Afrique de l'Est: Le Gouverneur dénonce la reprise de certaines positions par le M23 - Le commandant de l'EAC se dit prêt à mourir pour la paix en RDC

Les propos du commandant de la force régionale de la communauté des États d'Afrique de l'Est, le général Jeff Nyagah, ont laissé perplexes bon nombre de Congolais.

Un officier général étranger prêt au sacrifice suprême pour le retour de la paix dans un pays qui n'est pas le sien ; de surcroit la République démocratique du Congo. Au cours de la conférence qu'il a tenue samedi 22 avril dernier au QG de cette force de l'Afrique de l'Est, le général kenyan de l'EAC, sans détours, déclare : «S'il faut mourir pour que la paix revienne en RDC, s'il faut verser mon sang et celui de mon adjoint Emmanuel Kaputa, je suis prêt, prêt à me sacrifier».

Cette prise de position du commandant kenyan survient alors que la réunion des chefs d'état-major et celle des ministres de défense de l'Afrique de l'Est, ont été reportées sine die. Le Rwanda s'est opposé à la tenue de ces rencontres à Goma craignant la sécurité de ses délégués. Des manoeuvres dilatoires d'un voisin aculé qui refuse de respecter les plans de Nairobi et de Luanda.

Le mandat de la force de l'EAC s'est achevé depuis le 31 mars dernier. Il est question de le renouveler. Mais avant, les parties concernées doivent passer en revue ce qu'a été le premier mandat de cette force en République démocratique du Congo. L'opinion congolaise a estimé que l'EAC a été complaisante avec le M23. La RDC a besoin d'une force dont la mission doit clairement être comprise par toutes les parties. Le deuxième mandat de l'EAC ne doit nullement ressembler au premier.

La force régionale doit cette fois-ci exercer un mandat offensif pour éradiquer les groupes armés, et principalement les rebelles du M23 soutenus par le Rwanda voisin. Pour ce, le général kenyan reconnait que la force se déploie dans plusieurs localités jadis contrôlées par les rebelles du M23, qui s'y retirent en même temps mais de manière partielle.

Le Gouverneur du Nord-Kivu contre-attaque

Le gouverneur militaire du Nord-Kivu, le général Constant Ndima n'y est pas allé par quatre chemins pour dénoncer le même samedi du 22 avril à Goma alors qu'il animait conjointement avec le commandant de la force régionale de l'EAC, la reprise par le M23, de certaines positions qui étaient dégarnies dans quelques localités des territoires de Rutshuru, Masisi et Nyiragongo et ce, malgré le déploiement des troupes de l'EAC.

Cet officier général des FARDC n'a pas caché son regret, de voir le M23 reprendre, quelques positions qu'il avait abandonnées, il y a quelques jours dans certaines localités du territoire de Rutshuru. «Curieusement, les contingents se sont déjà déployés. Mais, au moment où je vous parle, nous constatons aussi qu'il y a reprise des positions. C'est ce que nous disons, ce n'est pas conforme au mémorandum d'entente et aussi à la décision du communiqué de Luanda. La population semble être déçue avec le déploiement et l'exécution de la feuille de route de Luanda. Nous constatons que la feuille de route n'est pas tellement respectée à la lettre ».

Entretemps, les Congolais commencent à se lasser de cette force de l'Afrique de l'Est. Ils s'opposent à une éventuelle prorogation du mandat des forces de l'EAC. Le Comité laïc de coordination (CLC) l'a déclaré, vendredi 21 avril dernier. Cette structure associative des chrétiens catholiques a manifesté cette opposition dans une correspondance adressée au gouverneur de cette province.

Dans cette lettre, le CLC rappelle que le mandat de la force régionale de l'EAC a expiré depuis le 31 mars dernier. Il s'interroge donc, sur quelle base juridique qui permet à l'EAC de se maintenir sur le sol congolais au-delà du délai légal.

Le coordonnateur urbain du CLC à Goma, Jackson Kitambala a estimé que le mandat de la force régionale ne peut être prorogé que s'il est offensif : « Aucune prorogation ne doit être acceptée, si ce mandat n'est pas offensif et clair. Parce que des mandats flous parviennent toujours à nous mettre dans une situation de confusion. Le déploiement des FARDC dans les zones abandonnées par le M23, doit être clairement énoncé dans le mandat ». Il a rappelé qu'aucune négociation politique, spécifique ou spéciale, avec le M23 ne sera tolérée.

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