Ce titre de l'ouvrage de Guy Sorman, essayiste français, paru en 2008, colle si bien à la situation actuelle de la RDC.
A la faveur de la rupture, par le Président Tshisekedi, de l'accord politique qui le liait au FCC, un nouveau gouvernement a été mis en place, avec le dithyrambique titre de Warriors (guerriers, sic). Ce gouvernement, bien que visiblement faible, tant en expertise de ses membres qu'en vision stratégique de piloter l'économie nationale, a brillé, à ses débuts, par des déclarations pompeuses.
En lieu et place d'un travail de continuité sur base de ce qui leur a été légué par le gouvernement Ilunga Ilunkamba, le gouvernement des Warriors a voulu faire tabula rasa, bien que bénéficiant d'un cadre macroéconomique stable lui légué. On se souviendra que malgré la pandémie à covid--19, le taux de change du FC par rapport au dollar était resté stable durant les vingt mois d'exercice du précédent gouvernement. De même qu'en dépit de cette crise subséquente à la situation sanitaire, le taux d'inflation était aussi stable. La hausse générale des prix des biens et services ne dépassa guère la fourchette de 5%. Pas non plus d'arriérés de paiements en faveur des fonctionnaires de l'Etat, ni de rétrocessions aux régies financières, pourvoyeuses de recettes publiques.
Au plan financier, ce gouvernement n'avait contracté aucune dette intérieure ou extérieure, restant dans le souci d'éviter aux générations futures un surpoids d'une dette qui ne leur profitera pas.
Hélas, le ministre des Finances, Nicolas Kazadi, aussitôt nommé, dans les conditions et pour des raisons bien connues de tous, a commencé par briller au plan médiatique, sur base d'un tissu de mensonges sur les recettes qui ont effectivement commencé à croître en 2021. Bien entendu, sans aucune intervention gouvernementale, moins encore de la fameuse boîte à résonner, l'IGF. Il faut noter qu'après la pandémie, l'économie mondiale, revenant avec un niveau de consommation élevée, les cours des matières premières se sont envolés, notamment pour le cuivre et le cobalt, deux principaux produits d'exportation de la RDC.
En plus, le régime passé, contre les pressions du lobby financier international, avait promulgué un nouveau code minier ayant revu à la hausse les taux des droits et taxes à payer sur les minerais congolais. Le temps de délai de grâce passé, les nouvelles dispositions devaient entrer en vigueur en 2021.
L'occasion faisant les larrons, dit-on, les recettes publiques, sous les effets combinés de ces deux facteurs, ont connu une forte croissance. Rien à voir avec des réformes économiques et fiscales, qui auraient eu pour conséquences l'élargissement de l'assiette fiscale, et l'accroissement du taux de pression fiscale, encore faible en RDC, comparé à la moyenne de l'Afrique subsaharienne. Plutôt que de faire preuve de modestie, Kazadi, s'est attribué le titre pompeux de "l'homme des recettes". Soit ! Toutefois, la gestion budgétaire d'un Etat ne se limite pas au volet recettes. Il faut une gestion rigoureuse des dépenses, pour notamment garantir un équilibre budgétaire, nécessaire à la stabilité de l'économie nationale.
Hélas! Le Ministre Kazadi, insatisfait des rétrocommissions instituées comme mode de gestion pour tous les paiements des dépenses publiques, s'est aussi engagé dans des dépenses tous azimuts, pour satisfaire ses parrains politiques, et financer aussi à l'occasion ses propres dépenses somptueuses, en totale déconnexion avec les lignes budgétaires votées par le Parlement. Il n'a pas fallu longtemps, pour que la vérité éclate au grand jour. En un laps de temps, il a épuisé les recettes mobilisées, y compris les appuis budgétaires, produit du programme de référence mis en oeuvre par le gouvernement Ilunga. Et cela, sans se soucier des dépenses contraignantes de l'Etat que sont les rémunérations, les transferts aux provinces, aux régies financières, et bien d'autres.
Alors, tout éclate au grand jour. Le vaste tissu de mensonges mis en place par ce ministre, relayé par ses séides, sur coups d'être intégrés dans la pratique des rétrocommissions, du reste, reconnues par le Chef de l'Etat, au début de son mandat, comme étant légales et normales. Nous sommes en face d'une situation d'anomie.
Quel temps ! Quelles moeurs ! Nonobstant ces cris vagues et creux, les Warriors se sont faits rattrapés par la des chiffres. Et alors, le ministre des Finances, l'homme des recettes, reprit d'endetter le pays, probablement en contradiction avec son niveau de PIB, référentiel cher au FMI. Pire, l'endettement actuel finance la consommation, plutôt que l'investissement.
Hors, la justice inter générationnelle aurait préconisé de financer des investissements qui vont bénéficier aux générations futures, appelées à faire face au service de la dette.
Une gestion de navigation à vue. Où sont donc passés les pertinents instruments de gestion budgétaire, servant de glissière de sécurité pour éviter les affres que le pays subit actuellement ? Où est passé le FMI, pourvoyeur et gendarme ? Où est passé le Parlement, autorité budgétaire, sur papier, mais assujetti à la mendicité et aux loisirs selon le bon vouloir du Ministre Kazadi. Où sont passées toutes les institutions censées encadrer les recettes et les dépenses ?
En réalité, les institutions publiques sont happées par la philosophie de Panem et circenses (le pain et le loisir, concept pensé par l'écrivain romain du premier siècle, Juvenal).
Mentez, mentez, il restera toujours quelque chose. Let's wait and see. L'économie ne ment pas !