suspect 95, le rap ivoire a explosé ces cinq dernières années jusqu'à dominer les autres genres en termes d'influence et de dynamisme de la production.

« Une chose est sûre, on vit l'âge d'or du rap ivoire »

Avec la montée en puissance du rappeur Didi B, qui s'est lancé dans une carrière solo à partir de 2020, le rap ivoire a peu à peu gagné en influence. Son album History est le plus écouté de la plateforme Boomplay en 2022, tout comme sa chanson « Tala ».

Pour des lycéens, en pleine partie de basket dans le quartier de Cocody, le rap ivoire est porté par ses deux représentants phares. « Quand tu écoutes Didi B, tu trouves que Didi B est le mieux. Quand t'écoutes Suspect, tu trouves que Suspect est le mieux. Donc entre les deux, il y a match », estime l'un d'entre eux.

« C'est le rap ivoire qui domine, parce que c'est ça que tout le monde écoute actuellement », souligne un autre.

Le premier ajoute : « Les Ivoiriens sont venus avec le maïmouna, le maïmouna domine plus le rap. Arafat n'est plus vivant, il est mort, donc le coupé-décalé est mort. »

Je ne parlerai pas de mort du coupé-décalé, plutôt une perte de vitesse qui s'accélère tout simplement parce qu'il n'y a pas de renouvellement et il n'y a pas d'artistes qui soient arrivés avec une proposition suffisamment forte.

Paola Audrey Ndengue, fondatrice de l'agence Pannelle et experte des industries créatives africaines

François Hume-Ferkatadji

Le décès en 2019 de la figure emblématique de la pop-musique ivoirienne DJ Arafat, représentant des années coupé-décalé, a signé la fin d'une époque musicale. Mais avec le maïmouna, un sous-genre du rap ivoire, le coupé-décalé a laissé sa trace dans l'industrie musicale. Suspect 95, rappeur ivoirien, confirme : « Une chose est sûre, on vit l'âge d'or du rap ivoire, parce que là, on est sur tous les fronts : on est sur le front rap pur, et bizarrement, on est aussi sur le front rap ambiancé qui peut se jouer en club. Il y a des mélos, on occupe tous les terrains. Donc, là, je pense qu'on ne peut pas être mieux : c'est l'âge d'or. »

Le chanteur sort lui aussi son premier album le 9 mai prochain. Un opus très attendu par son million de suiveurs sur les réseaux sociaux.

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