Depuis que les postes aériennes remplacent les courriers à pied ou à cheval, l'image voyageuse permet de mieux connaitre un pays à travers ses traits particuliers. Tel le zébu ou le ravinala pour Madagascar. Bien avant la colonisation, la première édition de vignettes postales est réalisée par les Anglais.
Le dessin représente un tsimandoa, messager portant sur l'épaule un bâton aux extrémités duquel sont attachés des paquets contenant la correspondance. Il y a ensuite les timbres mis en service, peu en rapport aux caractéristiques de la Grande ile. Il faut arriver en 1903, pour voir des timbres ornés de sujets locaux. À commencer par la série des zébus, dont la première vignette représente un boeuf en bas à gauche, le ravinala au centre, et à droite, un lémurien près d'une pierre levée avec comme fond des montagnes. C'est en fait le résumé des principales particularités du pays : son reflet accidenté, des plantes endémiques ou presque, des animaux utiles ou remarquables, les moeurs des habitants.
En 1908, apparait une nouvelle série, dont le timbre appelé « Transport en filanjana ». Au premier plan, sur une piste montante, se trouve un Vazaha (Blanc) au casque colonial militaire sur un palanquin, porté par quatre Malgaches. Etre porteur de filanjana constitue une profession spéciale, celle des bourjanes. Pour beaucoup, ces hommes sont natifs du Sud-Est, de robuste constitution, gais compagnons dont les chants cadencent le pas. Mode de transport ancien, il est peu à peu remplacé par le pousse-pousse, puis par l'automobile. Au second plan, une locomotive et quelques wagons sortant d'un tunnel de la voie ferrée Toamasina-Antananarivo, commencée en 1901 et terminée en 1913.
Elle marque le progrès. En 1930, une nouvelle édition comprend quatre jeux, dont trois représentent des têtes de différents groupes ethniques et le quatrième un attelage de boeufs. La première vignette montre la figure d'un Bara, « facilement reconnaissable par la coiffure en pomme de terre, la barbiche et l'ornement frontal ou felana ». Ce bijou est un coquillage qui sert d'ornement aux Sakalava et dont les fabricants sont des Vezo établis à Saint-Augustin qui les cèdent aux Indiens. À leur tour, ces derniers les revendent au prix fort aux Malgaches.
Le second timbre représente la tête d'une Betsileo, ornée de la coiffure kitato an'ila (trois de chaque côté). La réalisation de cette coiffure est compliquée et exige une journée entière, mais elle reste en forme plus d'un mois. Les Malgaches accordent une grande importance à la coiffure, comme l'affirme un proverbe : « Une femme qui ne sait pas se coiffer, ne sait pas se conduire elle-même et n'est pas digne de diriger sa vie. » Le timbre du type Jeune fille hova est entouré de palmes du ravinala. L'image gravée n'est pourtant pas du genre merina car « elle montre un nez aplati, épaté, des lèvres épaisses, proéminentes, et le buste nu. Elle se rapproche davantage du type Betsileo ou Tanala ». L'attelage de boeufs représente le zébu de trait avec son conducteur coiffé du grand chapeau de paille à larges bords.
L'industrie chapelière connait un grand essor dans la Grande ile et un grand nombre de végétaux sont utilisés. Certaines pailles servent à la fabrication de chapeaux finement tressés, « trésor à la mode en Europe » et rivalisant avec les Manille ou Panama. On peut aussi citer le timbre Gallieni (1931) qui contient l'ancienne statue équestre d'Ambohijatovo, érigé en 1923, et enlevé après 1975. On y voit aussi le Palais de la Reine. Ce dernier monument orne d'ailleurs le timbre-taxe de 1908, se retrouve sur les vignettes publicitaires de la première Foire de 1923, et accompagne la figure énergique de Jean Laborde dans l'édition de 1938. Enfin, l'aviation, une des dernières manifestations du progrès durant la colonisation, marque aussi son empreinte. En particulier, l'édition des enveloppes de bienfaisance de l'Aéroclub qui portent le cachet spécial « Tour de Madagascar en avion », raid effectué du 20 au 29 octobre 1935, et les oblitérations indiquent la succession des étapes.